Du haut de ses 91 ans, Suzanne prend la vie comme elle vient sans se soucier des lendemains. Au gré des saisons, cette Vosgienne nonagénaire cultive son potager, fait des mots-croisés et cuisine de bons petits plats. Elle profite des moments simples de la vie, avec calme et sérénité.
Née en 1930, Suzanne vit seule dans une ferme isolée des Hautes-Vosges à Rochesson, dépourvue du confort moderne et dans laquelle elle est née. Elle vit au rythme des saisons et passe ses journées à s’émerveiller des petits plaisirs de la vie.
Voici trois bonnes raisons de voir "Suzanne, jour après jour", un documentaire de Stéphane Manchematin et Serge Steyer en avant-première puis en replay ci-dessus.
Pour rencontrer une femme souriante et heureuse
"J’ai une vie tranquille. L’essentiel, c’est d’être bien dans sa peau et de se contenter de ce qu’on a," affirme Suzanne, le sourire aux lèvres. Cette vieille dame sympathique savoure les moments simples de la vie tout en riant. Elle s’amuse à incarner cette sobriété heureuse à laquelle aspire la nouvelle génération. Elle aime son petit quotidien : bêcher son jardin, éplucher les légumes, recevoir des coups de fil et même tricoter ses vêtements. Elle n’a besoin de personne, à part peut-être de la factrice, de son maraîcher et de quelques proches. Pour elle, "faire ce qu'[elle] veut quand [elle] veut, c’est ça la tranquillité."
On peut très bien vivre sans eau, sans électricité, sans tout le confort de maintenant.
Suzanne
Une fois à la retraite, cette ancienne professeure de mathématiques a choisi de revenir vivre dans la ferme familiale. Vraie débrouillarde, elle parvient à vivre de manière correcte les jours sans eau courante ni électricité. L’électricité lui parvient "grâce à une turbine datant de 1928 que [ses] grands-parents ont installée." Et puis, quand il n’y a pas d’eau dans le ruisseau, alors il n’y a pas d’électricité. Mais "on peut très bien vivre sans eau, sans électricité, sans tout le confort de maintenant," déclare Suzanne sans une once d’hésitation. "Finalement, on se crée des besoins," continue-t-elle.
Pour découvrir un quotidien proche de la nature
La maison n’est donc raccordée ni à l’eau ni à l’électricité en permanence, et pourtant, ce mode de vie simple est loin d’être archaïque. Dans une société où la sobriété revient sur le devant de la scène, les habitudes de Suzanne sont criantes d’actualité. La consommation de cette vieille dame se limite aux besoins essentiels. Sa relation à l’environnement est aussi spontanément respectueuse. Elle cultive ce qu’elle mange et elle mange ce qu’elle cultive.
Suzanne vit au rythme des saisons. En hiver, elle observe avec attention la neige tomber sur son jardin et sur les massifs montagneux. Parfois, on ne distingue plus que sa petite maison dans l’épais brouillard. Elle raconte même que "quand on se lève le matin, il fait 2 degrés dans la chambre." Alors il faut dégainer l’attirail : couettes, couvertures et bouillotte, tout ce qu’il faut pour avoir chaud. Au printemps, vêtue de son éternel cardigan rose, Suzanne bêche la terre. Les feuilles vertes sont revenues sur les arbres et les oiseaux gazouillent. En été, les grillons font leur retour. Suzanne ramasse les groseilles et en fait des confitures. C’est aussi l’occasion pour elle de se promener le long des sentiers avoisinants.
Pour réfléchir sur la solitude et le divertissement
"Comment vivre l’instant présent ? Comment vivre l’incertitude ? Que va-t-il se passer ?" proclame un prêtre peu de temps avant Noël. Suzanne l’écoute attentivement à travers sa télévision. Les années passent mais Suzanne est toujours là. La première chose qu’elle fait en ouvrant le journal, c’est de regarder les avis de décès mais "du moment qu’on n’est pas dessus, ça va." Lorsque son voisin lui confie qu"il y a encore de belles années devant [elle]," Suzanne lui répond : "on ne sait pas." Face à l’incertitude, Suzanne profite d’autant plus des petits plaisirs de la vie de manière solitaire. Elle se complaît dans cette solitude heureuse. Elle ne ressent pas le besoin d’avoir un chien car "de toute façon, un chien ne serait pas une tranquillité. Il aboierait, alors [elle] ne serait pas plus tranquille d’avoir un chien."
Elle n’a pas non plus peur de rester seule chez elle dans sa petite maison perdue dans les Hautes-Vosges car si "[elle] avait peur, [elle] ne pourrait pas rester ici." Elle ne s’ennuie jamais car "quand on ne sait pas quoi faire, on trouve toujours quelque chose à faire, ne serait-ce que rêvasser. " Un mode de vie définitivement tourné vers l’essentiel.