Une nouvelle expertise psychiatrique a été réalisée sur le suspect, âgé de 15 ans, du meurtre de la petite Rose. Elle conclut à l'existence d'une l'altération du discernement et à sa dangerosité pour les autres. Le Professeur Bernard Kabuth, psychiatre auprès des enfants et adolescents au CHRU de Nancy répond à nos questions.
L'adolescent âgé de 15 ans, soupçonné du meurtre de Rose, l'enfant de cinq ans tuée mardi dans les Vosges, garde le silence sur son geste. Dans un communiqué, le parquet avait indiqué mercredi que le jeune homme avait déjà été mis en examen l'an dernier pour viol sur mineur et avait été placé pendant un an dans un centre éducatif fermé.
Depuis son retour à Rambervillers (Vosges) en mars dernier, il était soumis à une obligation de soins et de formation, sous la surveillance de la Protection judiciaire de la jeunesse.
Trois questions au professeur Bernard Kabuth, chef du Pôle universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent (PUPEA) au CHRU de Nancy, afin de mieux comprendre le profil psychologique de l'adolescent.
Durant sa garde à vue, l'adolescent de 15 ans "a fait usage de son droit au silence, comme le lui permet le code de procédure pénale", a précisé le procureur d'Epinal, Frédéric Nahon. Pourquoi ne parle-t-il pas ?
"Parfois il y a des agresseurs qui sont eux-mêmes sidérés. En général ce sont les victimes et c’est très rare que ce soit les agresseurs. Mais dans le cas présent, il se peut que lui-même soit sidéré par l’acte qu’il vient de commettre. Il ne comprend pas et il ne parle pas".
Il a été placé pendant un an dans un centre éducatif fermé, soit le maximum légal. Qu'est ce qui a pu se passer depuis sa sortie ?
"Ce qu’il faut remarquer c’est que quand il est en centre éducatif fermé c’est ceinture et bretelles. Un éducateur. Un gamin. Il est resté dans un centre éducatif fermé pendant un an. À ce moment-là, il n’est pas considéré comme malade. Une expertise psychiatrique précédemment ordonnée concluait à l'absence de troubles mentaux a dit le procureur. Il a sûrement fait ce que l'on appelle une décompensation délirante. Une fois sorti dans la nature, il n’était plus contenu, il n’était plus stabilisé. Il était sans repère".
C’est-à-dire qu’il ne se rend pas compte de ce qu’il a fait. Donc il peut recommencer. À 15 ans c’est très très rare et c’est même exceptionnel. Il ne s’identifie pas à la victime. Il n’a pas d’empathie pour les victimes.
Professeur Bernard Kabuth, Psychiatre enfant et adolescent CHRU de Nancy
Un expert a cependant conclu dans un rapport provisoire pendant sa garde à vue "à l'existence d'une altération du discernement et à sa dangerosité pour les autres". Peut-on prévoir des actes de grande violence ?
"Dangerosité avec les autres, c’est-à-dire qu’il ne sent aucune culpabilité et à partir du moment où il n’y a aucune culpabilité, il peut y avoir une récidive. C’est-à-dire qu’il ne se rend pas compte de ce qu’il a fait. Donc il peut recommencer. À 15 ans c’est très très rare et c’est même exceptionnel. Il ne s’identifie pas à la victime. Il n’a pas d’empathie pour les victimes. Peut-être qu’on lui a posé une question sur la culpabilité et qu’il n’a pas répondu ou qu’il a répondu qu’il n’en avait pas".
La justice peut-elle invoquer l’irresponsabilité pénale en raison de troubles psychiques ?
"Oui. Il peut être déclaré irresponsable de ses actes et l’article 122-1 du code pénal peut être retenu. Mais attention pour l’heure nous n'en sommes pas là".
L’adolescent a été mis en examen et placé en détention provisoire jeudi 27 avril 2023. Il risque vingt ans de réclusion criminelle.