L'ancien commissaire de la PJ de Lille, Joël Specque, a réfuté la thèse d'un complot dirigé contre Dominique Strauss-Kahn, réaffirmant que le nom de l'ancien patron du FMI n'était pas apparu lors des écoutes administratives ayant précédé l'affaire du Carlton proprement dite.
Vous pouvez suivre le procès Carlton-DSK en direct minute par minute sur notre site ici."A aucun moment, le nom de Strauss-Kahn n'a été cité", a déclaré M. Specque, cité comme témoin au cours de la troisième journée du procès pour proxénétisme aggravé.
L'ex-policier a confirmé qu'il y avait eu à partir de juin 2010 "des interceptions de sécurité", c'est-à-dire des écoutes administratives. Le policier est parti à la retraite le 22 octobre 2010 alors que l'ouverture d'une information judiciaire concernant des faits de proxénétisme qui allait déboucher sur l'affaire du Carlton remonte au 2 février 2011.
Quant à la mise en examen de M. Strauss-Kahn, elle date de mars 2012. Interrogé sur les motivations qui ont conduit à la tenue de ces écoutes administratives, M. Specque a déclaré "qu'il pouvait y avoir des interceptions de sécurité dans le cadre de la prévention de la criminalité organisée".
"La loi nous permet de faire ces interceptions de sécurité, pourquoi s'en priver ?", a dit l'ancien commissaire, âgé de 64 ans. Dans son ouvrage "Vrai Flic" qui retrace sa carrière, M. Specque avait déjà écrit que le nom de DSK, qui doit comparaître la semaine prochaine, n'avait pas été entendu lors de ces écoutes. "Ce n'est qu'après mon départ, à l'ouverture de l'information judiciaire et la démultiplication des écoutes, que la présence de DSK et l'implication d'un réseau en partie franc-maçon seront mis à jour".
"J'ai lu plusieurs articles où l'on reprenait cette thèse du complot, ou d'instrumentalisation de la police pour faire tomber M. Strauss-Kahn, mais je n'ai jamais entendu parler de Strauss-Kahn (lors des écoutes ndlr). Je l'ai entendu dans la presse ensuite", a-t-il redit à la barre.
Les avocats des prévenus ont eux de nouveau regretté que les écoutes administratives ne soient pas connues de la défense. "On ouvre une enquête préliminaire sans parler des écoutes (...) Et s'il y avait dans vos écoutes des éléments utiles à notre défense?", s'est interrogé Me Henri Leclerc, un des conseils de Dominique Strauss-Kahn.
Lundi, lors de l'ouverture du procès, plusieurs avocats des 14 prévenus avaient défendu à la barre une requête en nullité, invoquant une enquête "officieuse", qui avait commencé avant le début de l'information judiciaire, et à laquelle la défense n'avait pas eu accès.
Le tribunal avait décidé de joindre au fond sa décision sur ce point, qui sera donc connue lors du jugement.