À quelques jours de Noël, dimanche 20 décembre 2020, des membres de l’association de défense des animaux L214 ont mené une action de sensibilisation dans la zone commerciale de Saint-Dié-des-Vosges. Le but, dénoncer le gavage des canards pour la fabrication du foie gras.
Une chose est sûre, il n’y aura pas de foie gras dans leur assiette pour Noël. À l’approche des fêtes de fin d’année, des membres de l'association L214 ont mené une action de sensibilisation, sur un rond-point, à proximité d’un hypermarché de la zone commerciale de Saint-Dié-des-Vosges, ce dimanche 20 décembre 2020. Le but de l’opération, dénoncer le gavage des canards.
"14 kg de pâtes. Si vous étiez un canard, ceci serait votre repas"
"14 kg de pâtes. Si vous étiez un canard, ceci serait votre repas". Dans une cagette en bois, les militants de L214 ont disposé 14 kilogrammes de pâtes, soit l’équivalent pour un humain de ce qu’est forcé d’ingurgiter un canard chaque jour. Ces membres de l‘association L214 ont tenté de faire réagir les automobilistes venus faire leurs achats de Noël. À l’aide de grandes photos issues d’enquêtes de L214, ils ont montré en quoi consistent les coulisses de cette tradition culinaire.
"Un coup de klaxon pour nous soutenir, ça fait plaisir", peut-on lire sur une des pancartes. "Notre but, c’est d’expliquer aux passants ce qu’est le foie gras. D’habitude, on va dans le centre-ville mais là on a changé de stratégie, on s’est mis à coté du Leclerc, il y a beaucoup de passage et les gens y font leurs courses de Noël. On a eu des félicitations et des pouces levés", raconte Hélène Reinbold, responsable L214 du département des Vosges.
40 millions de canards et 700.000 oies gavés et tués par an en France
Le foie gras en France, c’est 40 millions de canards et 700.000 oies gavés et tués par an, mais aussi 23 millions de canetons femelles tués et broyés par an en France à la naissance. Pourquoi ? Les femelles n’ont pas d’utilité pour la filière, leur foie est plus petit et innervé, donc "moins joli" et indésirable dans la production de foie gras. Pour gaver les animaux, on utilise une pompe pneumatique, en leur enfonçant un tuyau de 20 cm dans le gosier. "Deux fois par jour, pendant 10 à 14 jours, on leur fait ingurgiter quotidiennement jusqu'à un kilo de maïs", explique Hélène Reinbold.
Deux fois par jour, pendant 10 à 14 jours, on leur fait ingurgiter quotidiennement jusqu'à un kilo de maïs.
La France produit 75% du foie gras mondial. Sa production est interdite dans la majorité des pays d’Europe, sauf en France, en Espagne, en Belgique, en Hongrie et en Bulgarie. L’association L214 dénonce, de son côté, la loi obligeant le gavage des oies et canards pour l'obtention de l'appellation foie gras. "C’est moins rapide et efficace sans gavage, donc moins intéressant pour l’industrie", explique la militante de la cause animale.
Quelles alternatives ?
La plupart des Français sont au courant de ces pratiques et 70% d’entre eux les jugent "scandaleuses". Cependant, selon une enquête de l'institut CSA sur le foie gras qui date de 2018, 90% d’entre eux déclareraient toujours consommer du foie gras, et 75% le jugeraient "incontournable" pour les fêtes. "Les gens continuent d’en consommer, parce-qu’ils trouvent ça bon et ne font pas forcément le lien avec la maltraitance animale, une fois la tranche de foie gras dans leur assiette", en déduit la responsable L214 du département des Vosges.
On sème des graines, les gens vont peut-être réfléchir et il faut que ça vienne d’eux.
Pourtant, des alternatives existent. Afin de se faire plaisir, sans cruauté envers les animaux, il existe par exemple du foie gras végétal que l’on peut trouver dans certaines boutiques bios. "On sème des graines, les gens vont peut-être réfléchir et il faut que ça vienne d’eux. Progressivement, si on peut toucher les gens, c’est une petite victoire", conclut Hélène Reinbold.
Prochaine action de L214 dans les Vosges, le 16 janvier 2021, à Épinal. Avec son événement "On subit les conséquences… mais qui agit sur les causes ?", l’association veut soulever les problématiques liées à la déforestation, à la surconsommation antibiotique et à la faible diversité génétique des animaux.