Dans un courriel du 15 janvier révélé par La Voix du Nord, la directrice du Centre Hospitalier de Roubaix a interdit au personnel d'arborer un badge "Je suis Charlie", au nom du principe de neutralité de la fonction publique.
"Quelques salariés de l’établissement ont apposé sur leur blouse la phrase "Je suis Charlie". Je rappelle que la tenue professionnelle ne doit pas exprimer d’opinion personnelle, quelle qu’elle soit. Je vous remercie de bien vouloir respecter ce principe". Ce courriel, dévoilé par La Voix du Nord, a été adressé le 15 janvier au personnel du Centre Hospitalier de Roubaix par Marie-Christine Paul, la directrice de l'établissement.
La consigne a été peu appréciée par les personnels concernés, ajoute le quotidien nordiste, qui ne pensaient pas, à travers ce badge, exprimer une "opinion personnelle", mais prolonger, dans l'esprit, le message de solidarité porté par la grande manifestation parisienne du 11 janvier consécutive aux attentats meurtriers survenus à la rédaction de Charlie Hebdo et dans une épicerie casher de la capitale.
"Cela a suscité beaucoup de débats en interne, entre collègues mais aussi avec les patients", a confié à la Voix du Nord une infirmière. "Vue la forte population musulmane qui fréquente l’hôpital de Roubaix, et qui n’est pas forcément Charlie, je me dis que c’est peut-être une décision sage", estime de son côté un médecin. "Difficile d’entamer une relation de confiance en consultation en arborant ceci, si la personne en face pense le contraire".
Cette consigne a été transmise le 15 janvier, au lendemain de la parution du dernier numéro de Charlie Hebdo, avec une caricature de Mahomet en "une". Selon La Voix du Nord, elle ne concernerait que le CH de Roubaix et non l'ensemble des hôpitaux. Au CHR de Lille, le personnel n'a pas été sommé de retiré les badges "Je suis Charlie". "Moralement, nous condamnons cette initiative", a déclaré au quotidien nordiste Jacques Adamski, délégué CGT à l’hôpital de Roubaix. "On est pour le soutien à Charlie. (...) Après, sur la forme, on ne peut pas le contester, la direction a raison, puisque la loi interdit aux agents de la fonction publique, dans l’exercice de leurs fonctions, d’afficher une expression personnelle."