A Roubaix, le salon de coiffure pas comme les autres du Secours populaire

Quatre euros le shampoing-coupe brushing, 10 euros la coloration, 3 euros le soin du visage... Ouvert depuis septembre, du lundi au jeudi, l'endroit, avec ses deux fauteuils et ses deux bacs à shampoing, affiche complet pour les trois semaines à venir.

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"Une couleur, des mèches, une petite coupe, je fais tout !", lance joyeusement Lucette, 35 ans, en s'asseyant face au miroir, dans un ancien cabinet médical de Roubaix devenu l'"Espace bien-être et prévention santé" du Secours populaire.

"L'idée, c'est de permettre à une population défavorisée d'avoir accès à des prestations qu'elle ne peut pas s'offrir", explique Mélanie Truffin, éducatrice spécialisée, salariée du Secours populaire. Et en profiter pour la sensibiliser à l'importance de la santé.

"Ils sont souvent en mode survie au quotidien : leur priorité, c'est manger, se loger". "Prendre soin de soi, cela ne fait pas partie de leurs priorités", souligne-t-elle.

Les ciseaux d'Amélie Idekar, cheveux noirs de jais, maquillée avec soin, volettent autour du visage de Lucette. Juchée sur de jolies bottines rouges, la femme de 21 ans, licenciée économique d'une chaîne de coiffure, effectue un service civique pour le Secours populaire.

"Je veux travailler dans le social", explique-t-elle, assise sur un tabouret dans la petite pièce aux murs verts et blancs. "Ici, c'est plus familial que dans un
salon, plus zen d'esprit, les personnes sont beaucoup plus sympathiques".


Deux jours par semaine, Laura Uytterbroeck, 27 ans, qui élève seule son fils de 5 ans grâce au RSA, vient lui prêter main forte. Coiffeuse professionnelle, elle est au chômage depuis deux ans. "C'est mon métier, je me sens bien ici, je vois du monde, des gens", dit-elle.

"Lâcher prise"

Dans la pièce voisine, Sandrine, 41 ans, qui élève seule ses cinq enfants, en arrêt maladie depuis un an, est allongée sur une table de massage, les yeux fermés, au chaud sous une couverture polaire marron.

La musique est douce, la lumière tamisée. "La réflexologie, ça fait du bien", murmure Michèle Gest, 63 ans, en massant doucement les pieds de Sandrine, les mains enduites d'huile de sésame bio. La mère de famille acquiesce en silence. "J'ai l'impression que mon cerveau se vide", souffle-t-elle.
"Je leur demande d'oublier leurs soucis pendant une heure, de lâcher prise", raconte la praticienne. Enseignante retraitée, elle s'est formée à la réflexologie et a ouvert un cabinet à Villeneuve-d'Ascq (Nord).

"La santé et le bien-être ne doivent pas être réservés à une élite", affirme Michèle Gest qui vient pratiquer bénévolement chaque jeudi après-midi à Roubaix.
Dans son cabinet, la séance de réflexologie coûte 50 euros, là 5 euros.

Payer une participation, "même symbolique", aide à retrouver sa dignité, explique Mélanie Truffin. "Cela permet de ne plus être dans le don mais dans l'échange". 

Réservé aux bénéficiaires du Secours populaire - ils sont 10.000 à Roubaix et dans les environs -, l'"Espace bien-être et prévention santé" est discret. La
vitrine est masquée par un rideau, un autocollant bleu-blanc-rouge du Secours populaire apposé sur la boite aux lettres.

"On n'a pas cherché à être plus glamour", explique Mélanie Truffin : "Cela permet aux gens de comprendre que ce n'est pas un salon de coiffure et que quand la vie est devenue insupportable, on a le droit de venir prendre un moment pour soi".
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