La campagne de cueillette se déroule en général début juillet. Faute de floraison suffisante, pour la deuxième année consécutive, la cousine de la marguerite, recherchée pour ses vertus anti-inflammatoires, reste préservée sur les sommets vosgiens.
La campagne de cueillette 2020 a été annulée. Pas assez de fleurs d’arnica. Une décision prise par le Parc naturel régional des Ballons des Vosges, le département des Vosges, et les communes haut-rhinoises propriétaires des parcelles : Fellering, Ranspach, Oderen et Munster. Une concertation faite avec les cueilleurs et les laboratoires qui transforment l’arnica en granules homéopathiques, crèmes ou huile de massage.
Pourtant, depuis trente ans, c’est une tradition en début d’été : durant deux ou trois semaines, une cinquantaine de cueilleurs récolte la précieuse plante, au Markstein, à 1.183 mètres d’altitude. C’est l’un des meilleurs sites de France. Car c’est là où la plante concentre le maximum de substance intéressante pour la pharmacologie. La récolte y est donc très réglementée pour préservée cette précieuse fleur. Malgré une convention signée en 2007 entre les différents partenaires et les laboratoires qui achètent les récoltes, depuis deux ans, l’arnica se fait plus rare sur les ballons des vosges.
Une mauvaise floraison inhabituelle
Les deux dernières années n’ont pas permis de bonnes récoltes. La dernière d’envergure remonte à 2017. En moyenne, huit tonnes sont cueillis en quelques jours. Dès 4 heures du matin, aux lueurs des lampes torches, les cueilleurs détachent les plus beaux capitules des tiges. Ils récoltent aussi les plantes en ne prélevant qu’une toute petite partie de la racine. La règle est stricte : pas plus de deux fleurs au m2 et une plante sur trois.S’ils récoltent au milieu de la nuit, c’est pour approvisionner ensuite, très vite, à une heure de là, le laboratoire Weleda. Basée à Huningue, l’entreprise achète en général 300 à 400 kg pour fabriquer des granules homéopathiques. Elle fait partie de la dizaine de laboratoires français, suisses et allemands clients des cueilleurs.
Denis Graeffly est pharmacien et responsable process sur le site de Huningue. En 35 ans de cueillette, il a connu quelques mauvaises années, mais jamais deux consécutives. Selon lui, ce n'est pas la fleur qui se raréfie, les pieds d'arnica sont là, dit-il. Le problème, c'est qu'il n'y a pas eu de montée en fleur. Et ça, c'est nouveau. Sans vouloir s'inquiéter pour l'avenir, il reste vigilant.
A l'avenir, les cueillettes, si elles sont possibles, seront certainement réduites. Il n'y aura plus de récolte de 8 tonnes comme ces dernières années. Le comité de pilotage qui réglemente la cueillette va devoir prendre des décisions pour ne pas mettre la fleur en danger.2021 sera une année charnière qui permettra de dire si ce manque de floraison est un accident ou si cela va se reproduire à nouveau.
"On est ennuyé car on tenait à cette qualité et à cette proximité. On a dû trouver une autre solution. On s’est approvisionné auprès du Massif Central. Pour l’année prochaine, on envisage, de mettre de l’arnica en culture dans nos jardins de Bouxwiller, dans le Sundgau", explique Anne Muguet, responsable communication sur le site Weleda de Huningue.