Roger Le Neurès s’est engagé en juin 1943 dans l’armée du général Leclerc, la deuxième division blindée. Il a fêté son centième anniversaire samedi 25 mars 2023 en présence des autorités de la ville d'Epinal et de ses nombreux amis. Il est le dernier soldat vosgien de cette unité mythique encore en vie.
Le dernier survivant vosgien de la deuxième division blindée ne se départit jamais de son humour, même lorsqu'il reçoit les honneurs de la ville d’Epinal pour son centième anniversaire, le samedi 25 mars 2023. "Je ne me sens pas vieux, d’ailleurs c’est un mot que je n’emploie jamais" plaisante l'ancien soldat.
Je suis entré en résistance à la fin de l’année 1940 en dérobant des armes.
Roger Le Neurès, dernier vétéran vosgien de l'armée du général Leclerc
Roger Le Neurès est né en Bretagne à Lorient le 25 mars 1923, mais c’est dans les Vosges qu’il a passé sa vie. Devant l’assistance réunie pour son anniversaire à l'hôtel de ville d'Epinal, il cite un par un ses instituteurs et professeurs, du primaire à l’école professionnelle. Arrivé en Lorraine à l’âge de onze ans, la Seconde Guerre mondiale le surprend au sortir de l’adolescence, apprenti dans un garage automobile. "J'ai vu des milliers de prisonniers français passer sous les fenêtres de notre maison."
Le 2 septembre 1942, il fuit la conscription obligatoire instaurée par le gouvernement de Vichy qui vise à envoyer des travailleurs qualifiés français soutenir l’effort de guerre nazi. Direction l’Afrique du Nord et la France Libre, où Roger Le Neurès intègre la deuxième division blindée en 1943.
Le jeune homme suit ensuite tout le parcours de la mythique armée, le débarquement en Normandie en août 1944, la libération de Paris dans le foulée, direction l’est où le Vosgien est blessé à Baccarat en Meurthe-et-Moselle à l’automne. Opéré à Saint-Dié, il ne retrouve son unité qu’en avril 1945, pour achever la victoire des troupes alliées en Allemagne.
Retraité à soixante ans
Le soldat Le Neurès a d’abord été résistant de la première heure. "Je suis entré en résistance à la fin de l’année 1940 en dérobant des armes au dépôt militaire qui se trouvait au-dessus de l’étang de Chantraine, on les a cachées avec un camarade dans le garage Renault occupé par les Allemands ! C’était la meilleure cache, là où ils n’allaient jamais les chercher…". Démobilisé, l’ancien apprenti tôlier-carrossier a effectué toute sa carrière à la Sécurité Sociale, "c’était moins manuel que l’automobile" plaisante le centenaire, "et j’ai eu ma retraite à 60 ans ! D’ailleurs, je suis pour la retraite à 60 ans, parce que c’est à cet âge qu’on profite de la vie."