Les députés socialistes sont tombés d'accord mardi sur une nouvelle carte comprenant une fusion du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie. Et parmi les élus, il y a ceux qui applaudissent et les autres.
Censé démarrer mardi soir, l'examen du projet de loi ne débutera finalement que mercredi en fin d'après-midi. Plus de huit heures de discussion générale initiale étant prévues, le débat sur les amendements autour de cette carte ne devrait commencer que jeudi après-midi. Car cette carte fait des remous notamment chez nous.
Dans les personnalités politiques contre le projet , il y a Martine Aubry et Daniel Percheron. Martine Aubry, maire de Lille et, des responsables socialistes locaux ont "condamné" dans un communiqué "l'aberration économique et sociale" de la fusion du Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie, proposée par les députés PS en lieu et place de la fusion Picardie-Champagne-Ardenne, peu populaire. "On ne peut pas sans discussion et brutalement vouloir fusionner deux régions en grandes difficultés", ont plaidé ces élus.
Mais derrière l'argumentation économique, c'est la crainte de voir cette grande région basculer aux mains du Front national lors des prochaines régionales, reportées de mars à décembre 2015 par le projet de loi. Dans un entretien à La Voix du Nord, le président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Daniel Percheron, a mis les pieds dans le plat. "Les résultats des européennes montrent que cette éventuelle grande région serait âprement disputée par Marine Le Pen aux régionales l'an prochain. Le groupe socialiste (à l'Assemblée) a fait preuve d'un manque de lucidité assez étonnant", dénonce-t-il. Aux dernières européennes, le FN a fait 38,4% des voix en Picardie et 35,2% dans le Nord-Pas-de-Calais. Ils pensent que ce serait donné cette grande région au FN de Marine Le Pen. De même, les socialistes Bernard Roman et Rémi Pauvros se sont exprimés à l'encontre de la fusion avec la Picardie.
Du côté des pour, on retrouve le député-maire UMP du Touquet, Daniel Fasquelle. Il voit depuis le départ, un intérêt évident à ce que les frontières entre la Somme et le Pas-de-Calais s'estompent, particulièrement sur la Côte. Gérald Darmanin, député-maire UMP de Tourcoing, lui aussi se bat pour cette grande région, rejoint par la député européenne Tokia Saïfi. Et même à gauche, certains élus, comme Nicolas Bays, dénonçaient une carte "électoraliste", prônant les liens historiques et culturels entre le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie.
La position du FN
Si Eric Dillies, élu frontiste du conseil régional se montre enthousiaste face à cette fusion, qu'il reconnaît comme lui étant favorable. La position globale du FN est de dénoncer cette réforme. Florian Philippot a ainsi réaffirmé mercredi l'opposition du Front National à la réforme territoriale, une "landérisation" demandée selon lui par "Bruxelles", et prône la fin des régions comme "échelons à part entière.""Ils sont en train de jouer au puzzle ou aux ciseaux avec la carte de France avec comme arrière-pensée, pour Madame Royal, Madame Aubry: "où sera ma baronnie demain, je serai baronne de quoi? Quel score fera le Front National dans ces nouvelles régions?" Où est la réflexion sur l'intérêt de la France et des Français dans cette affaire-là ?", a dénoncé M. Philippot sur RMC et BFMTV, interrogé sur une éventuelle fusion des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie. "Nous considérons que le modèle républicain doit s'appliquer, c'est-à-dire le triptyque commune-département-Etat. Aux départements et aux communes la proximité, à l'Etat le stratégique", a estimé le député européen.