REPLAY - "On préférerait tous écrire des lettres d'amour" : 3 raisons de découvrir Pierre, un écrivain public attachant

Cela va du dégât des eaux au risque d'expulsion. Pierre est de tous les dossiers, de toutes les solutions. Bénévole, retraité, il est écrivain public à Beauvais (Oise). La caméra de Juliette Touin l'accompagne discrètement lors de ses entretiens avec les personnes qui le sollicitent.

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"Assieds-toi mon ami !" C'est ainsi qu'il accueille une bonne partie des personnes qui viennent le solliciter. Il les connaît par leurs prénoms et retient chaque détail de leurs vies. Car Pierre est écrivain public et remplit à la place des personnes qui viennent le voir documents administratifs et courriers délicats. On préférerait tous écrire des lettres d'amour est un documentaire de Juliette Houin, tout en délicatesse et pointillés, à voir en replay. Voici trois bonnes raisons de le regarder.

1. Parce qu'on n'imagine pas l'étendue du savoir de l'écrivain public

Savez-vous à qui vous devez vous adresser, en premier lieu, en cas de litige avec votre dentiste ? Connaissez-vous les recours dont vous disposez quand un fonds de pension vous réclame un document que vous n'avez pas ? Etes-vous capable d'avoir un échange en anglais avec un ressortissant étranger pour le sortir d'une situation inextricable ?
Pierre, écrivain public senior et bénévole sait parfaitement mener à bien tout cela et bien plus encore. Sans ordinateur, sans internet, et sans relâche, il rédige missives et courriers pour assister les personnes qui viennent le solliciter. D'emblée, il sait à quelles portes frapper et comment tourner les phrases pour obtenir réparation sans menacer ni juger. A celle qui s'étonne qu'il écrive au crayon de papier, à l'ancienne, il répond sans se départir de sa malice, qu'il fait ça pour ne pas se tromper et pour avoir le plaisir de gommer ensuite. Une façon comme une autre de faire sourire ses interlocuteurs.


2. Parce derrière l'écrit se révèlent les vies

Pierre assure ses permanences d'écrivain public dans une maison de la jeunesse et des initiatives (Maji) au cœur du quartier Argentine de Beauvais (Oise) et dans un coin du hall de l'hôpital Simone Veil. Il y vient en bus; il rentre parfois à la nuit tombée. Il pourrait profiter de sa retraite de professeur, mais non chaque lundi et vendredi il est à l'hôpital et les autres jours à la Maji. Parfois il n'y a personne et parfois la salle d'attente est pleine. Parfois, en attendant leur tour, des échanges s'engagent entre les personnes qui patientent. Parfois pas. Mais toujours, tous,  se livrent à Pierre. Dans une confiance totale, ils lui racontent leurs soucis de santé, leurs petits ou gros ennuis qui nécessitent une démarche quelconque. A force de voir et de revoir les gens du quartier, Pierre les appelle par leurs petits noms et se plaît à montrer qu'il se souvient, qui, de son lieu de naissance, qui, de son adresse ou de l'orthographe exacte d'un nom de famille compliqué. "Il sait par cœur mon nom, il n'y en a pas beaucoup qui y arrivent" se félicite une dame auprès de son amie qui l'accompagne.


3. Parce que l'écrit est un prétexte

La réalisatrice ne dit rien de la vie de Pierre. A-t-il une famille qui l'attend ? Fait-il cela pour tromper le temps ? Aucune importance en réalité. Car le héros de ce documentaire, c'est Pierre sans être tout à fait Pierre. C'est la relation qui le lie avec toutes ces personnes qui ont un peu ou beaucoup besoin de lui. De son crayon ou de son savoir, de sa présence et de sa chaleur. Car il est chaleureux Pierre. On soupçonne même un peu Abdelhahafid de venir pour un oui ou pour un non, juste pour le plaisir de se voir.
Pierre comprend à demi-mots les difficultés qui se jouent derrière les quelques phrases balbutiantes. Il comprend et parle un peu toutes les langues : l'anglais, avec l'émigré en situation irrégulière, quelques mots d'espagnol ou de portugais par-ci par-là. Et il vibre aux noms des villes de naissances des administrés, souvent venus de l'autre côté de la Méditerranée. Ah! Le plaisir de recevoir une carte postale qui vient d'ailleurs, du pays des "amis" qui pensent à lui. C'est sa façon de voyager, de rencontrer l'humanité au pied de sa cité. Une cité qui sait lui rendre l'humanité qu'il transmet et lui lâche, au détour d'un dossier "Heureusement que vous êtes là; on est content de vous." Compliment qu'il s'empresse de recouvrir par une humble et délicate réponse.
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