L’Etat persiste et signe ! Il n’y aura pas de retour en arrière dans le dossier Stocamine. Malgré une requête du député Eric Straumann, le Ministère de l’Environnement confirme le stockage de manière illimitée d’une partie des déchets entreposés sur le site de Wittelsheim.
C’est un nouveau rebondissement dans un dossier vieux de presque vingt ans.
Dans un courrier daté du 10 août dernier, adressé au député haut-rhinois Eric Straumann, Nicolas Hulot, Ministre de la Transition écologique et solidaire se prononce contre le déstockage complet des déchets entreposés sur le site de Stocamine.
Stocamine c’est quoi ?
Ouverte en 1999 à Wittelsheim, Stocamine, ancienne mine de potasse devait à l’origine abriter 320.000 tonnes de déchets dangereux non-radioactifs situés en bout de chaîne de traitement, c’est-à-dire que leurs caractères polluants ou dangereux ne sont plus à même d'être réduits davantage. Mais un incendie, en septembre 2002, a arrêté son activité.
Dès lors, que faire des déchets ?
La question n’a cessé d’agiter les défenseurs de l’enfouissement et les pros retrait.
En mars dernier, le préfet du Haut-Rhin, Laurent Touvé avait tranché le contentieux qui opposait les riverains mobilisés contre les Mines de potasse d'Alsace. Décision avait été prise que la plus grande partie des déchets contenant du mercure seraient extraite des puits, mais que plus de 40.000 tonnes de déchets ultimes resteraient au fond.
Les partisans d’un assainissement total, réunis au sein du collectif Déstocamine rappelaient encore leur crainte d’une éventuelle contamination de la nappe phréatique.
Le dernier acte
En mars dernier, Eric Straumann, en sa qualité de Président du Conseil départemental du Haut-Rhin, avait saisi le Ministère de l’Environnement pour lui demander de revenir sur la décision de l’Etat de ne pas excaver la totalité des déchets.
Dans sa réponse, le Ministre Hulot indique
Par ailleurs, le Ministre ajoute que des garanties ont été prises par l’arrêté préfectoral du 23 mars 2017 quiqu’au vu de la très faible perméabilité des terrains, il est très peu probable que d’éventuelles venues d’eau atteignent le niveau du stockage et, a fortiori, que des remontées de saumures vers la nappe soient observées , précisant aussi,
qu’au regard de l’état dégradé des galeries, un déstockage complet, à supposer qu’il soit faisable, exposerait les opérateurs à un risque très important pour une plus-value environnementale limitée.
Point final ? Pas vraiment…prescrit la mise en place de mesures spécifiques permettant de renforcer la protection de l’environnement, en particulier le suivi de l’évolution d’un éventuel ennoyage autour du stockage, et la surveillance de la qualité de l’eau de la nappe à proximité immédiate des points d’épanchement potentiel de la saumure.
Dans un communiqué, le conseil départemental du Haut-Rhin a réagi de manière cinglante à cette décision.
Et de conclureLe Ministre de la Transition écologique et solidaire se dit certes sensible aux craintes exprimées mais n’envisage en aucun cas le déstockage complet des déchets. Tout juste est-il question dans son courrier d’une surveillance accrue de la nappe phréatique à proximité immédiate des points « d’épanchement potentiel de la saumure.
Le conseil départemental, qui attendait une autre réponse de la part de Nicolas Hulot, militant environnemental engagé, déplore la légèreté avec laquelle ce dossier particulièrement sensible est traité… L'Etat s'octroie un droit à polluer la nappe phréatique la plus importante d'Europe en bafouant les règles qu'il a pourtant adoptées d'interdiction de toute dégradation de la nappe d'Alsace
Il serait grand temps que le Gouvernement prenne toute la mesure du dossier Stocamine et agisse enfin en conséquence.
De son côté, Yann Flory, porte-parole du collectif Déstocamine se dit abasourdi par la décision du Ministère.
On espérait beaucoup du nouveau Ministre. C’est la déception…S’il estime que le stockage définitif est une bonne chose avec la menace que cela représente pour la nappe phréatique, c’est inadmissible. On le répète l’enfouissement n’est pas la solution.
Les membres du collectif envisagent une action symbolique à quelques jours de l’anniversaire de l’incendie qui s’était déclaré en septembre 2002 sur le site de Stocamine.