Réforme du bac : des professeurs et des élèves du lycée Meck de Molsheim inquiets avant les épreuves de contrôle continu

Les premières épreuves du contrôle continu du nouveau bac, les E3C, ont démarré ce lundi 20 janvier. Les établissements ont un mois et demi pour les organiser en classe de première. A Molsheim, elles sont planifiées dans deux semaines sans grande sérénité côté élèves et enseignants.

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Les élèves de première connaissent un mois de janvier 2020 particulièrement chargé avec des épreuves d'histoire de maths ou d'anglais. Et naviguent en terre inconnue puisqu'ils sont les premiers à passer ces fameuses E3C, les contrôles continus du nouveau baccalauréat. Trois sessions d'épreuves en deux ans qui compteront pour 30% de la note finale.

Et les dents grincent à tous les niveaux. Enseignants, élèves, parents d'élèves, de nombreuses voix se font entendre contre cette réforme du bac ou tout du moins sa mise en oeuvre. Exemple au lycée Meck de Molsheim. Les élèves en classe de première passeront les épreuves d'ici deux semaines. Nous avons recueilli leur ressenti à l'aube d'expérimenter les premiers ce nouveau bac.
 

 

"On est informés sur rien!"

Aurèle est en première STG et fait partie des plus remontés. "On est informés sur rien, les dates des épreuves nous ont été annoncées il y a une semaine seulement, on ne fait pas d'exercices, bref on n'est pas préparés", peste-t-il ouvertement. "Après, la réforme en elle-même me convient, plus de contrôle continu ça veut dire une meilleure répartition du travail et c'est plus juste au niveau notation", reconnaît-il. C'est l'organisation qui pêche donc.

Ce que confirme Corentin. "Pour l'instant c'est compliqué, on ne sait pas trop ce qu'on doit faire, les profs non plus d'ailleurs. Sur le principe je ne suis pas contre, on a plus de choix mais vu qu'on est les premiers à l'expérimenter c'est compliqué". Beaucoup ont en effet l'impression de servir de cobaye. Certains autres sont résignés comme Lisa et Suzon, en première générale. "C'est vrai qu'il n'y a pas eu de communication entre l'Etat et les profs mais de toutes façons on n'a pas le choix. Les profs ne savaient pas trop sur quoi nous interroger mais ça impliquera sans doute de l'indulgence à la correction et c'est tant mieux. Tant que les profs ne boycottent pas!"

Des élèves inquiets et donc leurs parents forcément aussi. Xavier Schneider est président de la FCPE (syndicat de parents d'élèves) et demande l'annulation des épreuves. "C'est totalement injuste, inégal sur le territoire français, déplore-t-il. Dans certains endroits, les sujets sont connus des élèves, ailleurs les épreuves ont été annulées. Et je ne parle pas de la numérisation des copies. Les élèves ne peuvent utiliser ni crayon de papier ni effaceur!"
 
 

Grosse fatigue

C'est vrai que côté enseignant, la pilule est particulièrement difficile à avaler. "La surcharge de travail est énorme, nous sommes exténués", raconte Lucienne Wyatt-Enette, enseignante en anglais. "Je ne prends plus ma voiture par crainte d'un accident tant je suis fatiguée. Le pire c'est qu'on n'a pas de réponse à donner aux interrogations de nos élèves, on est censés les rassurer et on ne peut pas le faire. C'est vraiment dommageable parce que sur le fond, il y a plein de bonnes choses dans cette réforme, je suis plutôt pour du contrôle continu mais la mise en place de cette réforme et beaucoup trop précipité, sans aucune préparation!", regrette la jeune femme. 
 

Un courrier au rectorat

Alors les enseignants se sont réunis en assemblée générale ce lundi 20 janvier et ont écrit un texte qu'ils ont envoyé à la rectrice d'académie. Ils y dénoncent "une préparation dans la précipitation" mais aussi "une rupture d'égalité entre les candidats soulignant l'absence de barême et de corrigés nationaux, les sujets à difficulté variable, les consignes de correction inégales ou encore les fuites de sujet dans certains établissements", entre autres. "On pense que le bac est complètement dévalorisé avec ce type d'organisation, on va avoir des épreuves locales, sans garantie d'éthique, notre ministre se moque de nous, déplore Jean-Michel Dode, professeur de mathématiques. et je ne parle même de la rémunération, c'est une obole (50 euros bruts, NDLR), ça prouve toute la considération du ministre pour ses troupes", ajoute-t-il.

Les enseignants du lycée Meck de Molsheim se retrouvent à nouveau ce soir, mardi 21 janvier, pour décider de la suite à donner. Pourquoi pas des actions visant à empêcher la tenue des épreuves. Ce qu'ils réclament en tout cas, c'est l'annulation pure et simple au niveau national des ces premières épreuves du nouveau bac.
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