L'association de consommateurs UFC-Que Choisir dénonce la dégradation du réseau 3G, orchestrée selon elle par les opérateurs de téléphonie mobile pour inciter au passage à la 4G. Ces accusations s'appuient sur une étude effectuée en partie à Lille.
L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a annoncé mardi avoir saisi l'Arcep, le gendarme des télécoms, pour dénoncer la dégradation du réseau 3G, orchestrée selon elle par les opérateurs pour provoquer une migration forcée des utilisateurs vers la 4G. "Les opérateurs ont fait de la 4G un enjeu stratégique majeur (...) Et il n'y a pas de meilleure façon de valoriser la 4G qu'en dégradant la 3G", a dénoncé le président de l'association, Alain Bazot, lors d'une conférence téléphonique. "Il y a une diminution de la qualité de l'offre (3G), ce qui conduit à une valorisation tout à fait artificielle et provoquée de la 4G", a-t-il accusé.
Après une première étude dénonçant une mauvaise qualité du réseau 3G en janvier, l'UFC a publié les résultats d'une seconde analyse effectuée à Lille, mais aussi en Ile-de-France, à Toulouse et à Grenoble. Ses mesures sur les services vidéo, audio et de téléchargements d'applications montrent une dégradation toujours plus prononcée de la couverture. Trois opérateurs sur quatre offrent une qualité de réseau dégradée par rapport à janvier. Seul Bouygues Télécom améliore légèrement ses services. "Free se singularise comme étant lanterne rouge des opérateurs", a précisé Alain Bazot.
Free montré du doigt
La filiale d'Iliad, le groupe de Xavier Niel, affiche les plus mauvaises performances sur son réseau propre, même si le débit s'améliore quand il passe par le réseau d'Orange (en itinérance). Une perspective "inquiétante" pour l'UFC, alors que Free s'est engagé à couvrir 75% de la population avec son propre réseau en 2015. Le quatrième opérateur a vertement réagi mardi aux accusations de l'UFC, menaçant de traîner l'association devant les tribunaux. "UFC parait regretter le temps paisible de l'oligopole. Free va saisir la justice contre UFC, qui s'appuyant une nouvelle fois sur une étude partielle et partiale avec une méthodologie très contestable qui ignore la réalité de l'usage tente d'accroitre sa notoriété au détriment de Free", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'opérateur.De son côté, l'association, qui dénonce également "la dégradation des offres 3G de Bouygues Telecom", n'hésite pas à qualifier ce constat d'"illogique". Le départ d'un million de consommateurs vers la 4G aurait en effet dû "désengorger le réseau 3G", encore utilisé par 35 millions de Français. En conséquence, l'UFC a saisi l'Autorité de régulation des communications électroniques pour endiguer ce démantèlement organisé. "L'UFC-Que Choisir dénonce un risque réel de transhumance forcée des consommateurs vers la 4G, et en appelle au régulateur des télécoms pour éviter ce risque", a annoncé l'association dans un communiqué. L'UFC demande notamment au gendarme des télécoms de fixer des "exigences sur une qualité minimale de service pour la 3G", que les opérateurs devraient respecter pour obtenir l'autorisation d'exploiter les fréquences 4G. L'association a également lancé un observatoire de la couverture de l'Internet mobile, via une application gratuite. Les consommateurs peuvent ainsi participer aux tests de la qualité du réseau sur le territoire français.