L'implantation d'une unité de méthanisation à Rittershoffen suscite l'opposition d'une partie des habitants de ce village bas-rhinois, inquiète des nuisances de diverses natures engendrées. Porté par cinq associés, le projet vise notamment à transformer le fumier en gaz et en engrais.
Apparues au début des années 2000 en Champagne-Ardennes, les unités de méthanisation ne cessent de se multiplier dans le Grand-Est, aujourd'hui région leader dans le domaine, avec 181 unités en fonctionnement, dont 20 en Alsace. Le principe : valoriser les effluents agricoles (fumier, lisier) pour en faire du gaz et de l'engrais via des digesteurs dans lesquels la matière organique va fermenter. Ce procédé, encouragé par les autorités, a ses détracteurs. A Rittershoffen (Bas-Rhin) des riverains s'élèvent contre la construction d'un méthaniseur.
Un projet à 10 millions d'euros
Pour les porteurs de ce projet à 10 millions d'euros, l'objectif est avant tout de se diversifier, afin obtenir un revenu complémentaire. "Mes associés sont encore en double activité, en plus de leurs exploitations agricoles", indique Denis Scharrenberger. Il vante également le plan d’épandage dédié aux effluents. "Ils pourront nous les ramener par tout temps, toute l’année. Nous leur proposerons d’effectuer l’épandage en intégrant directement ce digestat ( les résidus des déchets organiques issus de la méthanisation) au sol, grâce à de nouveaux équipements", détaille l'agriculteur. Il permettra d’économiser de l’engrais chimique. Au moins six créations d'emplois, dont trois sur site, sont envisagées.
S'il comprend l'opposition de certains, Arnaud Stoehr se veut rassurant. "On fait tout notre possible pour ce que cela se passe au mieux pour éviter les nuisances". Les effluents d’élevage "seront mis sous abris dans un hangar, les silos seront bâchés. Le fumier sera stocké peut-être un ou deux jours sur place maximum, il sera valorisé de suite", précise l'éleveur. "Si tout est bien entretenu et vérifié tous les jours, il n’y aura pas de problème".
"Tout le village sera impacté"
Pour Marie Walter, cette unité est "une ineptie". Membre de l'association des opposants au projet, elle n'est pourtant pas contre le principe de la méthanisation, "tant qu’il est raisonné", c'est à dire réalisé au niveau d'une ferme. "Là, ce sont 25 agriculteurs, dans un rayon de 15 à 20 km autour de Rittershoffen, qui vont alimenter cette usine."
Ce projet lui semble donc complètement disproportionné. "Une usine de quatre hectares, ce n’est pas rien. En plus, ça été mal conçu, mal étudié. Il n’y aura pas que les habitations qui seront impactées, mais tout le village, par les odeurs, les nuisances, le bruit, les tracteurs et les risques d’accident". Manon Kuntz, habitante de Rittershoffen, ne comprend pas non plus pourquoi "une usine de cette ampleur là, sera implantée "aussi proche des habitations, sur l’axe principal".
Thierry Baig, directeur régional délégué de l'ADEME - Grand Est, estime pourtant qu' "il n'y a pas plus de risques pour un méthaniseur que pour une station-service". La préfecture doit valider le projet avant la fin du mois. Le méthaniseur sera construit dans la foulée.