La justice antiterroriste a décidé d'enquêter sur la tentative la veille de faire sauter une porte de la cour de promenade de la prison de Réau (Seine-et-Marne) par deux détenus, dont Smaïn Ait Ali Belkacem, un islamiste arrêté dans le Nord et condamné pour les attentats de 1995.
Tentative d'évasion, diversion, volonté de semer le trouble : les gardes à vue de Smaïn Ait Ali Belkacem, 44 ans, condamné à perpétuité pour
les attentats de 1995, et Abdelaziz Fahd, 27 ans, auront notamment pour objectif de déterminer leurs motivations exactes.
Leur cellule a été perquisitionnée lundi matin. Leur garde à vue peut durer jusqu'à quatre jours.
"Il s'agit d'une tentative d'évasion avec l'utilisation de fumigènes pour se cacher et d'explosifs artisanaux pour essayer de faire exploser une porte d'intervention qui donne accès aux patios puis au mur d'enceinte", a expliqué à l'AFP Christopher Dorangeville, secrétaire régional de la CGT Ile-de-France.
L'enquête, confiée à la PJ de Versailles et la sous-direction antiterroriste (SDAT), devra notamment déterminer comment les deux hommes ont pu se procurer le matériel nécessaire à la confection de leurs engins.
Attentat de Wazemmes
C'est la personnalité de Smaïn Aït Ali Belkacem, un ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA), qui a poussé le parquet antiterroriste de Paris à se saisir de ce dossier.
Initialement présenté comme l'artificier du réseau à l'origine des attentats de 1995, il avait notamment été condamné comme auteur principal de l'attentat à la station RER du Musée d'Orsay, qui avait fait 30 blessés le 17 octobre 1995. Il avait avoué les faits. Son ticket de métro attestait de sa présence à la station voisine de Javel juste avant l'explosion.
Smaïn Aït Ali Belkacem avait été arrêté en pleine nuit le 2 novembre 1995 dans son appartement à Villeneuve-d'Ascq. il projetait un attentat sur le marché de Wazemmes.
Projet d'évasion en 2010
En 2010, une dizaine de personnes avaient été arrêtées, soupçonnées d'avoir projeté son évasion de la centrale de Clairvaux (Aube). Des recettesde poison et de gaz mortel avaient été alors trouvées dans la cellule de Belkacem et des armes, dont une Kalachnikov, avaient été saisies chez des membres présumés du commando.
Pas de mutinerie, pas de blessés
Concernant l'incident de dimanche, "à l'issue de leur promenade, vers 19h00, ils ont refusé de regagner leurs cellules et sont allés dans un local qui sert à faire du sport, situé à côté de la cour de promenade. Ils ont ensuite utilisé des matériels et trois ou quatre détonations ont été entendues", selon une source judiciaire dimanche."Il y a deux détenus qui se sont isolés dans la cour de promenade et qui ont essayé de faire sauter une porte mais qui n'ont pas réussi", a précisé à l'AFP une source préfectorale. Le bas de la porte a été noircie, a expliqué une source proche de l'enquête.
Le périmètre a immédiatement été sécurisé et des membres de l'équipe régionale d'intervention et de sécurité (ERIS) sont intervenus vers 21h00. "Ils ont maîtrisé les deux détenus. Il n'y a pas eu d'incident, pas de mutinerie, pas de blessés".