Les romans se dévorent aussi sur pellicule. Mais alors, quelles sont les meilleures adaptations de tous les temps ? On a posé la question aux cinéphiles et aux membres du jury du Festival international du film fantastique de Gérardmer.
La 31ᵉ édition du Festival international du film fantastique de Gérardmer (Vosges) se termine ce dimanche 28 janvier 2024 au soir, après cinq jours de folie pour les fans du genre et pas moins de quarante films projetés. Avec deux présidents du jury issus de la littérature, Bernard Werber et Bernard Minier, l'évènement a voulu rendre hommage à un art qui ne cesse d’inspirer le cinéma. Mais justement, quelles sont les meilleures adaptations de tous les temps ? Les membres du jury et les fans de cinéma nous ont confié leur avis sur la question. Une liste non exhaustive, évidemment.
Pour Bernard Werber : 2001, l'odyssée de l'espace
D’Arthur C. Clarke (1951) à Stanley Kubrick (1968)
C’est un film culte. En plein désert, une histoire de grands singes qui s'affrontent autour d'un point d'eau et l’apparition d'un mystérieux monolithe… Des millions d'années plus tard, des cosmonautes découvrent un monolithe identique dans le sol lunaire. “Le scénario de 2001 : l'odyssée de l'espace s'inspire surtout de la nouvelle La Sentinelle du romancier Arthur C. Clarke. L’auteur a d’ailleurs reconnu que l’adaptation cinématographique de Stanley Kubrick est bien meilleure que ce qu’il a lui-même écrit”, s’amuse l’auteur Bernard Werber (Les Fourmis, Les Thanatonautes), président du jury des longs métrages.
Pour Sébastien Vaniček : Annihilation
De Jeff VanderMeer (2014) à Alex Garland (2018)
À l’origine, un roman de l’auteur américain de science-fiction et de fantasy Jeff VanderMeer. Dans l'adaptation, Natalie Portman, alias Lena, se joint à une mission pour découvrir ce qui est arrivé à son mari disparu dans un monde de paysages et créatures mutées, aussi dangereux que beau. “Malgré les critiques un peu mitigées, Annihilation est pour moi un excellent exemple d’adaptation réussie. Alex Garland, le réalisateur d’Ex Machina, a vraiment développé sa propre vision, l’esthétique est fascinante. C’est assez fort, la direction artistique est capitale dans un film et dans ce cas particulier, elle suffit à le rendre réussi”, soutient le réalisateur Sébastien Vaniček (Vermines), membre du jury des longs métrages.
Pour Clovis Cornillac : Shining
De Stephen King (1977) à Stanley Kubrick (1980)
Jack Nicholson qui défonce une porte de salle de bains à la hache, ça vous parle, non ? Cité à maintes reprises par les personnes interrogées, l’excellent Shining, de Stanley Kubrick, fait l’unanimité. Pourtant, pour l'anecdote, le romancier Stephen King, à l’origine de cette histoire, s'est montré très mécontent de l’adaptation. “C’est un chef-d’œuvre absolu pour moi. Tous les films de Stanley Kubrick, en général, sont absolument géniaux. Ses films sont intelligents sans donner de leçon”, insiste l’acteur et réalisateur Clovis Cornillac (Brice de Nice, Astérix aux Jeux Olympiques), membre du jury des longs métrages.
Pour Caroline Anglade : L'Exorciste
De William Peter Blatty (1971) à William Friedkin (1973)
C'est la joyeuse histoire d’une fillette possédée par le diable et de sa maman qui fait appel à deux exorcistes, pour essayer de détendre un peu l'ambiance. Le best-seller de William Peter Blatty, publié en 1971, s’est vendu à des millions d’exemplaires. Deux ans plus tard, l’adaptation cinématographique est aussi un immense succès. Les aléas tragiques du tournage (neuf morts autour du film), ont contribué à en faire un film culte. “C’est une madeleine de Proust, j’ai vu L'Exorciste sûrement bien trop jeune, et c’est l’un des films les plus flippants du cinéma. C’est hyper bien fait, bien joué, je l’ai vu une dizaine de fois en tout”, confie l’actrice et membre du jury des longs métrages Caroline Anglade (Tout Simplement Noir, Divorce Club).
Pour Bernard Minier : Le Silence des agneaux
De Thomas Harris (1988) à Jonathan Demme (1991)
Un tueur en série sème la terreur. La jeune Clarice Starling (Jodie Foster), agent du FBI, est chargée d'interroger l'ancien psychiatre Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), un psychopathe cannibale à l’intelligence redoutable. Le scénario est adapté d’un livre de Thomas Harris, publié trois ans plus tôt. “Le livre de Thomas Harris est un chef-d'œuvre et le film aussi. Dans Le Silence des agneaux, Anthony Hopkins est génial. Autrement, on ne le sait pas toujours, mais les films de Stanley Kubrick sont presque tous des adaptations. Pour Orange Mécanique, Barry Lyndon, Lolita, et évidemment Shining, il a trahi les livres ou les nouvelles pour mieux les adapter. Mais c’est tant mieux”, sourit l’auteur de polars Bernard Minier (Glacé, Le Cercle, La Vallée), président du jury des courts métrages.
Pour Alice Moitié : Le Seigneur des anneaux
De J. R. R. Tolkien (1954) à Peter Jackson (2001)
Le jeune et timide hobbit Frodon Sacquet hérite d'un anneau magique. La suite, vous la connaissez tous. À l’image de l’excellente trilogie de J. R. R. Tolkien, les trois films ont été un immense succès commercial et critique. “C’est un 10/10 pour moi. Il n’y a rien à dire, Le Seigneur des anneaux c’est parfait. Peter Jackson a pris l’essence des livres et on sent que c’est un très gros fan de cette trilogie, ça se voit à chaque instant”, martèle la jeune photographe et réalisatrice Alice Moitié, membre du jury des courts métrages.
Pour Jean-Paul Salomé : Minority Report
De Philip K. Dick (1956) à Steven Spielberg (2002)
Une dystopie incontournable, dans laquelle des humains mutants peuvent prédire les crimes à venir grâce à leur don de précognition. Le film de science-fiction Minority Report de Steven Spielberg, porté par un Tom Cruise au sommet de sa forme, est l’adaptation de la nouvelle Rapport minoritaire de l’auteur américain Philip K. Dick, publiée en 1956. “C’est du grand Spielberg, sa maestria visuelle, son sens du récit, du tempo et des personnages, en font un film extrêmement réussi. L’univers est extrêmement futuriste pour l'époque, c'est beau, il y a une vraie vision”, insiste le réalisateur Jean-Paul Salomé (La Daronne, La Syndicaliste), membre du jury des longs métrages.
Pour Mélanie Bernier : Dune
De Frank Herbert (1965) à Denis Villeneuve (2021)
À l’origine, un roman de science-fiction de l'écrivain Frank Herbert, publié aux États-Unis en 1965. Dune est le livre de science-fiction le plus vendu au monde ! L'intrigue prend place sur une exoplanète hostile, la plus dangereuse de l'univers, nommée Dune. Après une première adaptation au succès mitigé par David Lynch en 1984, c’est Denis Villeneuve qui s'attaque à la bête en 2021. “C’est un metteur en scène que j’adore, même si je n’ai pas tout aimé dans le film, le choix des acteurs Timothée Chalamet et Zendaya est réussi, loin des clichés du genre. On en prend plein les yeux dans ce Dune, je n’avais jamais vu ça au cinéma”, lâche l’actrice et membre du jury des longs métrages Mélanie Bernier (La Délicatesse, Love Addict).
En bonus
Presque TOUS les livres de Stephen King !
On pourrait presque penser que le cinéma est incapable s’en sortir sans lui. J’ai nommé l’auteur américain Stephen King, source inépuisable d’inspiration pour les réalisateurs, un genre à lui tout seul ! Accrochez-vous, la liste des films adaptés des romans ou nouvelles de l’auteur américain est interminable : Carrie au bal du diable de Brian De Palma, Creepshow de George A. Romero, Dead Zone de David Cronenberg, Christine de John Carpenter, Misery de Rob Reiner, La Ligne verte et The Mist de Frank Darabont… ou encore la saga du clown maléfique Ça (It en anglais) d’Andrés Muschietti.