Une jeune mère qui avait accouché à la maternité de Remiremont (Vosges) en novembre 2022, a failli mourir d’une hémorragie sévère, sept semaines après son accouchement. Un morceau de placenta avait été oublié dans son corps. Son avocate Nancy Risacher a porté plainte.
C’est une fête des mères qui a une saveur toute particulière pour Camille Gilles. La jeune maman, qui vit en Haute-Saône, a bien failli ne jamais vivre cet évènement. Le 5 novembre 2022, la jeune femme se rend à l’hôpital de Remiremont dans les Vosges, le plus proche de son domicile, pour donner naissance à son premier enfant, une petite fille.
L’accouchement se déroule sans encombre, mais dans les semaines suivantes, la mère, qui se plaint de douleurs et de saignements, retourne à l’hôpital de Remiremont. Les médecins lui diagnostiquent une endométrite, une inflammation de l'endomètre, une muqueuse qui tapisse la cavité de l'utérus, et la laissent rentrer chez elle.
Sept semaines après son accouchement, Camille Gilles se rend dans le sud de la France pour passer le réveillon en famille. C’est là qu’une hémorragie massive se déclenche, la jeune femme perd 3 litres de sang. Elle est prise en charge par les urgences d’Avignon, qui parviennent à la sauver de justesse. "20 minutes plus tard, elle était morte", affirme son avocate Nancy Risacher. Le diagnostic est clair : un bout de placenta est resté dans son corps après son accouchement.
11 plaintes déposées pour l'instant
"Ma cliente n’est pas du tout dans la vengeance ni l’amertume. Les erreurs médicales, ça arrive", précise Nancy Risacher. "Mais l’hôpital est dans le déni alors que le compte rendu des médecins d’Avignon est clair. Il existe des procédés établis et obligatoires pour s’assurer que l’entièreté du placenta a été expulsée, apparemment cela n’a pas été fait".
Camille Gilles a tenté de contacter la direction de l’hôpital de Remiremont, sans succès. "L’hôpital n’a pas fait de suivi, et n’a pas daigné la recevoir dignement pour tenter de comprendre où était la faille. Elle n’a même pas d’excuses", affirme son avocate Nancy Risacher, qui a déposé plainte contre l’hôpital de Remiremont au mois d’avril. C’est la 11e plainte à ce jour.
Entre juillet 2020 et juillet 2022, trois patientes sont mortes, de 59, 67 et 78 ans. Deux d’entre elles étaient entrées à l’hôpital pour une fracture du fémur et l’autre pour une pancréatite aiguë. "À partir de là, les langues se sont déliées. Beaucoup de personnes sont venues me voir pour me relater des faits allant de côtes cassées non détectées à des morts inexpliquées", poursuit Nancy Risacher, en charge de 10 dossiers de victimes.
Un faisceau d’indices qui fait froid dans le dos
Fin décembre 2022, la direction de l’hôpital s’est dite « désolée de la situation » et a mis en avant une « prise en charge selon les règles de l’art ».
"Les erreurs médicales ça arrive, la médecine n’est pas une science exacte, il reste encore beaucoup de choses inexpliquées. Mais 11 plaintes, ça commence à faire beaucoup. Il y a un faisceau d’indices sur cet hôpital qui fait froid dans le dos", selon Nancy Risacher.
"Je ne suis pas contre les médecins, je défends d’ailleurs des soignants suspendus. Mais il y a un problème général de l’hôpital au niveau national. Il y a un gros malaise dans le système de santé français. Et à Remiremont, il semble y avoir une conjonction de facteurs qui met les patients en danger", conclut l'avocate.