Post-covid : après l’explosion des ventes alimentaires en circuits-courts, l’essoufflement des clients se fait sentir

La crise du coronavirus et le confinement obligatoire avaient boosté les ventes directes de produits fermiers et locaux, faisant croire à un changement d’habitude des consommateurs. Mais tous ne sont pas restés fidèles après le déconfinement. Voici quelques explications.

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Deux mois après le déconfinement, force est de constater que l’engouement des consommateurs pour les produits locaux est retombé un peu comme un soufflet. La crise du coronavirus, le confinement et la peur d’être contaminés ont favorisé le développement des drives fermiers, des magasins de producteurs et même les ventes directes à la ferme. Mais une fois le déconfinement du 11 mai 2020 annoncé, la grande majorité des clients ont repris leurs habitudes.

Les magasins de producteurs ont gardé quelques fidèles

Une situation qui n’étonne pas Yannick Ladonnet, producteur laitier dans les Vosges, et fondateur du magasin de producteurs la Revoyotte, aux Forges, près d'Epinal.

"A chaque crise sanitaire, nos ventes font un bond, mais sitôt la crise passée, cela se calme. C’était exactement pareil avec l‘affaire des lasagnes à la viande de cheval, on les rassure"

Yannick Ladonnet, éleveur et producteur de lait (Vosges)

Mais Yannick Ladonnet n’est pas pessimiste pour autant, bien au contraire ! Car si les ventes de produits lorrains ont augmenté de plus de 60 % au mois d’avril, en pleine crise de la COVID-19, 25 % de cette nouvelle clientèle est restée pour le moment. "Si les clients ne reviennent pas au magasin, c’est sans doute plus une question de coût, plutôt que d’horaire", explique-t-il. 
"Les gens ont toujours du mal à comprendre qu’un produit fermier de qualité se paye plus cher qu’un produit de supermarché subventionné par la PAC, et qui vient de l’étranger", rajoue-t-il. "Souvent, ils préfèrent économiser sur la nourriture, pour s’offrir plus de loisirs ou le dernier Iphone. Ceux qui restent, ce sont ceux qui ont compris cela, ou qui se préoccupent de leur santé".

Les drives fermiers ont ralenti

Si la chute est relativement douce pour les magasins de producteurs, car leur progression augmente chaque année de 10 à 15 % en moyenne,  elle est en revanche beaucoup plus dure pour les drives fermiers. En Meurthe et Moselle, les "Emplettes Paysannes" ont été littéralement débordées pendant la crise du coronavirus, avec une envolée des ventes, jusqu’à six fois plus en avril que sur le reste de l’année.

 Pendant le confinement, on préparait près de 600 paniers chaque jeudi, pour les livrer à Ludres, Toul, Tomblaine, et Laxou. Aujourd’hui on est à 250

- Jean-Luc Bottin, Président du drive fermier "Emplettes paysannes" (54)

Dans l’urgence, les agriculteurs du département de la Meurthe-et-Moselle ont dû se réorganiser pour répondre à la demande. Une adaptation facile pour les grosses exploitations mais plus difficile pour les petits producteurs comme Muriel Moinard, productrice de viande d’agneau.

"Je suis en rupture de stock, et je ne peux pas faire pousser des agneaux plus vite, je vais donc arrêter les marchés pour l’été. Certains clients ont du mal à l’entendre. De la même façon, ils s’attendent à pouvoir manger des légumes et des fruits d’été dès les mois de mai et de juin, mais en Lorraine, les courgettes et les tomates arrivent bien plus tard sur nos étales, et nous, on ne vend que nos productions, on ne fait pas de "rachat-vente".
C’est sans doute une partie des raisons pour lesquelles certains des nouveaux adeptes des circuits courts pendant le confinement, ont fini par déserter les drives fermiers et les ventes directes à la ferme. Au supermarché, on trouve de tout, tout le temps, et tout de suite. Nul besoin de se déplacer dans plusieurs fermes, ou de s’obliger à se rendre tous les jeudis au drive pour collecter son panier.

Mais là encore, les membres du réseau « Saveurs Paysannes » de Meurthe et Moselle sont optimistes, car environ un tiers des nouveaux clients continuent de venir chercher leurs paniers les jeudis.

Quant à celui crée en Moselle, par la Chambre d’Agriculture, tout spécialement pour répondre à la demande des consommateurs pendant la crise du coronavirus, il perdure encore aujourd’hui, même si les livraisons, là aussi, ont nettement baissées.
 
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