Quatre élèves en CAP esthétique à Reims et Troyes, se voient refuser leur CAP par le rectorat de Reims. Elles ont pourtant obtenu plus de 10 de moyenne en contrôle continu. Mais pour l'instant, aucune explication ne leur a été fournie. Certaines familles menacent d'entamer une procédure.
"C'est plus que du délire, j’ai failli porter plainte". La mère de Justine Follet, en classe de 1ère esthétique à l'école Silvya Terrade à Reims, est hors d'elle. Elle sort tout juste du rectorat de l'académie de Reims, où elle a été demander des explications ce vendredi 10 juillet, sur ce qu'elle considère comme une injustice. Justine et ses camarades doivent en effet se battre pour obtenir leur CAP, car le rectorat refuse de leur donner en contrôle continu, alors même que tous les élèves du même niveau avec les notes qui vont avec, l'ont obtenu.En tout, elles sont quatre, dans cette école privée hors contrat, sur une vingtaine d'élèves du même niveau à Reims. Certaines passent leur diplôme en deux ans, d'autre sur un an. Et les quatre qui l’ont passé sur deux ans, ne l’ont pas obtenu "pour non conformité du programme". L’école ne comprend pas, elle n'a fait qu'appliquer le référentiel. "On refuse de nous préciser les choses. En gros, on nous dit, de toute façon vous n’avez rien à dire. Les filles vont devoir repasser ce diplôme en septembre. Alors que ma fille a 15 de moyenne générale", enrage Annie, la maman de Justine.
"Pas de réponse précise"
"Elles sont plus que déçues et je les comprend, confirme la directrice régionale Grand Est de cette école, Valérie Gravelle, qui dirige aussi six autres écoles, Mulhouse, Nancy, Besançon, Dijon, Belfort, et Troyes. On a mutualisé notre travail, on a fait les mêmes livrets sur toutes les écoles, sur quatre académies différentes. Toutes nos élèves qui ont les points suffisants ont eu leur diplôme. Et à Reims et Troyes, on a que des soucis. L’inspectrice dit que ce qu’elle fait est conforme à la loi. Pas de réponse précise. Soit elles avaient leur examen, soit elles le repassent en septembre. Elles ont subi tout ce stress du confinement et elles doivent repasser en septembre, sans que l’on sache pourquoi. C’est hallucinant".Un problème d’attestation serait en cause. Mais sur 43 écoles du même genre en France, personne n’a eu cette difficulté-là. "Je comprend que les parents soient en colère, poursuit la directrice. C’est aberrant, mes jeunes sont sans réponse, on est au bout du troisième jour, depuis mardi. On nous fait languir. La médiatrice officielle du rectorat prend l’affaire en charge. Mais sur le fond, je trouve ça inadmissible. Cela devrait être pareil partout en France. C’est un examen national". Trois jours étaient donnés pour demander un recours, ce vendredi 10 juillet, le délai se termine.
La situation est à l’étude. Elle a été prise en compte, une réponse va leur être apportée. Il s'agit d'une école hors contrat. Elles doivent pouvoir repasser leur examen en septembre. Le dispositif est différent et d’une académie à l’autre.
Le rectorat nous confirme la décision. "Ces sont en école hors contrat, et leurs livrets ont été rendus non conformes, il manquait des éléments. Donc on a appliqué les textes de l’arrêté du 3 juin 2020. Chaque situation a été étudiée, et le jury a décidé que ces candidates pourraient repasser leur diplôme en septembre". Au rattrapage donc. "Chaque jury est différent. Chaque jury apprécie les dossiers selon des critères équitables". Là où ça coince, c’est que le livret n’était pas conforme. Dans d’autres endroits, ce n'était pas le cas. La décision a été rendue. Point final pour le rectorat. Même si la non conformité en question ne nous a pas été précisée.
Dans cette école, la scolarité coûte 4.700 euros la première année, 3.500 la deuxième. "Pour un CAP qu’elle n’a pas, fulmine la maman de Justine. Elle voudrait continuer en bac pro. Mais elle n’a pas de CAP. Son patron lui proposait même un contrat en alternance. "Sans ce CAP, c'est impossible". Les quatre familles sont remontées. Elles pensent désormais intenter une action en justice contre le rectorat, pour demander une équité sociale. "Pourquoi on nous demande plus qu’ailleurs ? Les autres élèves des écoles Sylvia Terrade, elles, l’ont toutes eu. Il n’y a que deux écoles concernées par ce cas, celle de Reims et de Troyes".