La mairie de Calais (Pas-de-Calais) a justifié vendredi devant le tribunal administratif de Lille sa demande d'expulsion du principal campement de migrants de la ville par des questions de salubrité et d'ordre public.
La mairie de Calais a saisi jeudi en fin d'après-midi en urgence le juge des référés. L'audience s'est tenue vendredi à 09H30. Le juge des référés a annoncé que si une ordonnance était prise, cela serait "très certainement dans la journée"
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"La situation sanitaire est critique", a souligné l'avocate de la municipalité Me Charlotte Hermary, évoquant notamment des problèmes d'hygiène et de déchets dans ce campement installé dans un centre de distribution de nourriture. La demande était appuyée par des lettres de riverains se plaignant de la situation. "Certains n'osent plus sortir de chez eux", a rapporté l'avocate. La défense de son côté a demandé d'une part le renvoi de l'affaire, quelques jours plus tard, afin de pouvoir assurer un procès équitable. Elle a d'autre part argumenté contre le caractère d'urgence de la procédure.
"Une expulsion sans délai de 300 personnes aurait des conséquences graves non seulement pour les migrants mais aussi les riverains", a avancé Me Ludivine Herdewyn qui parle d'une situation "actuellement stabilisée" dans le centre de distribution des repas. "On a des solutions qui sont en train d'être mises en place notamment par le préfet. Une expulsion ferait obstacle à ce plan d'urgence", a-t-elle ajouté. "Le tribunal regrette qu'on s'adresse à lui quand on ne sait pas gérer une situation ou qu'on ne parvient pas à s'entendre", a lancé le juge en fin d'audience. Sur la question des migrants "une décision d'un tribunal ne peut jamais être satisfaisante", a-t-il continué.
Le préfet du Pas-de-Calais avait appelé le 18 juin les migrants candidats au départ pour l'Angleterre à accepter un hébergement en France, annonçant notamment que les demandes d'asile seraient "traitées en urgence" par l'Ofpra (l'Office français de protection des réfugiés et apatrides). Selon les avocats de la défense vendredi, "50 à 60 personnes" qui vivent dans le campement sont "potentiellement intéressées" par ces propositions. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, suite à ces annonces, 115 migrants ont été reçus au total par l'Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration).