Le snowboarder du Lac Blanc, Sylvain Dufour, glisse vers ses 3e Jeux olympiques

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A 36 ans, Sylvain Dufour défendra les couleurs de l'Alsace aux JO d'hiver pour la 3e fois de sa carrière. Après deux participations décevantes, à Vancouver en 2010 et Sotchi en 2014, il tentera d'être meilleur en Corée. Avec l'envie, et de vraies chances, de décrocher une médaille.

Avant de s'envoler pour la Corée, mardi 5 février, à 16 jours du début de son épreuve de snowboard alpin, Sylvain Dufour n'a pas manqué de passer par sa station du Lac Blanc. Fidèle depuis ses débuts au ski club Sainte-Marie-aux-Mines, pourvoyeur de champions avec trois athlètes qui se succèdent aux Jeux depuis 2002 (Charlie Cosnier, Florine Valdenaire et Sylvain Dufour), il y croise ce jour-là son premier entraîneur, Gérard Delacote, ému forcément de voir l'aventure continuer. "Fier, je n'aime pas trop ce mot. Je parlerais plutôt de plaisir, de voir Sylvain encore là. Il a une longévité exceptionnelle, apprécie le technicien. Il poursuit encore un peu l'aventure de ce groupe incroyable, Charly, Florine, Sylvain. C'est fou. Bien sûr, on a été acteur de cette aventure, avec leurs parents, le ski club, on s'entraînait ici au Lac Blanc, par tous temps, toutes conditions. Mais on est surtout des spectateurs admiratifs de ce parcours". Son papa est là aussi. Et puis ses partenaires fidèles, la station du Lac Blanc, l'Office de tourisme de la vallée de Kaysersberg, les collectivités territoriales, et la SNCF, dont Sylvain Dufour est un agent, lié par un contrat d'athlète de haut-niveau, depuis 2009.


A quelques jours de son départ, Sylvain se montre surtout disponible pour la presse, souriant comme à son habitude, pour évoquer sa carrière, sa saison, ses ambitions. A l'approche de l'échéance olympique, il se préservera petit à petit de l'agitation, médiatique notamment. Prime à l'expérience, il sait qu'il devra mieux gérer l'évènement qu'à Vancouver, où il découvrait, et à Sotchi, où il avait mal assumé son statut de favori. Il a derrière lui près de 20 ans au plus haut-niveau pour aborder sereinement cette 3e aventure olympique.
 


 

Sa vie

Né à Saint-Dié, dans les Vosges, le 19 novembre 1982, Sylvain Dufour a grandi à Sainte-Marie-aux-Mines. Resté fidèle à sa vallée, il vit désormais à La Vancelle, avec sa compagne et leurs deux petits garçons âgés de 20 mois et 3 ans. A quelques kilomètres donc de la petite station des Bagenelles où il a fait ses premières armes à ski, avec son frère Yannick, futur directeur de l'école de ski du lac Blanc et figure du ski alpin régional. Il passe ensuite très vite sur une planche. Le snowboard fait doucement son apparition dans les Vosges et la bande du ski club Sainte-Marie-aux-Mines s'y lance avec énergie sur les pistes du Lac blanc. On est alors au début des années 90, et Sylvain Dufour n'est pas en reste derrière ses aînés, Charly Cosnier et Florine Valdenaire, tous deux aussi futurs membres de l'équipe de France.


Son oeuvre

C'est au début des années 2000 que Sylvain Dufour fait ses premiers pas, timides, sur le circuit international. Il explose au grand jour en 2009, avec deux médailles d'argent aux championnats du monde, ramenés de... Corée, un bon présage? Le Français, 9 fois champion de France, a remporté 4 épreuves de Coupe du Monde dans sa carrière, entre 2011 et 2017 et avait fini en tête du classement mondial de slalom en 2014. Cette année-là, il fait partie des grands favoris pour les Jeux olympiques de Sotchi, d'autant que les deux épreuves de la spécialité sont programmées en Russie. Il finit 16e du géant, puis 11e du slalom. Une déception qu'il explique lui-même par "un petit excès de confiance. J'ai voulu l'éviter, mais je suis sans doute tombé dedans un peu quand même. Quand tu n'es plus dans le défi, tu ne peux pas gagner ce type de course. Il faut rider les meilleurs runs (manches) de sa vie, et je n'ai pas su le faire."

 

Ses ambitions

Des hauts et des bas, Sylvain Dufour en a connus de nombreux tout au long de sa carrière. Et au cours de chaque saison ou presque. L'an dernier, il n'était parvenu à se qualifier que deux fois pour des finales en Coupe du Monde (chaque épreuve se compose d'une phase de qualifications, puis les 16 meilleurs se disputent la victoire, des 8e de finale à la finale, NDLR), avec une victoire à Bansko, en Bulgarie.


Cette saison, il  est remonté sur un podium, au mois de décembre, a brillé plusieurs fois lors des qualifications. Et croit donc en ses chances à Peyongchang. "Je dirais que nous sommes une dizaine à pouvoir prétendre au podium, estime-t-il. La nouveauté, c'est que lors du tableau final, les affrontements ne se font qu'en une seule manche : il faut donc faire de bonnes qualifications, pour ensuite pouvoir choisir son parcours. Il y a toujours l'un des deux parcours qui va mieux, même s'ils sont tracés en parallèle" (la course voir s'affronter deux coureurs en parallèle, le premier en-bas se qualifie pour la suite, NDLR).



Autre contrainte : il n'y aura cette année qu'une seule épreuve olympique, le slalom géant, qui se disputera sur deux jours, les qualifications dans la nuit du 22 février (heure française) et la finale le 24.


Pour se donner un maximum de chances, le snowboardeur s'est envolé pour la Corée dès ce mardi, le 6 février. "Le décalage horaire, dans ce sens, est très compliqué à digérer. Il faut se coucher tôt et se lever tôt pour s'y faire, et il me faudra plusieurs jours pour m'y faire." Il participera à la cérémonie d'ouverture ce vendredi, le 9, avant de partir pour un stage d'entraînement intensif, dans une autre station du pays. "C'est bien de pouvoir rider sur la neige coréenne très vite. Elle peut ressembler un peu à ce que nous avons dans les Vosges : un relief vallonné, peu d'altitude, donc beaucoup de neige artificielle." Avec une donnée particulière : le grand froid qui sévit actuellement en Corée, et que les athlètes français vont aussi devoir appréhender.


Derniers Jeux? Pas forcément !


Ce stage d'entraînement, il le partagera avec les Bulgares, lui qui n'a pas de structure propre, puisqu'il est le seul athlète français dans cette discipline. Il lui a fallu chaque saison trouver des solutions pour pouvoir poursuivre sa carrière. Cette saison, il a partagé stages et déplacements en compétitions avec les Coréens. "Eux sont comme moi : ils ont des petits massifs, donc quand ils doivent chercher de la neige ailleurs pour s'entraîner toute l'année. On part en stages ensemble sur 2-3 semaines. Et on partage les frais aussi, qui seraient vite exorbitants si on était chacun dans notre coin. Nos entraîneurs aussi aiment cette émulation." Et tant pis si ce sont ses concurrents qui profitent de son expérience. "Je fais partie de ces athlètes qui pensent que si on est bon, pas besoin de se tirer dans les pattes les uns les autres. Au contraire, les aider m'aide parfois aussi à trouver des nouvelles pistes d'amélioration pour moi".

Un état d'esprit, construit par le système D, qui le porte saison après saison, même s'il avait failli arrêter sa carrière en 2009. "Depuis que je suis en contrat avec la SNCF, j'ai au moins ce statut qui m'apporte de la sérénité. J'ai des soutiens fidèles. Donc pour l'instant, on continue!" Sans date
limite annoncée... il ne dit pas même non à une olympiade de plus, si la forme et la motivation restent intactes.


Pour suivre Sylvain Dufour en Corée

Mettez votre réveil dans la nuit du 22 février : les qualifications du géant démarrent à 4h25 du matin!

Si Sylvain se qualifie, c'est-à-dire termine dans les 16 premiers de la phase qualificative, vous avez gagné le droit de vous lever à nouveau en pleine nuit deux jours plus tard, le 24. Les finales auront lieu entre 4h15 et 5h15 ​(des 8e de finale à la finale). 

Les épreuves olympiques seront diffusées à partir du 9 février sur les chaînes du groupe France Télévisions.

Le site officiel des Jeux de Peyongchang, c'est ici, avec un calendrier des épreuves ici.
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