Le président de la ligue d'athlétisme du Grand Est s'inquiète de la suppression de 1.600 postes au ministère des Sports. Selon lui, supprimer les cadres qui supervisent la formation des jeunes et les sportifs de haut niveau serait une grave erreur, surtout en vue des Jeux olympiques de Paris 2024.
Il est rare que le milieu sportif manifeste sa grogne. D'ailleurs, quand Christian Prévost nous accueille dans les locaux de la ligue d'athlétisme du Grand Est à Reims, il ne s'emporte pas. Le rythme des mots s'emballe à peine, mais l'inquiétude est bien là. Après l'annonce de la suppression de 1.600 postes au ministère de la Jeunesse et des Sports le 9 septembre dernier dans une lettre de cadrage du Premier ministre, le président de la ligue avoue ne pas comprendre une telle décision. Comme lui, ils sont plusieurs personnalités du monde sportif et politique à s'indigner. Une lettre ouverte a été envoyée à Emmanuel Macron le 20 septembre dernier.
Parmi ces 1.600 postes, les cadres techniques régionaux se trouvent dans le viseur du gouvernement. Les "CTR" ou conseillers techniques sportifs, "CTS" dans le jargon, sont chargés des préparations physiques des sportifs de haut-niveau, de la formation des jeunes sportifs et des compétitions. "Ils représentent la colonne vertébrale de la Fédération", souligne Christian Prévost.
Inquiétudes pour les JO de Paris 2024
En réalité, les 1.600 postes ne seront pas supprimés. Ce sont des départs à la retraite qui ne seront pas renouvelés. Or une telle mesure serait "synonyme d'adieu à la pratique sportive de haut-niveau et à la détection des jeunes talents" selon le président de la Ligue. Seulement, ces deux volets se révèlent indispensables pour la préparation des Jeux olympiques qui se dérouleront à Paris, puisque les jeunes générations d'aujourd'hui feront les médaillés de 2024.
C'est pourquoi les différentes ligues sportives font appel à des cadres techniques. Elles ne disposent pas de moyens propres pour embaucher des personnes. "Ces cadres nous sont prêtés par l'Etat, détaille le dirigeant. Ils s'occupent des jeunes générations, dont celles qui concourront aux JO 2024 et même 2028 pour ceux de Los Angeles puisqu'on travaille déjà avec les jeunes des catégories minimes (13-14 ans)."
"Les JO 2024 sont mal partis, tranche le Rémois. Il faudrait, comme les Anglais, se donner les moyens de réussir. Jusqu'en 2012, ils baissaient au niveau international et à partir du moment où ils ont eu les jeux, ils ont mis le paquet." Depuis 1988, les Britanniques stagnaient entre 15 et 30 médailles remportées aux JO en athlétisme. En 2008, ils en gagnaient 47 puis 65 en 2012, lors des jeux de Londres.
"Aujourd'hui, on ne sait pas du tout ce qu'il va advenir, prévient Jean-Paul Omeyer, élu au sport de la région Grand Est. J'ai vu la ministre mardi, elle nous a dit qu'elle s'emparait du dossier." Et de conclure : "Il vaut mieux attendre. Il est inimaginable de supprimer la moitié du ministère 6 ans avant les Jeux."