Stade Pierre-Mauroy : Partouche, actionnaire du LOSC, s'étonne de ce "naming"

Le groupe Partouche affirme que son offre de naming (2,5 M€ par an) restait d'actualité jusqu'à vendredi dernier. Déçu ne pas avoir été retenu, le casinotier, sponsor et actionnaire du LOSC, juge ironiquement le choix de donner au Grand Stade le nom de Pierre Mauroy "original et particulier".

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"C'est particulier et original". Maurice Schulmann, directeur marketing du groupe Partouche, administrateur du LOSC, reste prudent ("Pierre Mauroy est un grand homme et il mérite d'être honoré", précise-t-il) mais on sent bien que le choix de donner le nom de Pierre Mauroy au Grand Stade de Lille le fait vivement réagir.

Notre offre restait valable la semaine dernière encore !




Il rappelle que Partouche, sponsor et actionnaire du LOSC, avait fait en 2012 une offre ferme de 2,5 M€ par an (pendant 10 ans) pour s'offrir le naming du Grand Stade. Le Stade se serait appelé "Partouche Stadium" : "Notre offre restait valable la semaine dernière encore ! C'était un engagement ferme, un contrat. Même si depuis plusieurs mois, nous avions fait le deuil du naming. Nous avons fait une offre en bonne et due forme. Nous proposions 2,5 M€ par an. A part par médias interposés, et de façon un peu virulente, nous n'avons jamais eu de réponse à notre offre." 

Pierre de Saintignon, vice-président de Lille Métropole Communauté Urbaine, en charge du dossier naming, avait effectivement indiqué en novembre 2012, que l'offre de Partouche était insuffisante financièrement (il parlait de 2 M€) et que le "nom (NDLR : Partouche Stadium) ne correspondait pas à l'identité et aux valeurs de notre région". 

Un choix éthique tranché mais qui peut aussi sembler contestable venant d'élus qui ont autorisé pour la première fois l'implantation d'un casino à Lille.

Il faudrait demander aux contribuables ce qu'ils en pensent.


"Isidore Partouche s'est pris un coup sur la tête en entendant ces mots, affirme Maurice Schulmann. Il est un homme du Nord, qui a beaucoup investi dans la région. Il y avait un côté affectif dans notre offre. Entendre que son nom ne peut pas être adossé au Grand Stade l'a blessé."

Selon le directeur marketing de Partouche, il n'y pas eu d'autre offre déposée officiellement par une entreprise : "Si encore, il y avait eu d'autres offres mais là... Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. En fait, ils se sont cachés une partie de la réalité. On s'est senti invisible. Selon eux, notre dossier ne méritait même pas d'être étudié. Il faudrait demander aux contribuables ce qu'ils en pensent... S'ils n'auraient pas aimé qu'avec 2,5 M€ par an, on construise des crèches, des logements, qu'on améliore le transport... Et ce n'est pas démago de dire ça !"

Le LOSC n'a pas tout à fait le même point de vue puisque Michel Seydoux, président, a déclaré dans La Voix du Nord : "Quand on a la possibilité d’honorer une personnalité aussi importante, qui a été Premier ministre de la France, on ne fait pas de comparaison avec des choses monnayables.”

Qui va payer le manque à gagner ?

Ces déclarations de Partouche interviennent 4 jours après le vote à l'unanimité du nouveau nom du Grand Stade de Lille. Martine Aubry avait indiqué qu'en l'appelant "Stade Pierre Mauroy", LMCU renonçait officiellement au naming. La présidente de LMCU avait précisé qu'aucune entreprise, dans un contexte de crise économique, n'était prête actuellement à dépenser autant d'argent pour avoir son nom sur le stade. 

Ce choix a fait l'objet de nombreuses critiques ("Pierre Mauroy n'aimait pas le foot" "Il ne voulait pas vraiment de ce Grand Stade", "se Priver du naming, cela coûte cher", "On aurait pu donner le nom de Pierre Mauroy à la gare ou un autre bâtiment"...). 2 à 3,5 M€ par pendant 30 ans (durée de remboursement du Grand Stade), cela fait beaucoup d'argent pour certains...

D'autant que Martine Aubry a annoncé que ce manque à gagner serait comblé en partie par de l'argent public (Conseil général du Nord et Conseil régional) et la commercialisation d'espaces publicitaires dans et autour du Grand Stade. 
Partouche/Lille : des relations tendues
Les déclarations ci-dessus du groupe Partouche risquent d'envenimer encore un peu les relations entre le casinotier et la mairie de Lille. "Nous sommes en guerre froide", dit Maurice Schulmann. Car le dossier du naming a toujours eu pour toile de fond les relations tendues entre les deux parties. En 2006, Isidore Partouche n'a pas apprécié que la mairie lui ait préféré en 2006 le groupe Barrière pour l'exploitation du casino de la ville.

En novembre dans l'Express, le PDG de Partouche avait même déclaré : «Si on ne me donne pas une bonne raison expliquant pourquoi nous n'avons pas été retenus, le groupe Partouche arrêtera le mécénat du Losc dans très peu de temps : le maillot, la pub, tout».
Une menace encore d'actualité ? Pas vraiment, tempère Maurice Schulmann qui pense que ces mots ont été dits sous le coup de la déception. 
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