La mémoire du Nord Pas-de-Calais : la crête de Vimy et la bataille de 1917

Le 9 avril 1917, les soldats canadiens, appuyés par leur artillerie, reprennent à l'armée allemande la crête de Vimy qui surplombe le bassin minier du Nord Pas-de-Calais. Un gigantesque monument rappelle encore aujourd'hui cet épisode héroïque et décisif de la Première Guerre Mondiale.

Deux immenses colonnes de blocs de calcaire, hautes de 30 mètres, surplombent depuis 1936 la crête de Vimy, une colline située à quelques kilomètres au sud de Lens, dans le Pas-de-Calais. Il s'agit du Monument commémoratif du Canada qui rend hommage aux 66 000 soldats canadiens tués pendant la Première Guerre Mondiale, dont 3 600 lors de la seule bataille de Vimy, entre le 9 et le 12 avril 1917. Un combat décisif qui permit aux forces de l'Entente de reprendre à l'armée allemande une position stratégique majeure.

L'immense parc d'une centaine d'hectares qui entoure le Monument canadien a été donné au Canada par la France en 1922. Outre les cimetières militaires, il abrite de nombreux vestiges des combats : les tranchées notamment et d'innombrables impacts laissés par les obus qui témoignent de l'intensité et de la violence des combats.

Reportage de Yann Fossurier et Sébastien Gurak.

Pourquoi la bataille de Vimy ?

Il suffit aujourd'hui de se rendre sur les lieux pour comprendre l'importance stratégique de la crête de Vimy. Cette position surplombe toute la plaine de Douai et les anciennes mines de charbon dont on aperçoit encore aujourd'hui les terrils. Les Allemands se sont emparés très tôt de cette butte, dès octobre 1914, deux mois à peine après le déclenchement des hostilités. L'armée du Reich pouvait protéger ainsi son approvisionnement en charbon.

Français et Britanniques ont bien tenté de reprendre Vimy mais ils s'y sont régulièrement cassés les dents. Le 9 mai 1915, la "Division marocaine" - composés entre autres de  soldats marocains, algériens et tunisiens - est parvenue à prendre la crête. Mais faute de munitions et de renforts, elle a du se replier et rendre la position à l'ennemi. 

En avril 1917, plus de 200 000 soldats sont déjà tombés en tentant de déloger les troupes allemandes de la cote 145 de Vimy, surnommée la "butte de la mort". Les Allemands ont transformé la position en forteresse imprenable, protégée par trois lignes de tranchées et un réseau souterrain miné. 

Le renfort décisif des troupes canadiennes 

Lors du déclenchement de la Première Guerre Mondiale, le Canada est encore un "Dominion" rattaché à l'Empire britannique disposant d'une relative autonomie (il ne deviendra pleinement indépendant qu'en 1931). Les premières troupes canadiennes envoyées sur le front sont composées de soldats volontaires mais la conscription finit par être décrétée en 1917, non sans provoquer quelques remous au sein de la population, notamment dans la province francophone du Québec.

En avril 1917, 170 000 soldats canadiens sont mobilisés pour lancer l'assaut sur Vimy, sous le commandement d'un général britannique, Julian Byng. Celui-ci a entrepris de renforcer considérablement les lignes d'artillerie avant d'engager ses hommes dans la bataille. "Imaginez quand même qu'il y avait plus de 45 000 artilleurs sur les 7 kilomètres du front de Vimy", rappelle Michel Kreutz, le secrétaire de l'association des Amis du Monument canadien. "907 canons ont été installés : un canon lourd tous les 20 mètres et un canon de campagne tous les 10 mètres. A partir de 20 mars 1917, la moitié de ces canons ont commencé à ouvrir le feu sur les lignes allemandes, afin de neutraliser les éléments importants. Puis entre le 2 et le 9 avril, tous les éléments de l'artillerie canadienne sont entrés en action. Les Allemands ont appelé ça "la semaine de la souffrance". Près d'un million d'obus ont été tirés sur leurs positions".

Ce déluge de feu a permis aux soldats canadiens de lancer l'assaut décisif, conclu victorieusement.

Quel a été l'impact de cette victoire ?

Si près de 3 600 Canadiens ont perdu la vie en prenant la crête de Vimy, les pertes allemandes ont été bien plus lourdes : au moins 20 000 morts et 4 000 prisonniers. Leurs lignes reculeront de 10 km après cet assaut.

Vimy constitue la première victoire militaire du Canada. Là-bas, on dit même que le sentiment national canadien est né lors de cette bataille. Le Monument canadien de Vimy figure d'ailleurs actuellement sur les billets de banque de 20 dollars. Aujourd'hui encore, des jeunes Canadiens viennent régulièrement passer 4 mois dans le Pas-de-Calais pour servir de guides sur le mémorial.   
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