A Calais, des Syriens en grève de la faim : "Soit on meurt ici, soit on passe en Angleterre"

"Soit on meurt ici, soit on passe en Angleterre": environ 60 migrants syriens, dont 40 en grève de la faim, occupent depuis mercredi après-midi une passerelle du terminal ferry de Calais, déterminés à y rester jusqu'à leur arrivée en Grande-Bretagne où ils souhaitent demander l'asile.

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"Take us to U.K." ("Conduisez-nous au Royaume-Uni"), "We want to talk to David Cameron" ("Nous voulons parler à David Cameron", le Premier ministre britannique NDLR), ont inscrit les manifestants sur des petites pancartes en carton, apposées à la passerelle piétonne d'accès à la gare maritime. C'est de cette situation bien en vue qu'ils ont décidé d'interpeller les autorités britanniques et françaises, sans perturber le trafic transmanche.

Pour les protéger du froid, des associations comme Médecins du monde et le Secours catholique leur ont fourni un "soutien logistique", des couvertures et des sacs de couchage dans un premier temps. Assis ou allongés par petits groupes, des bidons d'eau près d'eux, les hommes, tous en grève de la faim, se passent des cigarettes et montrent sur leurs téléphones portables des vidéos de la Syrie en guerre aux journalistes présents.

Arrivés en moyenne il y a un mois à Calais, ils ont fui leur pays en guerre, espérant trouver en France "la paix" mais ne l'ont "pas vue", explique l'un d'eux. "On pensait que la France était le pays des droits de l'Homme. (...) Mais on vit dehors comme des chiens, on est pourchassé par la police, on voit qu'on n'est pas les bienvenus, alors comment songer faire une demande d'asile ici ?", témoigne Tarik, Syrien de 19 ans originaire de Deraa, près de la frontière avec la Jordanie.

Notre choix à tous est d'aller en Angleterre.


"Soit on meurt ici, sur cette passerelle, soit on passe en Angleterre", lance l'ancien étudiant en ingénierie, arrivé à Calais il y a "un mois et cinq jours", après avoir fui la Syrie pour ne pas y faire "le service militaire de force". En Grande-Bretagne, Tarik est persuadé de trouver "plus d'humanité" et pouvoir faire venir sa mère et ses petits frères restés en Egypte grâce au regroupement familial.

"Notre choix à tous est d'aller en Angleterre car la procédure d'asile pour les Syriens est plus facile qu'en France ou d'autres pays européens (...). Nous resterons ici tant que nous serons debout", souligne en anglais Zakarya, 45 ans, originaire d'Alep, une couverture sur les épaules. Derrière sa barbe de quelques jours, Ali, 38 ans, ne décolère pas. Il a déboursé 13.000 dollars pour faire le voyage de la Syrie jusqu'à la France, où "le président dit qu'il faut aider les Syriens", dit-il en arabe. "Pourquoi le président dit une chose et la police autre chose, c'est contradictoire quand même? Ici, même les animaux sont mieux considérés que nous", s'exclame le jeune homme originaire de Damas, qui attend que sa femme et ses quatre enfants puissent le rejoindre une fois qu'il sera en Angleterre. Assise sur un tas de couvertures au bas de la passerelle, ses filles de 3 et 8
ans à côté d'elle, Chérine, 30 ans, vêtue d'un jean et d'un gros blouson noir et coiffée d'un foulard, n'a qu'une envie: revoir son fils de 10 ans et son mari qui ont pu passer en juin en Angleterre.

"Je n'ai pas vu mon fils depuis un an. Il pleure parce qu'il sait que je suis tout près. Tout ce que je veux, c'est rendre mes filles à leur père", implore la
jeune femme, Palestinienne née dans un camp de réfugiés en Syrie, prête à rester sur la passerelle car "ici il n'y a pas de changement, je vis dehors avec mes deux filles".

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