1,3 million d'habitants des Hauts-de-France vont passer du gaz B au gaz H : ce que ça change pour vous

Ces foyers vont passer du gaz B au gaz H. On vous explique ce que cela signifie.

Avec la fin programmée du gisement de gaz de Groningue au Pays-Bas, la France doit se convertir à un autre type de gaz d'ici dix ans, un chantier d'ampleur qui va concerner certains foyers dès le mois d'avril. Au total, dans les Hauts-de-France, ce sont 1,3 million de consommateurs qui vont passer, d'ici 2029, au gaz H. Explications.

 

Gaz B, gaz H, c'est quoi ?


C'est l'arrêt progressif de l'extraction de gaz à Groningue (Nord des Pays-Bas) qui est le point de démarrage de ce grand changement. C'est le plus grand gisement de gaz naturel de l'Union européenne. En raison des nombreux séismes que ces activités provoquent et qui ont endommagé des habitations, il a été décidé de cesser toute extraction d'ici 2030.

Ce gaz est actuellement utilisé par 14 millions de foyers au total en Europe (Allemagne, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas), dont 1,3 million en France, concentrés dans la région des Hauts-de-France. Mais il est quelque peu différent de celui utilisé dans le reste du pays, qui pour sa part provient de mer du Nord, de Russie ou d'Algérie. Le gaz de Groningue, 'gaz B" possède en effet un pouvoir calorifique plus faible et une pression de distribution différente. 
 

"La qualité du gaz de Groningue qui a été découvert et exploité dans les années 60 présentait des taux d'azote un peu plus élevés que le standard international", rappelle Edouard Sauvage, directeur général de GRDF, le réseau de distribution de gaz naturel en France.

Le "gaz H" (pour Haut pouvoir calorifique),  alimente déjà le reste de la France et qui vient, lui, de pays comme la Norvège, l'Algérie ou la Russie
 

Pourquoi y-a-t-il un problème pour certains foyers ?


Le passage progressif de ce gaz "B" au gaz standard (dit "H") déjà utilisé dans le reste du pays nécessite donc auparavant une vérification de la compatibilité des appareils domestiques - essentiellement chaudières et chauffe-eaux - et éventuellement un réglage gratuit par un technicien.

"En gros, il y a une grosse moitié des appareils sur lesquels il n'y a rien à faire, une petite moitié sur laquelle il y a juste un réglage à faire et il y a aujourd'hui à peu près entre 2 et 3% de matériel à changer", détaille Alain Mille, directeur du développement de GRDF.

Ces appareils anciens, de plus de 15 ans, ne sont en effet pas compatibles et leur utilisation représenterait un risque. 
 

Qui est concerné ?


Un habitant sur cinq est concerné dans les Hauts-de-France. Selon la carte de GRT Gaz, gestionnaire du réseau de transport de gaz, les zones le Nord et le Pas-de-Calais sont un peu plus concernés que la Picardie : c'est notamment le cas de la métropole de Lille, de l'Arrageois, du Boulonnais, du Douaisis, du Valenciennois, mais aussi d'une partie de la Somme et de l'Aisne, autour de Péronne.

Ailleurs, dans le Dunkerquois et les Flandres, dans le Sambre-Avesnois, dans l'Artois, les deux réseaux coexistent déjà.
 

GRDF travaille pour l'instant sur quatre zones pilotes - Doullens, Gravelines, Grande-Synthe et Dunkerque - afin de préparer la phase de généralisation qui s'étendra de 2021 à 2029.  Le premier basculement aura lieu dès le 9 avril pour les 6000 clients de la zone de Doullens, dans la Somme. "On pourra enfin avoir une vision très claire des difficultés", espère Edouard Sauvage.
 

Que va-t-il se passer ?


GRDF va vérifier toutes les installations de ses clients. "Il faut qu'un technicien passe", avait confirmé la secrétaire d'État à la Transition énergétique Emmanuel Wargon en visite à Cambrai le 21 février dernier. Ce technicien devra alors "adapter le compteur de gaz, potentiellement adapter la chaudière, et dans un petit nombre de cas, pour de très très vieilles chaudières, signaler qu'il faut la remplacer". Elle avait précisé que ces cas étaient évalués "à 3%, 5% maximum" des chaudières. Cela représente entre 39 000 à 65 000 personnes.

Pour l'instant, le principal problème réside dans la difficulté à contacter certains clients et à accéder à des logements, notamment des résidences secondaires. "Nous avons encore quelques dizaines de clients pour lesquels nous n'avons pas pu avoir accès à leur installation et nous serons obligés bien évidemment de couper (l'accès au gaz du) logement", pour des raisons de sécurité, selon M. Sauvage.
    

Du côté du médiateur national de l'énergie, on se dit "très attentif et vigilant" sur le projet de conversion, sans avoir détecté de problème jusqu'à présent.
"Pour l'instant on n'a pas de litiges, de questions, ni de remontées de consommateurs qui sont situés dans cette région et qui vont être concernées par le projet", indique Frédérique Coffre, directrice générale des services du médiateur.


Devrai-je changer ma chaudière à mes frais ?


Si vous faites partie de ces quelques dizaines de milliers de Nordistes "forcés" de changer de chaudière, la secrétaire d'État a indiqué que des aides venaient d'être publiées au Journal officiel. On peut notamment y lire que ces aides sont limitées à :
  • 4 000 € pour le remplacement d'une chaudière à gaz murale d'une puissance inférieure à 70 kilowatts ;
  • 5 000 € pour le remplacement d'une chaudière à gaz au sol d'une puissance inférieure à 70 kilowatts ;
  • 1 000 € pour le remplacement d'un radiateur à gaz ;
  • 5 000 € pour le remplacement d'un poêle ou d'un insert à gaz ;
  • 1 200 € pour le remplacement d'un appareil à gaz fournissant de l'eau chaude sanitaire d'une puissance inférieure à 70 kilowatts.
En revanche, Emmanuel Wargon a rappelé que "quand un technicien vient adapter le compteur ou la chaudière, il n'y aura pas d'avance à faire, c'est vraiment pris en charge par GRDF." La très grande majorité des personnes concernées n'aura donc pas à verser un centime.


 
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