Le "tourisme de mémoire" dopé par le centenaire de la Première guerre mondiale

Le tourisme de "mémoire", qui attire chaque année des millions de visiteurs sur les anciens champs de bataille français des deux conflits mondiaux, devrait battre tous les records à l'occasion du centenaire de la Grande Guerre dont la Nord Pas-de-Calais fut l'un des principaux théâtres.

Sur le seul territoire français, les lieux des grandes batailles, les très nombreux cimetières militaires et monuments commémoratifs, et les musées dédiés à ces événements tragiques attirent en temps normal chaque année une vingtaine de millions de visiteurs, dont six à sept millions pour les seuls sites payants, selon les estimations des responsables touristiques français. Parmi eux, quelque 45% viennent de pays étrangers, Royaume-Uni, Allemagne et Belgique en tête, selon une étude sur le "tourisme de mémoire" publiée en 2013 par l'agence officielle de développement touristique "Atout France". Avec à la clef des centaines de millions d'euros de retombées économiques pour les nombreuses régions françaises concernées, dont le Nord Pas-de-Calais

Le chiffre d'affaires annuel des sites historiques payants -20% du total-- est modeste: 45 millions d'euros, selon Atout France. Mais les dépenses annexes des "touristes de mémoire", notamment des étrangers qui passent généralement plusieurs jours sur place, représentent des centaines de millions d'euros.

Pic de fréquentation prévu en 2016 et 2017

Le centenaire de la première guerre mondiale devrait provoquer un afflux touristique sans précédent sur les centaines de sites disséminés le long de l'ancienne ligne de front, qui a couru pendant près de quatre ans entre la mer du Nord et les Vosges. Le nombre des visiteurs étrangers devrait culminer en 2016 et 2017, à l'occasion du centenaire de plusieurs batailles emblématiques pour les pays du Commonwealth: notamment celle de la Somme, la plus meurtrière de toute la guerre, où la majorité des victimes furent britanniques et allemandes.

Auparavant, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont prévu de donner un lustre particulier à leur cérémonie commune annuelle du 25 avril 2015 (ANZAC Day) à Villers-Bretonneux (Somme), tandis que le Canada commémorera avec éclat le 4 avril 2017 le sacrifice de ses soldats pour la conquête de la crête de Vimy (Pas-de-Calais), les Néo-Zélandais devant ensuite célébrer à part la libération du Quesnoy (Nord) en novembre 2018.

3 millions de visiteurs supplémentaires dans le nord de la France ?

Autant de commémorations exceptionnelles qui devraient attirer dans le nord de la France quelque trois millions de visiteurs supplémentaires venus du Royaume-Uni et de ses anciens dominions (Afrique du Sud, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande et Terre-Neuve), selon les estimations de la presse britannique.  La Belgique -où le front s'étendait sur 30 km- devrait également bénéficier de cette vague mémorielle. Le Mémorial de Passchendaele (ou Passendale), en Flandre occidentale, a été rénové et de nombreux événements, y compris un concert pour la paix, ont été organisés. Le centenaire du conflit devrait aussi doper la fréquentation des autres grands sites français, comme Verdun - qui attire déjà en temps normal 300.000 visiteurs par an -, le Chemin des Dames (Aisne) ou la nécropole de Notre Dame de Lorette (Pas-de-Calais)

L'Historial de la Première guerre mondiale de Péronne (Somme), où passent chaque année en moyenne 70.000 visiteurs, se prépare de son côté à une affluence sans précédent. Ce musée de référence pour la Grande Guerre, qui rouvre le 1er mars après des travaux de rénovation, a déjà pour 2014 un nombre de réservations de groupes exceptionnel, avec ainsi jusqu'à un millier de Britanniques -20 autocars- attendus sur une seule journée, selon Anne-Lise Monchecourt, chargée de communication de l'Historial.

Outre la remise en état des sites ou l'extension des musées, le gouvernement et les régions et départements concernés ont pris des dispositions concertées -1.200 projets ont reçu le label officiel "Centenaire de la Première guerre mondiale"- afin que la France soit aussi prête que possible pour accueillir les visiteurs du centenaire.
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