Deux plans nationaux pour limiter l'usage des antibiotiques vétérinaires et la valorisation des bois scolythés

En visite dans les Vosges ce lundi 15 avril 2024, Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, a annoncé deux actions : un nouveau plan Écoantibio et la mise en place d’un plan national bois de crise.

Tout le monde, ou presque, connaît le slogan : "les antibiotiques, ce n'est pas automatique". En visite dans les Vosges ce lundi 15 avril 2024, le ministre de l’Agriculture est venu en quelque sorte le remettre au goût du jour. "L'objectif, c'est une trajectoire de réduction des antibiotiques vétérinaires", affirme Marc Fesneau, "aussi bien dans l'agriculture d'élevage avec les éleveurs et les vétérinaires que chez les chiens et chats".

"L’utilisation des antibiotiques a été une formidable avancée de médecine au tournant des années 40", reconnaît le ministre, "mais par commodité, on a fini par en prendre trop et à en prendre même quand on n’en avait pas besoin. Résultat : cela crée des résistances. On se retrouve même à faire le constat que l'antibiotique ne produit plus d'effet car vous en avez trop pris. L'enjeu, il est de santé animale mais aussi de santé humaine, car ça peut se retrouver dans la chaîne alimentaire". L'antibiorésistance est l'une des principales menaces mondiales selon l'OMS, cause plus de 5.000 décès par an en France et pourrait entraîner jusqu'à 238 000 décès dans le pays d'ici 2050.

L'objectif, c'est une trajectoire de réduction des antibiotiques vétérinaires

Ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire

D'où un appel à projets dans le cadre du plan Écoantibio. Depuis 2013, "plus de 200 ont été financés", poursuit Marc Fesneau, "il s'agit de financer à hauteur de deux millions d'euros des projets de recherche et d'action pour acquérir de nouvelles connaissances ou faire évoluer les pratiques". En 10 ans, l'exposition des animaux aux antibiotiques a baissé de près de 50 % selon le ministère. "Il faut aller plus loin" enchaine le ministre, "et pour ce qui est de la viande importée, on porte cette même idée au niveau de l'espace européen, on défend le même principe de réduction au sein de l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) et on essaye de démontrer au niveau de nos recherches qu'il y a des alternatives. Nous sommes pionniers et la voix de la France reste très écoutée sur le plan sanitaire".

Un plan bois

À l'occasion de ce déplacement, le ministre de l'Agriculture a également présenté un plan national "scolytes et bois de crise". "C’est une tempête silencieuse" a déclaré Marc Fesneau au micro de France 3 Lorraine, "tout particulièrement dans le Grand Est car c'est ici que les premières forêts ont été touchées par les scolytes. On sait que la géographie des arbres va changer. Il faut donc se soucier des lieux de dépérissement accélérés par la maladie ou la chaleur. Il faut donc renforcer l'observation et trouver collectivement des solutions à la hauteur des enjeux".

Depuis cinq ans, on estime le volume du bois touché à 37 millions de mètres cubes, et un cinquième des forêts de résineux sont touchées dans le grand quart Nord Est (110 000 hectares sur 520 000). Il y a urgence.

Parmi les mesures du plan "scolytes et bois de crise", le gouvernement souhaite une double valorisation : l'utilisation des bois scolytés "identifiés précocement et abattus au bon moment sont tout à fait aptes à la construction". Quand l'infestation est trop importante, il peut servir à alimenter des centrales biomasse. Dans ce cas, le gouvernement a mis en place une dérogation temporaire pour favoriser les débouchés et permettre "de remplacer du bois frais par du bois résineux de crise (sapin sec ou sapin scolyté ou épicéa scolyté) provenant de régions limitrophes à celles prévues initialement au sein de leur plan d'approvisionnement".

La forêt métropolitaine française (17 millions d'hectares) continue de grandir mais s'essouffle. En dix ans, son accroissement "a diminué de 10 %", sa mortalité a augmenté de plus de 50 % et le puits de carbone qu'elle représente "a été divisé par deux", selon Albert Maillet, directeur Forêts et risques naturels à l'Office national des forêts.

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