Après 156 ans d'interruption, les travaux de cette église vont pouvoir reprendre, "un projet rare"

Dans le Bas-Rhin, le chantier d’une église va reprendre après plus de 150 ans. Les travaux s’étaient arrêtés alors que la guerre entre la France et la Prusse faisait rage. Le projet est soutenu par la fondation du patrimoine : "une décision rare" pour un édifice qui n’est pas en péril.

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À travers la reprise de ces travaux, c’est une page de l’histoire alsacienne qui s’ouvre à nouveau. Il y a plus de 150 ans, la petite commune de Stutzheim-Offenheim (Bas-Rhin) inaugurait son église. Nous sommes alors en 1868.

L’édifice était ouvert aux fidèles, qui pouvaient prier et se recueillir en son sein, mais d'ultimes travaux devaient encore être réalisés. Car il manquait un élément, prévu par l’architecte mais qui n’a jamais pu être érigé : trois statues monumentales visant à orner le clocher.

En raison de la guerre entre la France et la Prusse, déclarée en 1870, celles-ci n’ont jamais pu être installées. Cela sera finalement chose faite grâce à la reprise des travaux dès cette année...156 ans après l'ouverture de l'église.

Le maire se réjouit

Si l'église de Stutzheim-Offenheim ne menace pas de disparaître, la fondation du patrimoine a tout de même estimé que des fonds méritaient d'être débloqués pour que les travaux reprennent. L'ambition du projet est avant tout de terminer la construction telle qu'elle a été pensée par l'architecte et le sculpteur à l'époque. 

"Nous avons eu le soutien de la fondation du patrimoine pour reprendre les travaux, précise le maire de Stutzheim-Offenheim, Jean-Charles Lambert. C'est une décision rare, ce n’était pas gagné car ce n’est pas une œuvre en péril."

Le coût total des travaux est estimé à 117 000 euros, un investissement conséquent pour une petite commune. C'est pour cela qu'une collecte de fonds en ligne a été lancée.

L’objectif de la cagnotte est de réunir 50 000 euros, permettant de couvrir une partie des frais liés à la conception et à l’installation des statues. À ce jour, elle a déjà récolté la somme de 35 430 euros.

Un défi artisanal et historique

Plus d'un siècle et demi plus tard, le projet va donc enfin être complété, avec l’installation de trois statues extérieures, conformément aux plans initiaux de l’architecte. Les trois statues de 2,50 mètres viendront orner le clocher : il s’agira d’une représentation de la Vierge Immaculée, ainsi que de représentations de deux saints patrons de l’église, Pierre et Paul.

"On vient de signer la commande, indique le maire. Désormais, il faudra notamment trouver une carrière qui possède le même type de grès."

En Alsace, le grès est une roche de construction très prisée par les sculpteurs. "Je vais aller chez un carrier, il faut chercher du premier choix, c’est-à-dire le grès le plus fin." confie Hugues Gartner, sculpteur au sein de la Scop Scherberich à Colmar et missionné par le maire dans le cadre de cette réalisation.

Celui qui devra s’atteler à la construction des statues a bien conscience de l'aventure dans laquelle il s'engage. "Le défi, c’est d’arriver à intégrer sur ce bâtiment quelque chose qui ne tranche pas, qui ressemble à ce qui se faisait à l’époque."

Il y a eu un long travail d’enquête, notamment sur le sculpteur, afin de connaître son style et de pouvoir le reproduire.

Hugues Gartner, sculpteur

Ses recherches, entre l’université de Strasbourg et le cabinet des Estampes, l’ont mené de fil en aiguille à un architecte, Mathias Jéhu, et un sculpteur, Eugène Dock. "La particularité d’Eugène Dock c’est qu’il ne signait pas ses œuvres. Il est ce que j’appelle un trou noir au 19e  siècle. Pourtant, le cabinet des Estampes de Strasbourg m’a indiqué que leur collection d’estampes d’Eugène Dock était la plus grande. Ils en comptent environ 1500 !"

Le sculpteur a d'ores et déjà réalisé des croquis. Dès le début du mois de décembre, il commencera à travailler sur des maquettes. Les statues pourront ensuite être érigées au sommet de l’Eglise dans le courant de l’année 2025.

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