Le professeur Patrick Berche, directeur général de l'institut Pasteur de Lille et spécialiste en microbiologie, estime que l'épidémie d'Ebola "va décliner", même si des résurgences "ne sont pas impossibles en Afrique". Entretien.
Début décembre l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé près de 16.000 personnes touchées par Ebola. Etes-vous inquiet ?
"Il est très difficile de prédire, mais on a un certain nombre d'arguments pour penser que Ebola va décliner (...) mais des résurgences ne sont pas impossibles en Afrique. Il convient toutefois de rappeler que le taux de mortalité de la grippe espagnole était de 2%. Celui d'Ebola est de près de 50%, ce qui en fait l'une des maladies infectieuses les plus mortelles que l'on connaisse".Quels sont ces signes qui vous poussent à l'optimisme ?
"C'est un virus qui ne se transmet pas par voie aérienne, qui ne se transmet qu'à partir de patients contagieux, l'incubation est courte, donc les malades sont très vite repérés. Et à partir de ce moment là, on les isole, ce qui bloque toute transmission du virus. C'est pour cela que l'épidémie est peu probable dans les pays qui ont un système de santé de bonne qualité et qui peuvent isoler correctement les patients pendant 21 jours".Mais les pays africains, et en particulier la Sierra Leone et le Liberia, peuvent-ils faire face ?
"Ils ont beaucoup de mal, la preuve en est le nombre de cas qui se sont propagés dans les centres urbains. Ces pays ont un système de santé assez déficient avec des difficultés pour la réanimation. Il faut absolument les aider et c'est ce que font Médecins sans frontières et beaucoup d'autres instances internationales. Les hôpitaux en particulier doivent être extrêmement protégés, sinon tout le monde y meurt : personnels médicaux, infirmières...On peut avoir par accident un ou quelques cas importés. Mais il faut rappeler qu'on a eu zéro cas d'Ebola importé en France. Il n'y a pas de risques épidémiques pour la France et pour les pays occidentaux en général".