Bernard Werber est l’un des écrivains français les plus lus au monde. Pendant cinq jours, il a présidé le jury des longs métrages du 31ᵉ Festival international du film fantastique de Gérardmer qui s’est achevé dimanche 28 janvier. Nous l’avons rencontré.
L’événement incontournable du cinéma de genre et d’horreur, s’est achevé dimanche 28 janvier 2024. Bernard Werber, l’auteur aux 30 millions d’exemplaires vendus qui se hisse au rang des écrivains français les plus lus au monde (Les Fourmis, Les Thanatonautes, L’Empire des Anges), était le président du jury longs métrages. Ce fou de science-fiction, de philosophie et de spiritualité, nous a confié ce qu’il aime et ce qui déteste le plus au cinéma.
- Vous aimez le festival de Gérardmer, pourquoi ?
Côté cinéma, c’est un vrai challenge pour moi, car je visionne des films que je n’irai jamais voir de mon propre chef. Je lutte contre ma nature en visionnant des films d’horreur ou gores, car je n’aime pas la violence, je suis un grand pacifiste. C’est un super festival, l’ambiance est très bonne et on découvre plein de personnes intéressantes. Je suis là depuis 1996, j’ai pu rencontrer le réalisateur de la trilogie Le Seigneur des Anneaux, Peter Jackson, mais aussi des gens comme Johnny Hallyday, Paul Verhoeven et Marion Cotillard et Bérénice Bejo avant qu’elles ne deviennent célèbres.
- Quels sont les films d’horreur qui vous ont le plus choqué ?
Je suis un hypersensible, je n’ai pas forcément la distance nécessaire par rapport à ce que je vois. Lors des éditions précédentes du festival, j’ai vu des films terribles comme Hostel, Saw et The Human Centipede, des films malsains, voire malveillants. En voyant Hostel, j’ai l’impression d’avoir visionné dix minutes de présentation suivies de plus d’une heure de torture. Dans ce genre de films, on flatte les plus bas instincts. Je pense que les réalisateurs de ce type de films ont des esprits névrosés ou sont des psychopathes réels.
- La meilleure adaptation de livre au cinéma selon vous ?
Le film de science-fiction 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Le scénario s'inspire surtout de la nouvelle La Sentinelle du romancier Arthur C. Clarke. L’auteur a d’ailleurs reconnu que l’adaptation cinématographique est bien meilleure que ce qu’il a écrit. Tout est sublimé et c’est tellement fort. Pour la petite anecdote, en parallèle au tournage du film, Clarke a décidé de rédiger le roman 2001, l'Odyssée de l'espace, qu’il a publié un peu après la sortie du long-métrage. Pour le rédiger, il s’est inspiré du travail de Kubrick mais il a avoué qu’il ne comprenait pas tout au film.
- Qu'est-ce qui vous effraie ou vous déplait le plus ?
J’ai assez peur du gore, pour moi, c'est souvent du spectacle de bas étage, je n’aime vraiment pas ça car cela me met mal à l’aise. J’ai également du mal avec le sound design (design sonore) d’un film quand il est utilisé à outrance. Mes oreilles souffrent quand le réalisateur essaye de me faire sursauter à grands coups de bruits qui se veulent surprenants ou inquiétants, alors que c’est un chaton qui va sortir de derrière une porte. Pour moi, c’est une manière de tricher, car on veut me forcer à me sentir mal. Alors, quand ils abusent trop, je me bouche les oreilles car je tiens à garder mon petit recul, je n’aime pas qu’on me force.
- Est-ce que Gérardmer et les Vosges feraient un bon décor d’horreur ?
Le lac de Gérardmer, la forêt, la neige ou la brume, les maisons isolées, sont un très bon décor pour faire peur. On peut aussi imaginer une ambiance nocturne, dans les petites routes de montagne enlacées, et tout à coup une moto ou un camion qui surgit de nulle part pour vous percuter. Il y a tout pour créer un film d’épouvante, d’ailleurs y a déjà des films d’horreur qui ont été tournés dans les Vosges. Il y a des endroits où l’on sait que si l’on crie, les voisins ou la police ne viendront pas nous aider ou nous sauver.
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Le jury des longs métrages de la 31ᵉ édition du Festival international du film fantastique de Gérardmer, présidé par Bernard Werber, a décerné dimanche 28 janvier le Grand Prix à Sleep de Jason Yu (Corée du Sud) et le Prix du Jury ex aequo à Amelia’s Children de Gabriel Abrantes (Portugal) ainsi qu’au film En attendant la nuit de Céline Rouzet (France et Belgique).