Reprise en main, perte de poids, défi : ces Alsaciens qui stoppent leur consommation d'alcool pour le "dry january"

Si apéros et repas de fêtes sont forcément moins nombreux en ce mois de janvier 2021 placé sous le signe du couvre-feu sanitaire, le "dry january" fait des adeptes jusqu'en Alsace : même au pays de la bière et du vin blanc, certains sont prêts à se passer d'alcool pendant un mois. Témoignages.

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Le "dry january", traduisez  "janvier sobre", a vu sa popularité gagner du terrain en Europe dans les années 2010. Né au Royaume-Uni, cette campagne de santé publique incite à se passer de toute consommation d'alcool après la soirée du Nouvel An et les excès des fêtes de fin d'année. En France, elle ne bénéficie pas du soutien de l'Etat, comme c'est le cas du mois sans tabac par exemple, mais trouve l'approbation de nombreuses associations, y compris en Alsace. Si les effets sur la santé restent limités et que l'initiative doit être encadrée, s'accordent à dire médecins et addictologues, cette abstinence peut servir de déclic, de prise de conscience et de réflexion sur sa consommation d'alcool. Pour certains, c'est aussi simplement un défi à relever, que certains ont eu envie de nous raconter. A chacun ses bonnes raisons.

 

Julien Schuler, 24 ans, conseiller commercial, Oberkutzenhausen : "les tablettes de chocolat s'étaient transformées en brioche"

C'est mon premier dry january! C'est ma femme qui m'a lancé ce défi, parce qu'après les fêtes, franchement, j'avais pris du poids... Avec la Covid, je ne peux plus pratiquer le foot comme d'habitude, je n'avais plus fait de sport depuis trois mois! C'est donc une reprise en main, je me suis aussi remis à courir... et je sens que les effrots physiques deviennent plus faciles, même si les effets sur la santé ne sont évidemment pas immédiats. Par contre, que le week-end a été dur! La petite bière en apéro, le verre de vin à table... C'est ainsi que je consomme habituellement l'alcool, pour trinquer le week-end, c'est festif, un bon moment... et là plus rien! Pendant que madame, elle, elle ne se prive pas! Elle m'encourage dans cette voie, mais laisse la bouteille de vin sur la table : c'est un peu "faites ce que je dis, pas ce que je fais" (rires)! Donc je vais déjà essayer de ne pas craquer pour les trois semaines à venir, et puis essayer de prolonger un peu les efforts, de réduire la consommation à terme... Ce serait dommage d'avoir fait attention pendant un mois, puis plus rien! C'est une bonne idée d'attaquer l'année ainsi, avec de bonnes résolutions... Les fêtes sont propices aux excès, donc ça ne fait pas de mal! Sans doute que je renouvellerai l'expérience... si je tiens!

 

Céline Arnold, 40 ans, éducatrice sportive, Aspach-le-Bas : "les gens ont pensé que j'étais enceinte"

Deuxième expérience de mois sans alcool pour moi! L'an dernier, avec une collègue, on s'est dit qu'on allait le faire, que ça ne peut pas faire de mal! Et ça a été plutôt simple en fait, et bénéfique : moins de fatigue générale, un meilleur sommeil... et même moralement, j'étais fière d'avoir relevé le challenge, c'est bien de démarrer l'année! Ce qui est le plus compliqué finalement, c'est de gérer l'entourage... les fêtes de famille, les occasions de boire un verre : on refuse, et les proches ne comprennent pas toujours... Moi, ils ont cru que j'étais enceinte, parce que le seules occasions où je refusais de l'alcool, c'était pendant mes grossesses et mes allaitements! J'ai dû un peu batailler... Il y a une certaine "pression sociale" autour de l'acool, les événements festifs, les bons moments, sont liés aux verres partagés... Il faut lutter contre cette idée! Cette année, c'est un plus facile, avec le couvre-feu, la fermeture des bars et restaurants... Je crois que c'est une bonne idée à garder ce mois sans alcool... D'ailleurs, je le prolonge un peu, sans doute jusqu'à mi-février!

 

Loan Held, 21 ans, apprenti dans le BTP, Fessenheim : "Au début, c'était par curiosité"

C'est la troisième année que je me lance dans ce challenge. Je me dis que c'est bien de faire des efforts, un mois par an. Je suis un consommateur d'alcool très modéré, donc ça ne me dérange pas trop. Il y a deux ans, mon premier dry january, je l'ai fait surtout par curiosité, pour voir quels seraient les effets sur mon corps; je trouve que physiquement, et moralement, ça me fait du bien. Je me sens moins fatigué. Je fais du foot et cours beaucoup, je fais du trail, c'est aussi une bonne raison pour avoir envie de se sentir bien. Mes copains ne comprennent pas forcément, ils ne voient pas l'intérêt à notre âge. J'essaye de les convaincre mais sans succès pour le momen. C'est mon prochain défi : ne plus être le seul à le faire dans mon entourage!

 

Gabin Finantz, 32 ans, électricien, Réguisheim : "que c'est dur de se passer du petit cognac le soir!"

Dans mon village, nous sommes toute une bande de potes, une vingtaine, à se retrouver presque tous les soirs. On boit des bières, on aime les digestifs... Et moi, je me suis dit, ça fera sans doute du bien à mon corps de se mettre en pause! Mon foie, un mois sans alcool, il va forcément aimer, non? Et puis, c'est à la mode, je me suis dit, j'essaye... Ca me plaît bien, cette expérience... même si j'avoue que c'est dur, surtout le soir. Dans le groupe d'amis, il y en a un seul qui essaye aussi, mais il m'a déjà dit hier soir "je crois que je ne vais pas tenir"! Ils me chambrent un peu, mais je crois qu'ils sont aussi un peu admiratifs de me voir tenir le coup... Je bois des sodas à la place, il faut dire qu'il y a plein de choix, certaines boissons sont pas mal quand même... Et puis honnêtement, je me sens beaucoup moins fatigué! Je dors assez peu la nuit, car je me couche tard et me lève tôt, pour le boulot, et là je sens que mes journées sont moins difficiles. Il faudra voir l'an prochain, comment ça se passe avec les bars et les restaurants ouverts ; je crois que j'essayerai à nouveau... même si là, je me dis surtout "vivement le 1e février"!

 

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