VIDÉO : Mirecourt-Montréal, le voyage extraordinaire de l'octobasse, un instrument géant de 3,60 mètres de haut

L'octobasse a été fabriquée au 19e siècle par Jean-Baptiste Vuillaume, un luthier originaire de Mirecourt. Jean-Jacques Pagès, lui aussi luthier à Mirecourt, l'a modernisée pour la faire entrer dans l’ère numérique du 21e siècle.

En 2010, le luthier de Mirecourt, Jean-Jacques Pagès a fabriqué une octobasse à l’identique de celle qui se trouvait à la Cité de la Musique à Paris. Une des rares construites en 1850 à nous être parvenue. Depuis, à la demande de l’Orchestre Symphonique de Montréal, il en a fabriqué deux autres. Mais cette fois en y intégrant la technologie du 21e siècle. Des octobasses de près de 4 mètres, à l’ère numérique.

Nous avons suivi cette aventure. Vous pourrez retrouver l'histoire en 5 vidéos en pied de cet article.

Fabrication à l'identique

Pour Jean-Jacques Pagès, l'histoire commence en 2010 avec ses élèves. Ils vont faire une visite à la Cité de la musique à Paris. Face à cet instrument gigantesque de 3,60 mètres de haut, l’octobasse, ils sont un peu les "Lilliputiens" dans l'univers de Gulliver. Ils sont fascinés. L’instrument a été fabriqué au 19e siècle par Jean-Baptiste Vuillaume, lui aussi luthier originaire de Mirecourt.
À leur retour à Mirecourt, après avoir rassemblé de la documentation sur l'instrument, ils se lancent dans une fabrication à l'identique de l'instrument.

En 2016, l’Orchestre Symphonique de Montréal qui envisage de travailler sur Berlioz s’intéresse à l’octobasse. Eric Chappell, musicien dans l’orchestre, a entendu parler de l’octobasse dans un livre lorsqu'il était encore à l'université "A new history of double bass" écrit par Paul Brun. Il en parle au chef Kent Nagano qui lui répond : "C’est quoi ça une octobasse ?". Il faut dire que l’instrument est tombé dans l’oubli depuis bien longtemps. 

Je n'ai jamais oublié la première fois que j'ai vu une image de l'Octobasse.

Eric Chappell, octobassiste et contrebassiste Orchestre Symphonique de Montréal 

Un géant tombé dans l’oubli

L'octobasse, c'est un peu le géant de la famille des instruments à cordes.
Un instrument créé en 1849, perfectionné en 1851. Il a été présenté à l’Exposition Universelle de 1855. 
Hector Berlioz serait le premier compositeur de l’époque qui aurait utilisé l’octobasse. Il aurait écrit une pièce spécialement, un "Te Deum". L'œuvre a été jouée avec l'octobasse  en avril 1855 à l’église Saint-Eustache juste avant à la reprise de trois mouvements de cette œuvre lors des concerts donnés quelques mois plus tard lors de cette fameuse Exposition universelle de Paris. 
Berlioz a écrit dans son Grand Traité d’instrumentation et d’orchestrations modernes (1843) à propos de l’octobasse : "Cet instrument a des sons d’une puissance et d’une beauté remarquables, pleins et forts sans rudesse. Il serait d’un admirable effet dans un grand orchestre, et tous les orchestres de Festival, où le nombre des instrumentistes s’élève au-dessus de 150, devraient en avoir au moins trois."

L’instrument, trop grand et très compliqué à manœuvrer, n’a pas eu le succès attendu. Pour le manipuler, il faut monter sur un petit escabeau intégré à l'instrument. On comptait trois exemplaires à l’époque de Berlioz. Seul un instrument est arrivé intact jusqu’à notre époque. C’est celui de la Cité de la Musique à Paris.

170 ans plus tard...

170 ans plus tard, l’instrument sort de sa torpeur.
L’orchestre Symphonique de Montréal, qui cherche une octobasse, entend parler de la copie de Jean-Jacques Pagès en France par Roger Dubois, chef d'entreprise à  Drummondville (ville canadienne située au Québec) et grand collectionneur d’instruments rares. Il est aussi un mécène qui prête ses instruments à de nombreux musiciens à travers le monde. Il fait l’acquisition de l’instrument de Mirecourt pour l’OSM de Montréal en 2016. Mais, l’OSM qui rêve d’exaucer le souhait de Berlioz passe commande avec Roger Dubois de deux nouvelles octobasses. Cette fois, il n’est plus question d’une simple copie, mais de faire évoluer l’instrument pour qu’il rejoigne tous les autres qui eux ont traversé le temps. 
L’octobasse doit entrer dans le 21e siècle et pour cela Jean-Jacques Pagès va devoir imaginer des solutions. Il ne le fera pas seul. 

"Le plus difficile ce n’est pas de faire une octobasse. On sait faire... Le plus difficile est d'y faire entrer de l’électronique pour qu’elle soit moderne et plus simple à jouer sans nuire à l’instrument", nous avait-il confié. Il s’est donc entouré d’une fine équipe : "Les fous de la mécanique" comme il les appelle. Car oui, il faut être un fou pour se lancer dans une telle aventure… Et ils vont travailler sans compter. Ils vont douter. Ils vont manger la poussière. Laissez-nous vous les présenter. 

  • Michel Joly, horloger à la retraite, complice de toujours de Jean-Jacques Pagès. Les 277 pièces du mécanisme, c’est lui. Ne lui parlez pas du "bzzz" qui l’empêche de dormir. Vous comprendrez en regardant les vidéos. 
  • Aymeric Joly, petit-fils de Michel, il est musicien et électronicien : l’informatique dans l’instrument, c’est lui. Et ce n’est pas rien. Car elle lui permettra de faire des réglages à distance grâce à Internet. Et en période de covid-19, on n'a rien trouvé de mieux. 
  • Michel Frechina, musicien lui aussi, mais il a une autre spécialité : les cordes d’instrument. Elles n’ont aucun secret pour lui. Un savoir-faire jalousement gardé car, dans le monde et en particulier en France, les artisans capables de faire des cordes sur mesure pour un instrument de près de quatre mètres sont rares. On peut les compter sur les doigts d’une seule main. Il nous racontera en quoi sont faites les cordes de l’octobasse 2021.
  • Il y a aussi Jean Letrange, le discret menuisier mais visiblement lui aussi fou de l'instrument. 
  • Jean-Jacques Pagès, le plus fou d’entre eux sans doute… Mais aussi l’œil, le plus exercé pour guider ses mains dans la fabrication de ce géant à cordes. 

 

 

 

 L'aventure des octobasses de l'OSM de Montréal en 5 épisodes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À Montréal, l'OSM est le premier orchestre au monde à disposer de 3 octobasses. 

Le mécène est chef d'entreprise canadien, Roger Dubois a fait réaliser une sculpture géante pour l'installer sur la façade de son entreprise à Drummondville.

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