Tablettes au collège : à Rixheim, le numérique révolutionne l'enseignement

Depuis décembre 2017, tous les élèves du collège Dreyfus de Rixheim ont une tablette dans leur sac. Plus qu'un cahier numérique, c'est un outil qui change profondément la manière d'enseigner et d'apprendre

"Sortez vos tablettes!" Tous les cours ne commencent pas encore par cette phrase, mais elle revient de plus en plus fréquemment dans les oreilles des élèves du collège Capitaine Dreyfus de Rixheim. Le déploiement des tablettes commencé en 2015 par le conseil départemental dans cet établissement s’est terminé en décembre 2017, et désormais, chaque élève dispose d’un Ipad qu’il peut ramener chez lui. Un nouvel outil qui modifie profondément la manière d’enseigner.

Pour les élèves de 6e d’Elodie Osmont, professeur de mathématiques, la prise en main de l’outil reste un peu laborieuse. Ce matin-là, la classe aborde les cercles et les triangles. Il faudra quelques minutes aux élèves pour tous réussir à télécharger le test d’évaluation préparé par leur enseignante. Mais dès qu’ils ont terminé de répondre aux six questions, leur enseignante voit les résultats s’afficher sur sa tablette et peut ainsi adapter le cours qui commence aux lacunes de la classe.

Les tablettes retournent ensuite dans les cartables, le temps de la leçon. Elles ne ressortent que pour une séance de travaux pratiques. En traçant des cercles et des triangles, les élèves vont dessiner un voilier, qui s’animera ensuite le long d’une courbe sinusoïdale. Compas et règles restent dans les trousses. On trace avec les doigts, les valeurs sont rentrées dans le logiciel géogébra. Là encore, pour ces jeunes élèves, la prise en main de l’outil de dessin géométrique est parfois compliqué, mais la professeur mise sur le travail en groupe et l’entraide. Ici ce qui compte ce n’est pas le maniement des outils traditionnels, mais la compréhension de la méthode de traçage des triangles grâce aux cercles et le suivi des instructions, et au passage, les élèves apprennent le travail en autonomie.

L'idée c'est de dialoguer, de construire le cours avec les élèves, pour qu'ils soient acteurs du cours

Une autonomie que l’on retrouve dans la classe d’histoire de Bénédicte Le Gorec. En petits groupes, les élèves décryptent des tableaux de l’époque napoléonienne. Ici les outils s’appellent skitch et thinglink: on dessine les lignes de force du tableau directement sur l’image, on ajoute des annotations, des liens vers les croquis préparatoires, vers les biographies des principaux personnages. L’image devient interactive, elle contient le cours à elle toute seule, et ce sont les élèves qui ont effectué le travail, orientés par les questions de leur professeur. Une professeure qui va, en retour, adapter le contenu de ses cours en fonction des travaux et des questions des élèves. La représentation du sacre de Napoléon par Jacques-Louis David donnera par exemple lieu à une digression sur la construction des images de propagande à travers l'histoire et jusque sur les réseaux sociaux fréquentés par ces collégiens.

En même temps que les élèves dessinent la carte mentale, ils organisent leurs idées, se représentent des concepts abstraits : ils construisent leur pensée

Fini, donc, le cours magistral, écrit au tableau que les élèves recopient dans leurs cahiers. Même une leçon de grammaire ne se dispense plus de cette manière rigide. Dans la classe de Virginie Fichot, les élèves apprennent en dessinant des cartes mentales.  Le contenu est le même, la forme diffère : plus de titre, sous-titres, paragraphes. Dans la carte mentale, la règle, les exceptions et les exemples s’agencent sous forme d’organigramme, de bulles reliées les unes aux autres par des flèches. Une représentation plus visuelle, mais surtout, une représentation qui demande construire sa pensée : pour restituer des concepts abstraits sous forme de schéma, il faut avoir compris la leçon ; pour la recopier au tableau, ce n’est pas nécessaire.

Les tablettes sont donc en train de révolutionner la pédagogie. En cours de langues, elles permettent des travaux différenciés en fonction du niveau des élèves. En dehors des cours, elles permettent aux élèves et aux professeurs de communiquer plus facilement, pour rendre un devoir ou demander une précision sur un point de cours. Mais tout cela à condition que les professeurs prennent possession de ces nouveaux outils, cherchent et apprennent à utiliser les applications qui leur seront utiles.

Et c’est là que l’expérience trouve ses limites : faute de budget ou faute d’un « trousseau » d’applications développées ou achetées par l’éducation nationale, les professeurs doivent trouver des applications gratuites et se former eux-mêmes à leur utilisation. Une autoformation qui passe souvent par les échanges avec les élèves, mais aussi par le fabricant des tablettes, Apple, qui en proposant des stages assurés par ses propres formateurs, met ainsi un pied à l’école, puis par extension, dans les familles des élèves, et se crée un vivier de futurs clients.


 

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