Entre le 12 et le 15 septembre, les parents de Sébastien Raoult, ce jeune vosgien accusé de cybercriminalité, vont pouvoir rencontrer leur fils incarcéré depuis 100 jours au Maroc. Paul Raoult accuse la France d'avoir abandonné son fils et sa souveraineté face aux Etats-Unis qui demande son extradition.
C'est un père heureux de retrouver bientôt son fils qui s'adresse à nous : "nous sommes très contents ma femme et moi de le voir en direct. Nous avons réussi à obtenir un parloir aménagé, deux fois une demi-heure, c'est peu, mais c'est mieux que les dix minutes initialement prévues."
Je suis là mais je sais que je vais sortir un jour et ça me suffit, je m'interdis de réfléchir
Sébastien Raoult
Depuis 100 jours que leur fils est incarcéré au Maroc, Paul Raoult et son épouse ont toujours maintenu le contact avec leur fils poursuivi pour cybercriminalité. "Il a un téléphone dans sa cellule, on lui parle une fois par semaine environ 20 minutes. Son moral est bon, il arrive à trouver les ressources, c'est rassurant pour nous. Il nous dit : je suis là mais je sais que je vais sortir un jour et ça me suffit, je m'interdis de réfléchir, je n'ai pas d'autres choix. Il a un fort caractère comme son père. Pour l'intelligence, il tient plutôt de sa mère".
Dans leurs valises, les parents du détenu vont apporter des vêtements, pour les nuits fraîches, et surtout des livres, de style fantastique qu'il affectionne, comme The Witcher.
Le fond de l'affaire, qui pourrait sûrement faire l'objet d'un livre, n'est jamais évoqué au téléphone entre le père et le fils pour éviter les écoutes. D'après le FBI, le jeune vosgien ferait partie d'un groupe de hackers, les ShinyHunters, il aurait sévit aux Etats-Unis. Il risque 116 années de prison. C'est l'émission d'une fiche rouge Interpol qui a conduit à son arrestation au Maroc début juin alors qu'il allait rentrer de vacances.
Une extradition en suspend
Pour l'instant, Sébastien Raoult reste incarcéré au Maroc mais il pourrait être bientôt extradé vers les Etats-Unis. "La cour de cassation a donné un avis favorable en juillet dernier et on ne peut pas faire appel de cette décision. L'ultime décision sera prise par le premier ministre marocain. Ma femme lui a écrit une lettre très personnelle que j'espère pouvoir remettre à un conseiller lors de notre voyage. Nous avons également demandé une audience à Madame la consule générale et nous allons pouvoir rencontrer notre avocat sur place, c'est important".
La France mutique
Paul Raoult n'a pas de mots assez fort pour dénoncer l'attitude de la France dans l'affaire qui touche son fils.
Je pense qu'il y a eu des tractations avec les Etats-Unis. Je voudrais savoir quel est le prix de mon fils
Paul Raoult
"Je n'ai de contacts avec personne, personne ne me sollicite, ni au ministère des affaires étrangères, ni à la justice. Je pense qu'il y a un loup, il y a eu des mensonges dés le départ, on me disait qu'il n'y avait pas d'enquête mais il y a eu quatre gardes à vue. Je pense qu'il y a eu des tractations avec les Etats-Unis et que la France ne veut pas intervenir. Je voudrais savoir quel est le prix de mon fils ! La France abandonne mon fils, notre famille, elle doit pourtant protéger ses ressortissants, elle abandonne aussi sa souveraineté puisqu'elle ne demande pas l'extradition de mon fils en France".
Le père de l'étudiant spinalien a également sollicité le procureur d'Epinal qui a refusé l'ouverture d'une enquête a deux reprises. "J'ai reçu par deux fois une réponse négative à l'ouverture d'une enquête. J'avais pourtant entre les deux, fournit des dossiers. J'ai reçu une fin de non recevoir sans aucune argumentation, je dois dire que je suis dépité. Je me suis pris un bon coup de massue mais je ne perd pas espoir, pour moi le combat continue".
Paul Raoult a reçu le soutien de plusieurs députés vosgien, en particulier Stéphane Viry (LR). Les soutiens sont aussi présents dans le sud où vit la tante de Sébastien. Le député Nupes Léo Walter suit de très près l'affaire.
Un collectif de soutien "Justice pour Sébastien" a également été crée mi août pour coordonner les différents comités de soutien sur le territoire.