LOSC-RC Lens-VAFC : pourquoi l'affaire du stade prend un tour politique

Percheron, Aubry, Létard, Quiquet, Henno, Robert... Les politiques du Nord pas-de-Calais ont tous leur avis sur "l'affaire" du stade du RC Lens pour l'année prochaine. Débat politique, affaire politique, solution politique ?

1. Au départ, une décision politique : l'Euro 2016 à Bollaert

Les discussions, tractations, recherche de financement ont duré pendant des mois. Avant de finalement décider que le stade Bollaert sera rénové. Une rénovation indispensable pour accueillir l'Euro 2016. L'enjeu est de taille pour Lens qui ne veut pas rater le train d'une grande compétition internationale et en profiter pour donner un coup de neuf à un stade devenu obsolète (la dernière rénovation date de 1997). 

Cette rénovation est financée par l'argent public. 70 millions d'euros répartis entre l'Etat, le Conseil général, régional...
Financement de la rénovation du stade Bollaert | Create Infographics
Au départ, cette rénovation devait coûter près de 100 millions d'euros mais le projet a été revu à la baisse. A une condition : que le stade Bollaert soit complètement fermé pendant les travaux, pour une durée d'un an à dix-huit mois.

C'est donc là que les ennuis commencent. Quand cette décision a été prise fin 2012, personne n'a clairement évoqué le "problème". A l'époque, l'important était d'abord de rénover le stade : "On trouvera bien une solution", se disaient sans doute les décideurs dans ce dossier. Un manque de prévoyance qui se paye aujourd'hui à quelques mois du début des travaux qui arrivent en même temps qu'une éventuelle remontée de Lens en Ligue 1...
 


2. Stade Pierre Mauroy : qui décide ? 

Le PPP, partenariat public privé revient dans le débat grâce ou à cause de la demande de Gervais Martel de jouer quelques matchs au Stade Pierre Mauroy. Qui décide ? Eiffage, le constructeur-financeur du stade ? LMCU qui rembourse chaque année un loyer à Eiffage et deviendra propriétaire du stade au bout de 31 ans ? Le LOSC qui est locataire du Stade Pierre Mauroy ?

A l'occasion de ce débat, on a "appris" que la réponse était... le LOSC. Au nom d'une convention qui stipule que le club lillois doit être le seul club résident dans ce stade. Il peut toutefois éventuellement donner son accord à un autre club. Mais Martine Aubry, présidente de LMCU, n'a pas le pouvoir de lui imposer quoi que ce soit. "C'est à Michel Seydoux qu'appartient la décision sur le plan juridique", a confirmé Martine Aubry. 

Une situation qui n'est pas nouvelle donc mais qui fait débat et remet sur la table l'épineuse -et très "politique"- question du PPP comme le montre ce tweet d'Eric Quiquet, vice-président de LMCU (EELV).

L'élu EELV a précisé ce tweet dans un communiqué : "Michel Seydoux est et restera un grand président du LOSC. Il a fait grandir le club (...) Mais la décision de faire jouer l'autre grand club régional dans une enceinte payée par l'argent public dépasse très largement la responsabilité d'un président de club de foot. c'est une décision aux dimensions éminemment politiques. Ce choix qui n'a rien de sportif met sur la table la relation entre la métropole et le bassin minier distants de 35 kms, les rapports entre leurs habitants et leurs acteurs économiques et politiques. Ce choix pose la question de la solidarité régionale et de la mutualisation d'un outil payé par le contribuable. Nous savons que la philantropie n'est pas la valeur la mieux partagée dans le monde du football. ce n'est finalement pas grave parce qu'il s'agit ici d'une question d'intérêt général et l'intérêt général c'est l'affaire du politique.(...) En ma qualité d'élu lillois, délu communautaire, je dis bienvenue au RC Lens au Stade Pierre Mauroy !"

Ajoutez à cela que l'Etat et le Conseil régional ont aussi financé une petite partie du stade Pierre Mauroy. Ce qui légitime, selon Daniel Percheron, une intervention politique : "La région a injecté 45 millions d'euros dans le Grand Stade et s’en félicite mais aussi 25 millions d'euros dans celui de Valenciennes, un modèle dans le genre. Le conseil régional a également tout fait pour sauver Bollaert, la cathédrale du football régional. (...) Les présidents des clubs régionaux doivent intégrer cette idée que l’effort commun doit profiter à tous."

3. Percheron-Martel contre Aubry-Seydoux ? 

Autre élément politique qui a forcément un rôle important dans cette affaire de stade : les relations personnelles et politiques qu'entretiennent Martine Aubry et Daniel Percheron ne sont pas au beau fixe. Daniel Percheron, fan du RC Lens, était présent aux voeux du club. Il est proche de Gervais Martel. Martine Aubry est évidemment plus proche de Michel Seydoux.

Quand il faut mettre de l'huile dans les rouages, cette "mésentente cordiale" entre les deux socialistes ne facilite pas forcément l'apaisement. "Je regrette profondément la décision de ne pas associer Lille et Lens", a ainsi affirmé mercredi le président socialiste du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Daniel Percheron. Pendant que Frédéric Paquet, directeur général adjoint du club affirmait à propos de Martine Aubry : "Elle nous soutient totalement. Elle a appelé Michel Seydoux en disant qu’il pouvait relayer son propos sur le fait qu’elle soutenait sans ambigüité le positionnement du club.".

4. Les politiques s'en mêlent

L'ampleur prise par l'affaire, le popularité du football et la polémique sur les réseaux sociaux (et la proximité des municipales ?) ont incité d'autres politiques à s'en mêler. Le maire de Lens, Sylvain Robert a par exemple écrit à Martine Aubry : « J'ai constaté que Martine Aubry semblait avoir donné son aval à Michel Seydoux. Je lui ai donc adressé un courrier dans lequel je lui demande de la rencontrer afin d'évoquer le sujet. J'ai le sentiment que des solutions techniques sont possibles et que des remèdes sont possibles aussi. Je ne pense pas qu'il y ait un blocage de principe. Je m'accroche à cette idée. »

Fabien Roussel, secrétaire fédéral du PCF Nord et Olivier Henno, maire de Saint-André, ont aussi donné leur avis sur Twitter : 


5. Réunion de conciliation avec Valérie Létard ? 

Débat politique, affaire politique, solution politique ? Hier jeudi, Valérie Létard, a pris la parole via un communiqué. Valenciennes Métropole, dont elle est présidente, possède le Stade du Hainaut et pourrait donc accepter de recevoir Lens contre l'avis du président du VAFC qui lui ne veut pas "être la poubelle du Nord pas-de-Calais"

L'élue UDI veut jouer les médiatrices et a proposé à tous les acteurs du dossier de se mettre autour de la table pour une sorte de "Grenelle" du stade. "Il me semble qu’aucun stade, aucun club, ni aucune collectivité ne peuvent assurer à eux seuls l’accueil de l’ensemble des matchs de Championnat et de Coupe du Racing Club de Lens. C’est pourquoi, une réunion de concertation pourrait être organisée en présence des Présidents des clubs, Messieurs Michel Seydoux, Jean-Raymond Legrand, Gervais Martel, Monsieur Daniel Percheron, Président du Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, Madame Martine Aubry, Présidente de LMCU, et moi-même, afin d’examiner toutes les questions liées à cette délocalisation et envisager les engagements que chacun pourrait apporter au nom de la solidarité régionale. Cette concertation devra s’engager dans un état d’esprit constructif et respectueux des intérêts des différents clubs, de leurs supporters et des collectivités concernées."

Les politiques vont-ils trouver une issue à ce dossier ? Vont-ils réussir là où les Legrand-Martel-Seydoux ont échoué ? On devrait vite le savoir. Gervais Martel estime que tout doit être bouclé pour "fin avril" au plus tard.
 

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