Le parquet de Lille a requis une peine d'un an de prison, dont six mois ferme, à l'encontre des auteurs présumés de l'agression homophobe survenue dans un bar gay de la ville (Le vice-versa), le 17 avril dernier.
L'audience a duré cinq heures, ce mercredi au tribunal de Lille. Le procès des trois présumés skins homophobes soupçonnés d'agressions le 17 avril dans un bar gay du Vieux-Lille, le vice-versa s'est terminé en début de soirée.
Le procureur a requis contre ces 3 jeunes hommes (dont deux ont milité dans les mouvements extrêmistes Troisième Voie et Jeunesses nationalistes révolutionnaires) une peine d'un an de prison dont six mois ferme. Durant l'audience, les prévenus ont nié la quasi-totalité des faits. Et leurs avocats ont jugé la peine requise disproportionnée.
Dans son réquisitoire, le procureur a affirmé qu'"aucune tolérance de la société ne peut être exprimée" à l'égard de violences à caractère homophobe, et que la peine devait être "aussi une forme d'avertissement" à l'encontre des prévenus, dont le casier judiciaire était vierge pour deux d'entre eux.
La défense, qui a réfuté le caractère homophobe des violences, s'est attachée à démontrer "un traitement hors de proportion" de l'affaire, selon l'expression employée par Me Jérémy Cateau.
Les trois hommes rentraient d'une manifestation contre le mariage pour tous le 17 avril, et affichent une certaine proximité avec des milieux d'extrême-droite. "La peine requise n'aurait pas été la même sans le contexte, et mes clients n'auraient pas été en comparution immédiate avec un casier vierge et une intégration parfaite dans la société. Une convocation par officier de police judiciaire aurait largement suffi. Ce sont des réquisitions qui ont été prises en fonction du contexte", a regretté Me Guillaume Ghestem.
"Au bout de six mois, on se rend compte qu'il a fallu cinq heures et demi d'audience pour essayer d'expliquer les choses, pour faire valoir des nullités", a renchéri son collègue de la défense Me Maxime Moulin.
"Sales pédés"
L'audience, prévue au départ en comparution immédiate, avait été renvoyée à trois reprises, notamment pour des raisons de procédure mais également pour permettre de juger des faits d'injure publique qui ne peuvent pas être jugés en comparution immédiate. Il est reproché aux prévenus d'avoir lancé les mots "sales pédés" pendant la bagarre.La défense a jugé sévère la peine requise à l'égard "de primo-délinquants, pour quelque chose qui est malheureusement courant à Lille. Vous avez toujours des rixes à la sortie de cafés, de bars, de discothèques, et vous n'avez pas un tel emballement médiatique, vous n'avez pas 12 mois d'emprisonnement requis", a déclaré Me Moulin, qui regrette la recherche "d'exemplarité" du parquet.
"La stratégie de défense adoptée est toujours difficile à accepter par mes clients, on aurait préféré obtenir des excuses, une reconnaissance des faits commis", a réagi Me Aurélien Blat, qui défend les plaignants. "Au lieu de ça, les prévenus ont essayé de botter en touche et de noyer le poisson
en essayant de présenter mes clients comme à l'origine de ce qu'ils présentent comme une bagarre", a-t-il regretté.
Deux associations, LGP Lille (Lesbian & Gay Pride) et le Sneg & Co, syndicat national des entreprises gaies, se sont portées parties civiles. La défense a par ailleurs plaidé la nullité de la procédure pour la citation pour injure publique, arguant notamment de l'imprécision de l'expression retenue, de son ou ses auteurs et du moment auquel elle a été prononcée.
Le jugement sera rendu le 27 novembre prochain.