Une vingtaine d'agriculteurs ont mené une opération coup de poing à l'hypermarché Carrefour d'Epinal, lundi 12 septembre. Ils dénoncent le prix de vente trop bas du lait par rapport à leurs homologues européens, ainsi qu'une mauvaise application de la loi Egalim2, censée assurer un revenu décent aux producteurs de lait
Nos reporters Sophie Valsecchi et Philippe Drouot ont suivi, lundi 12 septembre 2022, une vingtaine d'agriculteurs au cours d'une opération coup de poing menée dans une grande surface dans le département des Vosges.
Le lieu de l'opération a été tenu secret jusqu'à 16 heures, heure où les organisateurs de la manifestation ont dévoilé la cible visée: l'hypermarché Carrefour à Jeuxey, dans la banlieue d'Epinal. Objet de leur colère ? L'enseigne vend le litre de lait à un prix inférieur à 0,95 €.
Organisée par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs 88, l'opération commando dénonce un prix de vente moyen du litre de lait trop bas en France par rapport à leurs homologues européens, ainsi qu'une mauvaise application de la loi Egalim2 censée assurer un revenu décent aux producteurs de lait.
Être payés au juste prix
"Le prix du lait ne nous permet pas de vivre", voici le leitmotiv qui résume la situation économique difficile dans laquelle se trouvent les producteurs de lait, lesquels oscillent entre la colère et le découragement.
L'inflation depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine remontre le bout de son nez et aggrave la situation. Les manifestants dénoncent aussi l'attitude des certains ministres du gouvernement qui encourageraient "les promotions illégales" destinées à sauvegarder le pouvoir d'achat des consommateurs mais mettraient les exploitations en péril.
Depuis le début de l'année, on constate un décrochage du prix du lait payé aux producteurs alors que le respect de la loi Egalim n'est toujours pas une réalité !
Philippe clément, Président de la FDSEA 88
Les centrales d'achat dans le viseur
Carrefour n'est pas la seule enseigne dans le collimateur des agriculteurs. Des Intermarché dans le nord de la France ont aussi été les cibles d'opérations coup de poing similaires au cours du mois d'août. Dans le viseur des producteurs de lait, les centrales d'achat des GMS: les grandes et moyennes surfaces.
21 cents de plus par litre
A l'appui de leurs revendications, les manifestants affichent les prix moyens au litre payés par les consommateurs en Allemagne: 0,99 € et 1,05 € en Belgique contre seulement 0,78 € en France. Cette faible rémunération menace la survie des exploitations laitières. Les agriculteurs n'hésitent pas à agiter le spectre à terme d'une pénurie de lait en France. Ils exigent une augmentation du prix de vente de 21 centimes par litre de lait UHT et le strict respect de la loi Egalim2.