Le 3 Avril 1947, il y a 70 ans jour pour jour, l'industriel Robert Kientz inaugurait le 1er chalet d'un village qui porterait son nom, en bordure de Scherwiller. La cité ouvriere compte toujours une cinquantaine de maisons. Rencontre avec le plus ancien habitant d'une commune pas comme les autres.
Pierre Kreuter a emménagé à Kientzville avec ses parents en 1949 dans une maison toute en bois, au milieu d'un immense jardin de 15 ares, planté d'arbres fuitiers. A l'époque, deux familles se partageaient les 130 m2, et il y avait un seul robinet d'eau courante pour 13 personnes!
Sa maison est restée quasiment à l'identique.
©France 3 Alsace
Aujourd'hui, il est le plus ancien résident de ce village créé de toute pièce. En 1947, une cinquantaine de chalets en bois ont poussé en quelques mois, sur un ancien terrain vague. Pour les bâtir, l'industriel Robert Kientz a bénéficié d'une main d'oeuvre bon marché : des prisonniers de guerre allemands, mis à disposition par l'Etat français.
Le village comptait alors trois rues. Toutes les maisons étaient louées, pour 20 francs, aux ouvriers de l'usine textile de Robert Kientz à Scherwiller. Celui de Pierre Kreuter était veilleur de nuit dans l'usine.
Un livre en préparation
La famille de Pierre Kreuter a fini par racheter la maison, 15 000 francs, au moment où le patron lui-même connaissait des difficultés financieres : cette filature de Scherwiller a fermé à la fin des années 50, et tout devint plus difficile pour Kientzville... Plus de chapelle, plus de restaurant, ni d'hôtel aujourd'hui...Un professeur d'histoire-géographie, Mathieu Danner, écrit un livre pour retracer cette histoire et se souvenir que l'industriel, en patron humaniste, avait notamment permis de retarder l'incorporation de force de ses ouvriers pendant la deuxième guerre mondiale. Il les avait gardé à l'usine aussi longtemps que possible, avant qu'ils ne soient envoyés sur le front russe.
Robert Kientz a dû rétrocéder sa cité à la commune de Scherwiller en 1957. Il décèdera 10 ans plus tard.