Natacha Mougel : le procès d'Alain Penin en direct (3ème jour)

3ème jour ce mercredi du procès d'Alain Penin, accusé d'avoir tué Natacha Mougel en 2010. Photos, témoignages, vidéos, verbatim : l'audience en direct de la Cour d'Assises du Nord à Douai, minute par minute. 

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17h05 : l'audience est suspendue

Retrouvez la suite des débats en direct sur notre site demain matin.

17h00 : "comme si on m'avait amputée"

La disparition de Natacha Mougel a évidemment profondément affecté ses proches. Son père, Yves Mougel, dit à propos de la perte de sa fille : "je suis mort comme ma femme, on ne survit que pour Franck (le frère de la victime), sa femme et nos petits enfants"

Annick Mougel, la mère de la victime : "C’était toute ma vie, elle était ma force de vivre. J’ai l’impression d’avoir basculé dans une autre vie, en enfer. C’est comme si on m’avait amputée".


16h45 : "une très belle fille, très sollicitée"

Une enquêtrice de personnalité revient maintenant sur le parcours de Natacha Mougel, victime d'Alain Penin. Elle avait 29 ans.

Elle est décrite par ses parents comme "une enfant facile, très affective, tendre, rayonnante".

Diplômée d’un BTS comptabilité en 2001, elle est embauchée très rapidement dans un cabinet où son travail est très satisfaisant. "Une bonne mentalité, une bonne éducation" selon son employeur.

Elle aura deux autres emplois avant d'être recrutée en juin 2008 à Décathlon, où son travail est là aussi félicité.  "investie, très travailleuse", dit-on d'elle. "Collaboratrice pétillante, souriante, avec un bon sens de l’humour. Une très belle fille, très sollicitée"

Selon ses amis Natacha Mougel "avait toujours besoin de bouger, elle aimait danser, les balades à vélo. Toujours à l'écoute, sportive, et très heureuse à l'heure de ses trente ans".



16h00 : "je me mets à courir comme une dératée"

Catherine, joggeuse aujourd'hui âgée de 43 ans, a croisé plusieurs fois Alain Penin dans le quartier du Septentrion à Marcq-en-Baroeul où Natacha Mougel a été enlevée le 5 septembre 2010. Elle l'a vu fin août et le jour même du crime.

Elle raconte, en sanglots, et en regardant régulièrement l'accusé dans son box :

"Le 22 aout 2010 je fais mon jogging, je viens de rentrer dans le quartier (Septentrion), je me fais doubler par une super 5. Cette voiture reste trois mètres devant moi et roule à la même vitesse que moi. Je suis inquiète, puis la voiture accélère. On est dans un quartier de campagne, la route est sinueuse et je ne vois plus la voiture. Quatre minutes plus tard j’aperçois un homme caché par des poteaux électriques. La personne ne bouge pas, je m’inquiète mais je continue.

Quand j’arrive à hauteur de ces poteaux, une autre voiture arrive et je vois Alain Penin, les mains dans les poches, qui me regarde fixement. Je panique je me mets à courir comme une dératée. Et là je cours je cours avant de tomber sur des cyclistes que je suis. Puis je rentre chez moi

Le 5 septembre 2010, alors qu'on court, je veux montrer à mon mari ce que j’avais vécu ce jour là et on retourne sur les lieux. Et j’ai à peine fini de lui expliquer que j’aperçois Alain Penin là, dans sa voiture, au même endroit".


Le lendemain, quand Catherine entend les actualités et la disparition de Natacha Mougel à Marcq-en Baroeul, elle a "tout de suite compris ce qu'il s'était passé".

"C'est tout à fait possible", commente Alain Penin.


Juste avant Catherine, une autre joggeuse a témoigné de ses "rencontres" avec Alain Penin​, qu'elle a aperçu quatre fois entre le 16 et le 22 août 2010 dans le quartier du Septentrion à Marcq-en-Baroeul.

Isabelle s'est elle aussi sentie directement menacée le 22 août. Voici son récit :

"Ce dimanche, m’a attendue avec la voiture dans le parking. J’ai marché très très vite, il y avait quelque chose d’anormal, la voiture s’est remise en route m’a doublée et s’est garée plus loin. Je me suis arrêtée en attendant que quelqu’un d’autre passe. Un cycliste est passé et j’ai suivi son rythme pour quitter les lieux".

Là aussi, Alain Penin confirme qu'il était probablement sur les lieux : "C’est possible qu’elle m’ait vu un jour où je faisais du repérage, mais je ne me souviens pas précisément cette dame. Mais c’est tout à fait possible".


15h45 : Aurore, 15 ans, "a tout fait pour oublier ce moment"

Aurore, une adolescente aujourd'hui âgée de 17 ans, a peut-être croisé la route d'Alain Penin à proximité d'un parc à Marcq-en-Baroeul durant l'été 2010 (juste avant le meurtre de Natacha Mougel dans la même commune). Entendue par les policiers elle raconte ceci :

"J’étais en train de faire un jogging accompagnée d’un ami. Il était parti chez une copine et moi je l'attendais sur le trottoir. Un monsieur est arrivé en voiture et m’a demandé d’enlever son frein à main parce qu’il avait la main droite bloquée.

J’ai refusé, et il a sorti la main gauche par la fenêtre. Mon ami à ce moment là est arrivé et ce monsieur a retiré son frein à main avec la main droite et est partie à toute vitesse".


Alain Penin dément avoir déjà vu cette personne : "Ce n’est pas moi. Tout ce que j’ai fait je l’ai reconnu, mais ce n’est pas moi. Ça serait vrai, je le dirais. Je suis formel je n'ai pas tenté d'enlever cette personne".

Aurore dit le reconnaître encore aujourd'hui. L'adolescente et sa famille avaient pris contact avec la police après l'arrestation de l'accusé et la diffusion de sa photo. 

L'avocat de l'accusé rappelle lui que le mode opératoire n'est absolument pas le même que dans le dossier.

15h30 : Alain Penin n'a jamais dit pourquoi il était en prison

Un ex codétenu de l'accusé, dans une lettre, écrivait avoir déjà entendu Alain Penin, qu'il qualifiait de "pointeur", se vanter d'avoir fait un rêve érotique qui le mettait en scène avec sa soeur, et qu'il avait pris plaisir à faire ce rêve. 

Alain Penin, qui dit avoir connu un incident avec l'auteur du courrier, déclare que tout cela n'est que pure invention, et qu'il n'a jamais dit à qui que ce soit. "Je savais très bien que quelqu'un qui est en prison pour des faits comme moi ne doit pas s'en vanter". Les "pointeurs" sont en règle générale très mal vus par les autres détenus en prison...

L'auteur de cette lettre, qui était cité comme témoin cet après-midi, ne s'est pas présenté à l'audience.

Un autre ex codétenu à Loos en 2007 a lui aussi témoigné en défaveur d'Alain Penin, en faisant mention de son obsession sexuelle qui selon ses propos en était "pénible". Ce témoin s'était manifesté spontanément après l'interpellation médiatisée d'Alain Penin pour le meurtre de Natacha Mougel.


14h45 : l'audience reprend 

A la barre, le premier témoin cet après-midi est une "connaissance" d'Alain Penin, qui raconte sa rencontre avec l'accusé : 

"J’ai connu Mr Penin en prison, après je l’ai revu dans un foyer à Tourcoing, j’étais dans la même chambre que lui. C’était quelqu’un de très sale.

Je sais qu’il aimait bien aller dans le métro filmer sous les jupes des filles. Je l’ai présenté à ma copine qui avait très peur de lui, soit-disant qu’il tournait autour de chez elle.

Il allait aussi sur des sites pornographiques et zoophiles
", dit Philippe.

La Cour rappelle que la compagne du témoin avait déclaré lors d'une déposition qu'Alain Penin l'avait insultée et menacée, et que l'accusé lui racontait avoir des relations sexuelles avec Philippe.

Invité à réagir, Alain Penin déclare que "90% de ce que (le témoin et sa compagne) disent est faux". Il reconnaît néanmoins avoir consulté des sites pornographiques et zoophiles, "juste par curiosité".


13h30 : suspension d'audience

Les débats reprendront à 14h30.


12h55 : la dangerosité de l'accusé

Le Dr Jean-Luc Ploye, expert psychologue, a un avis assez tranché sur le risque de récidive chez Alain Penin :

"Je ne ne peux pas dire ce qu'il fera dans 15 ans mais je considère sa dangerosité criminelle extrêmement importante, encore agissante, et je suis extrêmement réservé quant à ses capacités de réinsertion.

Quand on a une lecture clinique de sa personnalité, le temps est suspendu. 2004, passage à l’acte. 2010, pratiquement le même mode opératoire.

Entre les deux il avait une injonction de soinsTotale inefficacité, il faut dire les choses clairement.
Il y a un travail extrêmement important à faire en ce qui le concerne.


On peut supposer que s'il ne s'était pas fait arrêter, il aurait repris la route pour violer, et sans doute tuer".

En remerciant l'expert après son exposé, la présidente de la Cour déclare "merci pour votre analyse complète, même si elle fait froid dans le dos".


12h45 : les caractéristiques du violeur en série

Poursuite de l'examen de la personnalité d'Alain Penin, avec le rapport de Jean-Luc Ploye, expert psychologue qui a déjà examiné Francis Heaulme, Michel Fourniret, ou encore Marc Dutroux : 

"Aucune vibration émotionnelle (quand l'accusé parle du meurtre de Natacha Mougel). Il est dans le narratif. Il va raconter une histoire, mécaniquement. Aucune souffrance, aucune culpabilité. Il ne va pas s’apitoyer.

Il s’approprie la victime, c’est sa chose. Il repère ses victimes, tel le chasseur qui poursuit sa proie. 

C’est un tueur organisé. Après (le meurtre) il a repris la route, puis il est revenu pour effacer les traces. On ne peut absolument pas parler en ce qui le concerne d’état second, de violence qui amène la violence. Non. Conscience, organisation.

Il  a une personnalité qui pourrait ressembler à celle de Michel Fourniret (tueur en série). Là aussi avec une problématique sexuelle, avec également une espèce de toute puissance totale
. Mr Penin est un pervers sexuel".


12h30 : l'obsession sexuelle

Le docteur Ploye l'illustre avec les test de psychologie qu'il a soumis à Alain Penin, lors de leur entretien en mars 2001) :

"Sur une planche test qu’on lui présente, ou 98% des sujets vont voir une chauve-souris ou un petit nounours, lui voit un sexe de femme. Il est envahit par cette problématique. Sur une autre planche « On dirait une fille qui a ses règles, je ne vois rien d’autre ». Encore sur une autre planche : « des sous-vêtements féminins ». 

Deux ans et demi après (le meurtre de Natacha Mougel), c’est encore extrêmement enkysté dans son fonctionnement
" dit l'expert.


12h15 : un prédateur

Jean-Luc Ploye évoque le rapport aux femmes d'Alain Penin

"Il me dira qu’avant 2004 (viol avec arme de Sylvia Peromingo), il s’était déjà essayé. Je vais le comparer à un chasseur, un prédateur. Il repère un territoire où il y a des proies. Il est organisé" dit le psychologue.

"Il a énormément de difficulté à mettre en place une relation harmonieuse avec une femme. C’est pratiquement impossible.

Le seul moment d’humanité que j’ai vu chez Mr Penin, c’est lorsqu’il me parle d’une rencontre avec une visiteuse de prison (Sabrina, qui a témoigné hier. Voir le compte rendu de mardi). "Celle-ci, aucun fantasme autour d’elle parce que je me suis rendu compte qu’elle me ressemblait" m'a-t-il dit
".


12h00 : la sexualité d'Alain Penin en question

Le psychologue poursuit son analyse :

"L’organisation de la sexualité de Mr Penin, commence par l’organisation de la sexualité de ses parents. Soit dans la réalité, soit dans le fantasme.

Il me dira qu’à plusieurs reprises, il était rejeté par les filles. C’était son ressentiment. Premier rapport sexuel à 25 ans, avec une mauvaise expérience qui s’est transformée par de la frustration. « Je vais me comporter autrement avec les femmes pour qu’elles m’apportent ce que je leur demande ». Il raisonne comme ça.

Il dormait dans la chambre de ses parents. « Je voyais bien des choses, mais je ne comprenais pas bien ». Ne pas comprendre, c’est fantasmer.

Il me dit qu’il aurait été violé par sa sœur aînée quand il avait une dizaine d’années et dit d’autre part qu’il a des soupçons concernant un contexte incestueux entre son père et sa sœur (qui se serait déroulé dans un endroit isolé, près d'une forêt). Peu importe si c’est réel ou pas, le fantasme est là
".


11H45 : Après une courte suspension, l'audience reprend avec le rapport d'un expert psychologue

Jean-Luc Ploye a rencontré Alain Penin à la maison d'arrêt de Sequedin en Mars 2011, six mois après le meurtre de Natacha Mougel. Ce psychologue a notamment déjà examiné Francis Heaulme.

Il précise qu'il a consulté le prévenu en ne souhaitant pas connaître le dossier. "C'est Mr Penin lui même qui m'intéresse".

Voici le début de son analyse :

"Alain Penin a un niveau intellectuel tout à fait normal. En matière criminelle, quand il transgresse un interdit, il sait très bien ce qu’il fait.Il a le potentiel intellectuel pour s’inscrire dans une logique criminelle de manière froide et organisée.

C’est un pervers narcissique, avec un besoin de compensation de toute puissance. (lors du passage à l'acte) Il a le comportement d’un être tout puissant Et en face, c’est une chose. Un objet. Ça ne le concerne pas.

Et si la victime se défend, il y a à ce moment là un déferlement d’une extrême violence
".

Le psychologue ajoute que "quand il était petit on l’appelait « le petit gros ». Il y a chez lui des blessures narcissiques importantes."


11h15 : Alain Penin a-t-il trompé les experts, ou a-t-il été emporté ensuite par les tentations extérieures ?

C'est une question qui est régulièrement posée depuis le début du procès. L'expert psychiatre donne son avis : 

"Il a trompé ses interlocuteurs et il s’est trompé lui-même, parce que l’excitation de l’idée de viol était trop grande. Il aurait pu appeler au secours, c’est ce que font certains sujets. Ça, il ne l’a pas fait".


11h00 : pourquoi Alain Penin a commis ces crimes ?

Le Docteur Zagury est interrogé par Me Abderrahmane Hammouch, avocat de la défense, sur les facteurs qui amené à la conduite criminelle de l'accusé. 

L'expert répond :

"Il faut distinguer la réflexion philosophique et le processus médico-légal. Si on se veut philosophe, on peut dire son enfance, la proximité de la sexualité de ses parents, son physique etc.. Tout cela ne pèse pas en faveur de l’épanouissement de la personne bien évidemment, mais ça c’est de la psychologie.

Mais d’un point de vue psychiatrique… Y a-t-il une maladie mentale ? Non ! Y a-t-il un  facteur aliénant lors du passage à l’acte ? Non !
"


10h45 : en demande-t-on trop aux experts psychiatres ?

La question est posée au Dr Zagury par Me Stéphane Maître, avocat des parties civiles. L'enjeu de ce procès est la question de la récidive, et de comprendre comment on a pu accorder une libération conditionnelle à Alain Penin.

L'expert psychiatre donne son point de vue sur la question :

"On estime évident que le juge d’application des peines, les éducateurs, les conseillers de probations et les psychiatres se sont trompés. Et bien ce n’est pas une évidence ! Si ça l’était, il y aurait des pays qui seraient supposés travailler mieux que nous où il n’existerait aucune récidive !

A partir du moment où un homme a un libre arbitre, il a la possibilité de faire ou de ne pas faire. Mais nous, comment peut-on le savoir par avance ?

On va dire ce qu’il faut faire, définir des facteurs de potentielle récidive, mais on ne peut pas aller plus loin ! La psychiatrie a pour but de soigner les maladies mentales, mais là, ce n’est pas un malade mental !

Les experts ont un point de vue incertain parce que la vie est incertaine. On ne peut pas dire ce qu’un homme va faire dans dix ans ! On demande parfois à la psychiatrie des réponses qui ne relèvent pas de questions psychiatriques
".


10h30 : la récidive était-elle prévisible ? 

Alain Penin, condamné en février 2006 à 10 de réclusion pour le viol avec arme en mai 2004 de Sylvia Peromingo, a donc récidivé le 5 septembre 2010 avec la tentative de viol et le meurtre de Natacha Mougel, alors qu'il était en liberté conditionnelle depuis moins d'un an. Ce dernier crime était-il évitable ?

Le Dr Zagury donne son avis  : "En 2004, prenons 10 sujets qui ressemblent à Alain Penin, 9 ne vont pas récidiver. Honnêtement, c’est facile de prévoir l’avenir aujourd'hui quand on connaît déjà l’histoire.

Entre 2004 et 2010, Alain Penin n’a pas rencontré quelque chose qui a changé sa vie, entre les deux il ne s’est rien passé qui aurait pu permettre à son parcours de prendre une autre orientation. Mais ça, on le sait après
".

Et le psychiatre d'ajouter : "Si le sujet ne s’empare pas ne serait-ce qu’un tout petit peu des soins qui lui sont proposés ou imposés, ça ne changera rien !

Vous pouvez lui mettre une consultation par jour, ça ne changera rien
".


10h15 : Alain Penin est-il un tueur en série ?

Le Dr Thevenon, médecin coordonnateur qui a dirigé le suivi médico-judciaire d'Alain Penin après sa libération conditionnelle à partir de septembre 2009, disait lundi à l'audience que l'accusé présentait un profil de tueur en série. 

Aujourd'hui le Dr Zagury nuance ce diagnostic : "La définition du tueur en série, c’est 3 ou plus de 3 homicides. Les tueurs en série ont une plus grande capacité à ne pas se faire appréhender, une plus grande organisation".


10h00 : pouvait-il s’arrêter ?

Alain Penin aurait-il pu cesser son agression et laisser Natacha Mougel en vie ?

"Plus on avance dans les séquences criminelles qui s’enchaînent, moins la capacité d’interrompre cette suite criminelle est possible", analyse le psychiatre.

L'expert poursuit : "Il est capable au début, moins par la suite. C'est un archétype de la criminologie, Le premier coup est mnésique (conscient), et tout le reste est brouillé dans un bégaiement gestuel, dans un acharnement psychique frénétique, même chez le sujet le plus normal. Je ne pense pas qu’il est capable à ce moment là de contrôler. Il y a un point de non-retour dans sa tête.

Il y a un moment où il bascule. Il ne supportait pas ces cris, il faut tuer au plus vite. C’est un archétype, quelque chose qu’on entend tout le temps. Il était pris dans un processus irréversible".


9h45 : "ce n'est pas un malade mental"

Le psychiatre poursuit l'analyse de la personnalité d'Alain Penin :

"Le recours à l’acte pervers n’a rien à voir avec le passage à l’acte délirant. Il (A. Penin) affirme que toute sa vie psychique était constamment polarisée par l’envie de commettre un viol.

Alain Penin décrit très bien comment à de nombreuses reprises il a imaginé passer à l’acte, mais ne l’a pas fait parce que les circonstances ne le permettait pas (présence de témoins par exemple).

On a l’impression qu’il se regarde en train d’agir, Il évoque ce qu’il a fait, mais pas ce qu’il a vécu. Il évoque une stratégie élaborée, la recherche de la victime est en elle-même une sorte d’excitation. Il dit avoir fait 5000 kilomètres en quelques mois (pour "chasser".)
". Il est par ailleurs établi qu'Alain Penin a parcouru 1000 kilomètres durant les six jours qui ont précédé le meurtre de Natacha Mougel.

"Alain Penin décrit très précisément ce que d’autres ne rapportent pas. Il existe un contraste très net entre le récit du viol et celui du meurtre comme ci celui-ci avait échappé à son contrôle" dit le Dr Zagury.

Constamment son récit invoque le plan initial qu’il avait anticipé

"Il dit « la seule violence, c’est quand j’attrape la victime dans mon schéma ».L’homicide n’est pas anticipé mais résulte de l’échec de la première séquence. La raison invoquée (pour justifier le meurtre de Natacha Mougel), c’est d’en finir avec les cris et les râles.

Sur le plan psychiatrique et médico-légal, sa responsabilité est entière. Ce n’est pas un malade mental
".

Le Dr Zagury remet clairement en cause la justification des actes par les "pulsions" dont parle souvent Alain Penin : "C’est toute la différence entre la vague qui vous emporte et la capacité de différer. Il faudrait renoncer à ce terme de « pulsion » qui est un peu facile".


9h30 : "aucune censure ne le retient"

"Il semble avoir été mêlé à la sexualité de ses parents, n’ayant pas été suffisamment à distance des bruits notamment (proximité de la chambre de ses parents)", dit le Dr Zagury à propos d'Alain Penin.

"Il dit avoir fait l’objet d’abus sexuels de sa sœur adolescente, elle-même abusée par le père. Il en parle avec un certain détachement, comme si cela ne le concernait pas. 

C’est un indice de ce clivage psychique. Ce sont des événements qui sont supposés l’avoir bouleversé, mais dont il parle comme si cela ne concernait pas directement
".

Extrême crudité du récit des faits 

"Il ne se rend pas compte de l’effet que cela peut avoir sur son interlocuteur. Aucune censure ne le retient, il n’y a pas de filtre.

Tempérament secret, solitaire, son émotivité est enfouie.

Ce qui est très frappant, c’est l’extrême médiocrité de ce qu’il pense de lui-même. Il est persuadé qu’il ne peut pas être désiré (par les femmes). Pauvreté affective et sexuelle. Il est convaincu qu’il ne peut pas séduire.

Il y a une dimension centrale de la revanche, de la vengeance, et d’obtenir par la force ce qu’il ne peut pas obtenir par la séduction. Il a une activité masturbatoire fréquente et centrale".



9h15 : Reprise des débats

L'audience s'ouvre avec le témoignage du Dr Zagury, psychiatre qui a consulté Alain Penin à la maison d'arrêt de Sequedin en décembre 2010, trois mois après le meurtre de Natacha Mougel

L'expert livre son analyse de la personnalité de l'accusé :

"Ça n’est pas un malade mental psychotique. C’est quelqu’un qui a beaucoup de mal à entrer en contact avec lui-même, avec ses émotions. Il (Alain Penin) parle de ces événements avec une certaine extériorité. Le récit est très souvent événementiel. Il l’exprime sans affecte, sans émotivité, comme s’il parlait de quelqu’un d’autre.

Les liens familiaux ont été problématiques, ont été rompus. Il se demande lui-même pourquoi il n’a pas pleuré à l’enterrement de sa mère, ni celui de son père.

Sa biographie est dominée par la grisaille, la banalité, la médiocrité dans une certaine rudesse
".
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