C'est un pavé dans la marre qui est lancé : l'eau de la commune de Soulaines-Dhuys serait radiocative. En cause des déchets enfouis sous la terre. Nous avons enquêté.
C'est d'abord la population qui s'interroge. Dans ce secteur à la limite entre l'Aube et la Haute-Marne, elle a un voisin dont elle se serait bien passée : le centre de stockage de déchets radioactifs de l'Andra.
Situé à Soulaines-Dhuys, il est à moins de cinq kilomètres du point de captage d'eau qui alimente ses robinets. Mais la présence de ce centre contamine-t-elle l'eau au-delà de la radioactivité naturelle ?
Pour le maire, il y a des raisons de s'inquiéter. Éric Krezel, qui est aussi responsable du point de captage de Sauvage-Magny, a reçu un courrier de l'Agence régionale de santé faisant état d'un dépassement de cinq fois la valeur de référence en becquerel pour l'eau brute du captage. C'est un peu par hasard que l'élu s'est rendu compte de la situation.
Les relevés d'eau potable arrivent tous les trimestres. Et au milieu de tout ça, il y a un relevé avec le mot radioactivité.
- Éric Krezel, maire SE de Coffonds
Ce n'est pas une alerte mais une mention qui figure au milieu d'analyses. Interrogée par notre journaliste, l'ARS, l'agence régionale de santé explique qu'"il n'y a pas eu d'alerte car en août, les analyses au robinet étaient dans les normes."
Pour l'Andra, gestionnaire des sites de stockage, le ruisseau dans lequel les eaux sont rejetées ne s'écoule pas dans le sens du captage concerné. Son directeur rappelle que l'entreposage des déchets est particulièrement surveillé : 20.000 analyses incluant celles de l'eau sont faites chaque année sur les deux centres de l'Aube. Et d'expliquer en substance que jamais aucune mesure n'a révélé la présence d'éléments radioactifs tant au niveau de leurs installations que du captage.
Interrogés, les habitants sont pour le moins dubitatifs. Un collectif "Les citoyens du coin" s'inquiète de "constater une explosion du nombre de cancers dans son secteur". Louise Berthelot, à la tête du collectif, a épluché les résultats de la qualité de l'eau distribuée près de chez elle depuis 2006.
On ne comprend pas alors pourquoi il y a dépassement on ne dit rien (l'Andra, NDLR). Les analyses ne nous permettent pas de savoir ce qui se passe.
- Louise Berthelot, Les citoyens du coin
L'ARS veut rassurer la population
Face à ces questions, l'Agence régionale de santé, par le biais de son responsable environnement, se veut rassurante.
Il ajoute qu'il existe "d'autres secteurs en France, le Limousin ou la Bretagne, où on retrouve du radon. D'où la présence de radioactivité dans l'eau qui peut aller jusqu'à une bonne centaine de becquerels." Pour rassurer les élus et la population, l'Agence régionale de santé s'est engagée à prendre à sa charge en 2019 des analyses d'eau plus poussées.On n'observe pas une présence de radioactivité qui serait de nature à poser véritablement des difficultés.
- Laurent Caffet, responsable envionnement ARS