Le bassin minier à l'heure de l'UNESCO : premier bilan

Fierté, réhabilitation du patrimoine, frémissement du tourisme: le bassin minier commence à sentir les retombées de son classement à l'Unesco.

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Plus d'un an après le classement du Bassin minier du Nord/Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l'Unesco en tant que "Paysage culturel évolutif vivant", véritable victoire pour une région déshéritée, les retombées commencent à se faire sentir doucement, avec des projets ambitieux.

En juin dernier, le bassin minier fêtait le 1er anniversaire du classement à l'Unesco par deux semaines de festivités, un moment de célébration qui permet à tous de se retrouver, confie Catherine Bertram, directrice de la Mission Bassin Minier (MBM) qui chapeaute les programme de restructuration du territoire depuis 1998. "Cela permet aussi de tenir jusqu'à ce que tout soit ouvert", ajoute Catherine O'Miel, chargée du développement territorial à la MBM. 

La valorisation touristique prend du temps

Reconnaissance pour une région en souffrance, les fruits de l'inscription à l'Unesco se récoltent lentement, en particulier dans le tourisme. "Ce n'est pas flagrant, on n'a pas vu une augmentation des demandes suite au classement à l'Unesco, ou même une fréquentation décuplée sur l'offre de visites guidées qu'on avait mise en place spécifiquement sur des sites de patrimoine minier", explique Marlène Virey, de l'office de tourisme Lens-Liévin.

L'effet médiatique, tout comme l'inauguration du musée du Louvre-Lens, a toutefois piqué l'intérêt des visiteurs. "On n'est pas encore capable de proposer une semaine complète clé en main, pouvoir habiter dans un gîte fait dans une ancienne maison des mines, pouvoir rencontrer un ancien mineur... La valorisation touristique prend du temps", reconnaît Jean-François Caron, vice-président de la MBM, maire de Loos-en-Gohelle et l'un des plus fervents défenseurs du label Unesco.

Quatre "grands sites de mémoire" vont être mis en avant

La fosse d'Arenberg à Wallers, qui a servi de décor au film Germinal, le centre historique minier de Lewarde, la fosse 9/9bis à Oignies, la dernière à avoir fermé, et les terrils de la fosse 11/19 à Loos-en-Gohelle. Chacun fait l'objet d'investissements, pour à la fois réhabiliter et innover. A Oignies par exemple, dans l'ancienne salle des pendus (où les mineurs accrochaient leurs vêtements), un studio d'enregistrement va être créé. Le Métaphone, salle de concerts unique en son genre, vient d'être inaugurée sur le site. Face à cette partie moderne, la salle des machines de l'ancien puits fera office de gardienne de la mémoire.

L'objectif est de continuer à "pouvoir lire dans le paysage ce qui en fait son caractère exceptionnel et de travailler autour de la valorisation et de la mémoire. Cela n'empêche pas la transformation", explique Catherine O'Miel. "Réconcilier la population locale avec sa mémoire Au-delà des retombées économiques et touristiques, l'inscription au patrimoine mondial de l'humanité a d'abord été l'occasion de réconcilier la population avec son territoire".

Rénovation


Parmi les éléments classés, 124 cités minières, soit 70.000 logements sociaux, également témoins exceptionnels de 150 d'histoire économique et sociale. "Pour l'Unesco il ne s'agit pas de figer et de vitrifier ce patrimoine. Le meilleur moyen de le pérenniser c'est de faire en sorte qu'il puisse remplir son rôle de logement social", explique Raphaël Alessandri, directeur d'études à la MBM. Le label a permis d'engager les bailleurs à réfléchir sur les rénovations pour en faire "des objets de requalification du territoire", et parfois de poser des moratoires comme dans les cités de Pecquencourt, où il y avait un projet de détruire 40 logements, rappelle M. Alessandri.

Les travaux de rénovation version Unesco, avec un surcoût de 9.000 euros par logement, doivent débuter au deuxième semestre 2014 pour une durée de deux à trois ans. Des discussions sont par ailleurs en cours avec les ministères du Logement et de la Ville pour débloquer des fonds spécifiques à la rénovation des cités minières, selon Jean-François Caron.

"L'Unesco ne finance pas les classements. Par contre, c'est un levier pour aller négocier des financements sur les plans national et européen, à un moment où les financements publics sont de plus en plus rares", souligne Catherine O'Miel. "C'est de la confiance retrouvée. Un peuple qui coupe avec son histoire et sa mémoire part en déshérence", note M. Caron.

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