La maire de Lille, Martine Aubry, a réuni mardi soir à l'Assemblée nationale ses soutiens parlementaires, ainsi que des élus locaux, pour faire le point après les départementales et avant le dépôt des motions en vue du congrès du PS, en juin à Poitiers.
La réunion, où étaient présentes une centaine de personnes, a duré deux heures environ et s'est achevée aux alentours de 20H30. "Personne ne s'exprimera à l'issue de la réunion. C'est un moment important et cela nécessite de garder pour nous nos débats internes", a déclaré dans la soirée
à l'AFP François Lamy, député PS et ancien ministre de la Ville.
Il s'agissait lors de cette réunion de "tirer les conséquences politiques des élections départementales qui modifient fortement le paysage politique français
et qui donnent une responsabilité à tous les socialistes pour chercher des solutions", avait expliqué un peu plus tôt dans la journée un député PS.
Des "signaux"
"Les différents scénarios seront évoqués", avait ajouté cette source sans autres précisions, alors qu'on l'interrogeait sur l'éventualité du dépôt d'une motiondes "aubrystes" en prévision du congrès du PS, du 5 au 7 juin à Poitiers. Ces motions, textes programmatiques des différents courants du PS, devront être
déposées le 11 avril au plus tard, où elles seront entérinées par le Conseil national, le "parlement" du Parti Socialiste.
"Il y a des exigences dans notre contribution (texte préparatoire aux "motions") et (nous voulons) peser les signaux et les réponses, pas que de Jean-Christophe Cambadélis. Mais les signaux aujourd'hui, on les veut à la fois du président de la République et évidemment du Premier ministre", avait indiqué l'ancien maire PS de Toulouse, Pierre Cohen, à des journalistes, en arrivant à l'Assemblée nationale.
Une motion
"Si on n'a pas les réponses, on est déterminés pour avoir une motion", a-t-il assuré. Pierre Cohen a rappelé "quelques lignes fortes" développées dans la contribution de Martine Aubry, intitulée "Pour réussir", comme sur la différentiation des aides aux entreprises. "Nous avons une dizaine de propositions",a-t-il rappelé.
Cette réunion à l'Assemblée nationale aura "deux temps", la prochaine étant programmée pour mardi prochain, de façon à "pouvoir décider définitivement" au sujet de l'éventualité du dépôt d'une motion (distincte de celle de M. Cambadélis, qui se veut majoritaire), a indiqué aussi l'ancien maire de Toulouse.
Martine Aubry, ancienne première secrétaire du PS, ne cache pas ses réserves vis-à-vis de plusieurs aspects de la politique du gouvernement. Son positionnement en prévision du congrès du PS est attendu avec intérêt aussi bien au siège du PS, qu'au gouvernement et à l'Elysée.
Martine Aubry a été reçue la semaine dernière, avec l'ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, à déjeuner par François Hollande. Presqu'au même moment se tenait la réunion du courant de Benoît Hamon, "Un monde d'avance" (aile gauche). "Il a été dit que les résultats des départementales marquaient
un désaveu clair et net de la politique gouvernementale", a affirmé à l'AFP l'un des animateurs, l'eurodéputé Guillaume Balas.
Pour le congrès, l'objectif du courant est de "construire une grosse motion" en face de celle de M.Cambadélis, "rassemblant l'autre courant de l'aile gauche ("Maintenant la gauche"), les frondeurs, les amis d'Arnaud Montebourg", a-t-il dit. Et Martine Aubry ? "on pense qu'elle doit prendre ses responsabilités",
a-t-il estimé. Quand au Bureau national du PS, qui a porté sur l'analyse des départementales, il y a eu "une ambiance de débats, sans outrance", selon lui.