Jimmy Van Mullem a-t-il volontairement tué le gendarme Tapella en juillet 2010 près de Thélus ? C'est l'un des enjeux du procès qui a lieu depuis lundi à la Cour d'Assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer. Une audience à suivre minute par minute (verbatim, photos, vidéos) en direct.
Pour suivre ce direct, n'hésitez pas à rafraîchir régulièrement votre page en tapant la touche F5 de votre clavier.Vous pouvez également relire les compte-rendu complet de la 1ère journée d'audience ici et de la 2ème journée ici.
16h55 Fin de la journée d'audience.
Merci de l'avoir suivie. Reprise demain à 9h00.
16h40 Reprise d'audience
Une infirmière de 27 ans a porté les premiers secours au gendarme Tapella, juste après s'être faite doubler par une voiture qui roulait rapidement. "Je ne l'ai pas vu freiner, mais j'ai vu le véhicule juste devant moi presque piler pour laisser passer la voiture qui doublait"
"Il était blessé à la tête, il avait un bras retourné et était, sans vouloir donner de diagnostic, peut-être blessé également à une jambe"
16h15 Face à face Me Cohen-Saban / J. Van Mullem
Me Alice Cohen-Saban, avocate de la famille Tapella : "J'ai des questions sur des SMS que vous avez reçus à 21h37 et 21h43, le 19 juillet, d'un numéro qui n'est pas enregistré sur votre téléphone.
21h37 : "Là je suis devant chez Greg, tu vas rester à Combles toute la soirée ?"
21h43 : "T'inquiète, je pars de Bapaume mais j'aurai pas trop le temps"
Remarque de Me Alice Cohen-Saban :
"Quelques minutes après 22h10, vous vous connectez à internet sur votre ordinateur... Comment avez-vous fait pour revenir à pieds si vite de Combles, situé à 17 km de Vélu ? Je peux entendre que vous racontiez des conneries sur les policiers mais à un moment il faut prendre vos responsabilités !"
Jimmy Van Mullem répond qu'il avait contacté quelqu'un qui n'est finalement pas venu, qu'ils sont rentrés à pieds voire en courant de Combles. L'avocate ironise alors sur leurs capacités de coureurs de fond sous amphétamines.
15h30 Un enquêteur numérique
Lors des perquisitions : cinq téléphones et deux ordinateurs sont saisis. "Toutes les discussions d'avril à juillet 2010 sur un compte MSN (utilisé par un des deux ordinateurs) ont pu être lues par nos services".
Biloute59, alias Jimmy Van Mullem sur MSN, 20 juillet à 14h00 :
"Faut que je trouve une voiture (...) tu vas stresser (...) regarde La Voix du Nord et garde ça pour toi (...) Mon chien il est vengé et je m'en tape"
La présidente rétorque à Jimmy Van Mullem qui vient de relativiser ses propos tenus sur MSN : "Il y a mort d'homme, la plaisanterie sur les policiers on ne la comprend plus"
Biloute59 : "Si je tombe c'est 20 ans" (MSN)
- Vous pensiez à un accident ? La présidente
- "A un accident. Je ne connais pas le code pénal. Je pensais prendre 20 ans quand même" Jimmy Van Mullem
Biloute59, le 20 juillet 2010 : "Toi t'es pas accusé d'homicide volontaire !"
La présidente somme l'accusé de réagir à cette précédente phrase. L'accusé :
- "C'est en lisant la presse sur internet : ils disaient que je serai accusé d'homicide volontaire" J. Van Mullem
15h25 Nouveau passage de la Peugeot 405 sur les lieux, le jour-même
Deux gendarmes enquêteurs qui récoltaient des indices sur les lieux du drame, surprennent une 405 bordeaux le jour-même, vers 20h00 :
"Ce qui m'a surpris, c'est le regard qu'il m'a lancé et son sourire. On l'a poursuivi puis perdu de vue"
explique l'un d'eux.
Jimmy Van Mullem maintient sa version selon laquelle il est repassé effectivement sur les lieux (sans se souvenir pourquoi), et ne pas s'être rendu compte que les services de gendarmerie lui avaient demandé de s'arrêter, puis l'avaient pris en chasse.
15h00 Témoignage de la gérante de la casse
La gérante de la casse :
"J'ai demandé à un de mes fils de les suivre, puisqu'ils n'avaient pas la carte grise"
Ils sont rentrés dans une maison à Combles après m'avoir laissé la 405 et en me promettant de me ramener le lendemain la carte grise. Le lendemain, la carte grise n'était toujours pas là, mais les gendarmes sont venus.
Me Belbachir :
- "Vous laissez déposer la 405, vous voyez qu'on enlève la plaque d'immatriculation et vous attendez le lendemain qu'on vous apporte la carte grise ?"
- "Oui", répond la gérante.
- "Plus de question"
14h40 Sur la garde à vue de Grégory D.
Un gendarme à la barre rend compte des propos tenus par Grégory D. en garde à vue. Selon les déclarations de l'accusé, lui et M. Van Mullem, de retour avec la 405, se sont rendus de Vélu à Combles en voiture et sont repartis à pied pour aller chercher à Vélu la carte grise du véhicule (exigée par le ferrailleur pour prendre le véhicule).
Agrandir le plan
C'est à l'aller, en voiture, que Jimmy Van Mullem a avoué avoir renversé un gendarme à Grégory D. Sans plus de précision selon les propos recueillis par le gendarme lors de la garde à vue de Grégroy D. Toutefois Grégory D. avait vu que sa voiture était accidentée avant d'être parti de Vélu et avait vu sur internet qu'un gendarme avait été accidenté à Thélus.
14h Analyse toxicologique
Présence d'amphétamines dans le sang de Jimmy Van Mullem et de Grégory L. Une cinquantaine de nanogrammes par ml de sang : "pas une valeur extrêmement élevée, mais que l'on retrouve assez fréquemment chez des toxicomanes", commente le toxicologue.
Effets : sensation d'euphorie, augmentation des capacités physiques et mentales donc augmentation de la confiance en soi. A plus long terme, fatigue, agressivité, irascibilité, voire paranoïa, problème de sommeil, accoutumance physique et psychologique.
"Tour de France, situations de guerre, voilà le genre de situation dans lesquelles on prend de l'amphétamine ou du speed", répond l'expert à une question de l'avocat général.
"Phénomènes d'hallucinations rapportés dans certains cas de surdosage", explique le toxicologue à une question de Me Belbachir
Me Koffi, rebondit sur les réflexes en cas de consommation d'amphétamine... L'expert répond :
"Je n'ai que peu de choses à dire car il n'y a pas d'étude sur la conduite sous amphétamines puisque c'est interdit. Je peux vous dire que cela atténue les réflexes mais augmente les capacités mentales et physiques donc peu d'informations là-dessus"
Rien n'a été trouvé en revanche dans le sang de Jeannick Tapella, autre qu'un traitement anti-douleurs, prescrit par médecin.
12h15 Suspension jusque 14h
- "Vous avez procédé à la première audition de M. Van Mullem, il a dit qu'il n'avait pas dormi depuis 4 jours, comment était-il ?" demande la présidente
- "Cohérent, calme, des absences parfois, je pense provoquées par l'absorption de drogue." répond le gendarme.
- "Avez-vous appelé le médecin au cours de la garde à vue ?"
- "Je ne sais plus..."
- "Si vous l'avez fait et le médecin n'a pas jugé bon d'interrompre l'audition"
11h35 Reprise après suspension
Un des gendarmes qui a arrêté Jimmy Van Mullem et qui a mené son audition en garde à vue témoigne. Il parle de la haine de l'accusé pour les gendarmes notamment, depuis la confiscation de son chien, un American Staffordshire, qu'il détenait sans autorisation. Les procès verbaux d'audition sont évoqués. L'emploi du temps des accusés, le passage à Combles dans une casse pour abandonner la 405 bordeaux...
Avant 11h35, dans la salle des pas perdus, pendant la suspension de séance, Me Kouamé Koffi, persuadé du caractère non-intentionnel de son client, Jimmy Van Mullem, interroge : "Vous croyez qu'il s'est levé un matin et dit : "tiens je vais écraser un gendarme ?! Allons bon, c'est n'importe quoi !" L'avocat réserve maintenant sa défense pour le moment venu. Il confie que cela dépendra des réquisitions de l'avocat général.
Lequel, croisé juste avant, confiait avoir trouvé intéressante l'écoute des experts scientifiques dans la matinée...
"Mais, mes réquisitions, je les garde pour moi"
10h45 Questions aux experts
Me Koffi remet en question maintenant les experts sur la vitesse au moment de l'impact.
"L'intervalle est bien 40km/h à 45km/h", répond l'expert
- "Mais sans avoir dormi depuis 4 jours ? A-t-on le même temps de réaction ?" Me Koffi
- "On peut avoir un temps de réaction qui augmente de plusieurs secondes", concède l'expert
- "Avez-vous vu des traces de gommes sur la route ?" demande un assesseur
- "Non, mais l'absence de trace n'implique pas l'absence de freinage" répond l'expert
Peu avant, "Il y avait une voie plus une partie d'une bande d'arrêt d'urgence soit 5,50 m pour passer avec une voiture de 1,70 m de large", expliquait l'un des deux experts scientifiques.
- "Avait-il le temps de s'arrêter ?" demande la présidente
- "Sans aucun problème" répond le deuxième expert
Jimmy Van Mullem avait indiqué à la présidente, la veille, qu'il avait rétrogradé de la cinquième à la troisième à une distance de plus de 250 mètres de l'impact (3). Désormais, il conteste dans le box avoir eu le temps de s'arrêter mais ne prend pas la parole par écrit (4) comme lui propose la présidente.
10h30 Conclusions des experts
- Véhicule impropre à la circulation
- Vitesse entre 40km/h et 45km/h lors de l'impact
- Véhicule "plausiblement" orienté dans l'axe de la chaussée
- Impossible de dire s'il y avait accélération ou décélération ou vitesse établie
10h Deux experts scientifiques toujours à la barre
Les distances entre les panneaux routiers et le lieu d'impact sont annoncées. Ce qui va permettre de se rendre compte par la suite s'il y avait une distance suffisante ou non pour freiner...
L'expert parle maintenant de l'enroulement du corps sur le capot de la voiture et sur le pare-brise. Les éléments ne permettent pas de dire exactement - dans un premier temps - quelle partie du corps a heurté quelle partie de la voiture. Le gendarme emploie les mots "possible", "peut-être", "probable". Pour y répondre, les enquêteurs ont fait appel à un laboratoire de biomécanique.
Images de crash tests à l'écran
Selon les études, la vitesse du véhicule était comprise entre 35 km/h et 55km/h au moment du choc. Après affinement, entre 40 et 45 km/h.
"Il n'a pas été établi que le véhicule freinait, accélérait ou était à vitesse constante"
9h Début de l'audience
Infection pulmonaire de Daniel L. qui ne reviendra pas à la cour d'assises de Saint-Omer cette semaine. La présidente propose que le procès de Daniel L. soit disjoint et renvoyé devant un tribunal correctionnel ultérieurement. L'avocat général n'y voit pas d'opposition, ni l'avocat de Daniel L.
Deux experts sont à la barre. Il se servent d'un projecteur qui est face au jurés. La salle d'audience, elle-même face aux jurés, a un autre écran qui projette les documents des gendarmes de l'Institut de Recherches Criminelles de la Gendarmerie Nationale, IRCGN, de Rosny-sous-Bois.
- examen de la 405 bordeaux
- circonstances de l'accident
- vitesse de l'accident
- analyser des prélèvements sur la 405
- assister à la reconstitution le 23 juin 2011
Pneumatiques OK, direction assistée OK, boite de vitesse et embrayage OK... Kilométrage de 305.000 km. Disques et plaquettes de frein usés (le gendarme va y revenir (1)). Pare-brise propre et net.
Chocs au coin avant droit du pare-choc, sur le capot du véhicule (en deux endroits) et sur le pare-brise du véhicule en deux endroits également.
Quinze anomalies au contrôle technique dont commande du frein de stationnement (course importante) ; disque de frein (usure prononcée) ; plaquettes de frein (usure prononcée).
"Six de ces anomalies au contrôle technique interdisent normalement au conducteur de rouler avec un tel véhicule".
Cinématique de l'accident (2)
Le gendarme qui s'exprime à la barre énonce actuellement les lésions, traumatismes et fractures du gendarme Tapella qui ont permis à l'enquête de connaître un peu plus comment s'est passée la collision. Mme Tapella se prend la tête dans les mains et soupire.
Un examen des équipements du gendarme Tapella : ceinture, pantalon, képi etc. a également eu lieu ainsi qu'un examen - bien évidemment - de la voiture...
Sur le montant de la voiture, une trace bleutée ne correspond pas aux équipements du gendarme Tapella, selon le gendarme à la barre.
Toujours selon lui, à 17h00, au moment du drame, le 19 juillet 2010,
"Le soleil ne pouvait être que de côté"
Ce qui fait plus que relativiser les propos de Jimmy Van Mullem sur son éventuel éblouissement.
Les images projetées maintenant à la cour sont celles des lieux de "l'accident", le gendarme fait défiler des photographies comme-ci nous étions dans la voiture du suspect, qui se rapprochent au fur et à mesure de la scène de collision.
Notes
(1) Toutefois le gendarme précisera par la suite que les freins, même usés sont en état de marche(2) Le terme accident est employé ici comme l'impact, la collision entre le véhicule et la victime, et ne préjuge pas des travaux de la cours
(3) Distance mesurée par les gendarmes plus tard en fonction des distances des panneaux routiers par rapport au lieu du drame
(4) Rappel : l'accusé souffre de lourds bégaiements et le stress de son procès l'empêche de s'exprimer oralement