Cimetières militaires, champs de bataille et vestiges des tranchées sont les derniers témoignages de 14/18, dont les départements français de l'ancienne ligne de front, ainsi que la Belgique, demandent l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco à l'occasion du centenaire de la Grande Guerre.
Regroupés dans l'association "Paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre", les départements du nord et du nord-est ont sonné ce samedi 8 juin 2013 à Paris la mobilisation pour obtenir symboliquement cette inscription à l'horizon 2018.
"L'homme et la nature ont effacé les traces du désastre, mais il reste les paysages", a souligné le général Elrick Irastorza, qui préside la Mission du centenaire, évoquant lors d'un colloque à l'Ecole militaire "cette balafre de plus de 700 km" que constituent de la Mer du nord aux Vosges les sites et vestiges de la guerre.
La demande d'inscription des sites au patrimoine de l'Unesco a été déposée en février au ministère de la Culture
Il s'agit, selon ses promoteurs, d'un projet "transnational", environ 80 pays ayant été impliqués plus ou moins directement dans le conflit, et de nombreux sites et nécropoles témoignent de la participation massive des troupes, britanniques, américaines, australiennes ou canadiennes aux combats sur le sol français. Pour avoir une chance d'aboutir, le dossier doit démontrer "la valeur universelle exceptionnelle" du patrimoine soumis à l'Unesco. "Nous devons démontrer que cette guerre fut non seulement mondiale, mais qu'elle bouleversa le cours de l'histoire humaine", a affirmé le président du Conseil général de l'Aisne, Yves Daudigny. Des villages "morts pour la France" D'autres critères comme "la mise en valeur et la protection des sites" entrent également en jeu. L'objectif des promoteurs est donc de "rassembler dans le monde entier" pour soutenir le projet. Outre la participation de la Belgique, des contacts ont été pris avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis et, selon M. Daudigny, "le soutien de l'Allemagne devrait être déterminant".
Au delà du centenaire de la Première Guerre mondiale, l'inscription au patrimoine de l'Unesco permettrait de pérenniser la mémoire du conflit et participerait au développement touristique et économique des régions concernées. Mais le parcours s'annonce compliqué
la France étant déjà l'un des pays les mieux dotés avec 38 biens (comme le Mont Saint-Miche) inscrits au patrimoine mondial, et la liste d'attente est longue. "Pourquoi préserver les sites de la guerre de 1914-18 ?", s'est interrogé Jean-Jacques Becker, historien spécialiste de la période. "Il n'y a rien de comparable à la Grande Guerre, par le nombre de combattants, le nombre de morts, comme par l'ampleur des destructions", a-t-il plaidé, évoquant les centaines de villages entièrement rasés durant le conflit, dont certains ont été déclarés "morts pour la France". Colin Kerr, directeur de la "Commonwealth War Graves commission" (CWGC), a évoqué pour sa part les centaines de cimetières militaires du Commonwealth en France, ou le CWGC emploie plus de 400 personnes. De nombreux sites et monuments concernés, en France et Belgique, sont d'ailleurs dédiés aux combattants étrangers. Comme le mémorial sud-africain de Longueval (Somme), le mémorial canadien de Vimy (Pas-de-Calais) ou la chapelle russe de Sainte-Hilaire
(Marne). Au total, une cinquantaine de sites et paysages ont été recensés. Des tranchées de Verdun à la crête du Chemin des Dames (Aisne). Un patrimoine qui selon Nic Vandermarlière, délégué du gouvernement flamand à l'ambassade de Belgique, "est un appel éternel pour une paix durable".