Le gouvernement envisage de réduire le nombre de régions de 22 à 15. En Picardie, les élus craignent de voir leur région démantelée. La Somme et peut-être l'Aisne pourraient être rattachées à l'avenir au Nord Pas-de-Calais.
L'opposition de droite à l'assemblée régionale de Picardie a exprimé mercredi sa crainte de voir disparaître la région, après les propos du président François Hollande mardi sur une réorganisation territoriale et du député PS Thierry Mandon, mercredi, sur une réduction du nombre de régions. "Je m'inquiète de l'avenir de la Picardie après les déclarations du président de la République, parce que le schéma qui est proposé est à l'évidence un schéma de disparition des petites régions en termes de population", a déclaré Christophe Coulon (UMP), président du groupe d'opposition Envie de Picardie à l'assemblée régionale, qui regroupe notamment les élus UMP, Nouveau Centre et UDI.
Le nombre de régions - 22 aujourd'hui en métropole - devrait passer à "une quinzaine", a annoncé mercredi sur RMC le député PS Thierry Mandon, codirigeant du conseil de la simplification voulu par le chef de l'État.
Pour défendre notre région #picardie, signez la pétition http://t.co/rMnVV0GW25
— Christophe COULON (@chcoulon) 16 Janvier 2014
Le scénario envisageable serait que le département de l'Oise rejoigne l'Ile-de-France et que celui de la Somme soit rattaché au Nord Pas-de-Calais.Pour le département de l'Aisne, trois schémas sont plausibles : une intégration au Nord Pas-de-Calais, un rattachement à la Champagne-Ardenne, voire une partition entre Nord Pas-de-Calais (Thiérache, Vermandois) et Champagne-Ardenne (Laonnois, Tardenois, Orxois, Brie champenoise), si l'existence des départements venait à être remise en cause au profit des métropoles et des communautés d'agglomération.
Interrogé par L'Union, Yves Daudigny, le président PS du Conseil Général de l'Aisne, propose une quatrième solution : la fusion des régions Picardie, Nord Pas-de-Calais et Champagne-Ardenne. "Si l’on propose une évolution, autant qu’elle soit sensible et permette de mettre en place une stratégie forte", justifie-t-il.
Les élus régionaux picards opposés au démantèlement
Le démantèlement de la Picardie avait été implicitement suggéré en 2009 par un comité présidé par l'ancien Premier ministre Edouard Balladur (UMP), qui avait émis 20 propositions. "L’objectif consistant à doter les régions d’une population moyenne de l’ordre de 3 à 4 millions d’habitants serait de nature à leur donner force et vigueur.", pouvait-on lire dans le rapport remis à Nicolas Sarkozy. "Aussi le Comité suggère-t-il que le périmètre de certaines des régions françaises soit revu, de telle manière que, sans méconnaître la force de certaines identités régionales attachées à des territoires d’importance inégale, le découpage des régions leur permette de mieux prendre rang dans l’ensemble européen des régions."##fr3r_https_disabled##A l'époque, des dizaines de milliers de personnes avaient réagi par la négative en signant une pétition "Touche pas à ma Picardie". "Pour ma part, je suis complètement défavorable à la disparition de la Picardie", a conclu Christophe Coulon, pour qui "l'échelon territorial des régions est aujourd'hui le bon échelon, l'échelon pertinent pour faire du développement". "On s'est battu pour que la Picardie existe en tant que
telle, quel que soit le gouvernement, de droite ou de gauche. Je poursuivrai cette bataille", a réagi auprès de l'AFP Claude Gewerc, président (PS) de la région. "Le président de la République a parlé de rapprochements qui pourraient avoir lieu, il n'a jamais cité un nombre", a-t-il ajouté. "Il n'est pas question pour moi que la Picardie disparaisse", a insisté M. Gewerc.
Retour vers le passé ?
L'actuelle région Picardie a été créée par un décret de juin 1960. Mais son territoire - addition des départements de l'Oise (60), de la Somme (80) et de l'Aisne (02) - ne correspond pas à celui de la Picardie historique.Le sud de l'actuelle Picardie (Loannois, Valois, Soissonnais) était rattaché au domaine royal, c'est-à-dire l'actuelle Ile-de-France.
Côté nordiste, en tout cas, la perspective d'un rapprochement avec la Picardie ne semble pas susciter les mêmes réserves. "J’ai toujours considéré que nos régions étaient d’une taille inférieure à ce qu’elles devraient être au regard de la dimension européenne, donc je suis plutôt favorable à la proposition du chef de l’Etat", a déclaré Patrick Kanner, le président socialiste du Conseil Général du Nord, à France 3 Nord Pas-de-Calais. "Si la région Nord Pas-de-Calais devait évoluer, c’est vers le sud naturellement que nous devrions aller et porter nos regards".