Le juge antiterroriste Marc Trevidic, chargé de nombreux dossiers sensibles, quittera prochainement ses fonctions, atteint par une limite de durée dans un même poste, a-t-il annoncé à plusieurs médias.
"Une loi précise que personne ne peut rester plus de dix ans d'affilée dans une fonction spécialisée. Il n'y a donc pas grand-chose à dire (...) Il fallait donc
que je parte fin mai 2016", indique-t-il à l'Obs. Les changements d'affectation dans la magistrature ayant lieu deux fois l'an, le magistrat a demandé sa mutation à Lille comme premier vice-président du tribunal de grande instance, qui a été acceptée selon une liste rendue publique fin mars par le ministère de la justice. Cette nomination doit encore être confirmée par le Conseil supérieur de la magistrature.
A la Voix du Nord, le juge a indiqué être "ravi d'arriver dans un ressort important et de replonger dans le quotidien de la justice". Toutefois, "je pense que dans quelques temps j'aurai le blues de l'antiterrorisme", a-t-il dit à France Info. "Là je suis un peu à saturation donc j'essaie de voir le bon côté des choses en me disant que pendant au moins quelque temps je vais faire autre chose, me changer les idées et me remotiver pour le futur. Je n'ai pas dit adieu à l'antiterrorisme, il n'est pas dit que je ne reviendrais pas dans deux ou trois ans. Mais je ne veux même pas me mettre dans la tête l'idée que j'ai
des regrets, ça ne sert à rien les regrets, c'est la loi, il faut l'appliquer," a-t-il encore déclaré à France Info.
"Je n'ai pas dit adieu à l'antiterrorisme"
Il a toutefois estimé que sur des dossiers aussi spécialisés, "quand on arrive on ne connaît pas la matière (et) il faut trois ou quatre ans pour être efficace.La loi a été faite aussi pour pouvoir se débarrasser de juges inamovibles qui ne seraient pas à leur place, c'est le problème de la loi, vous vous débarrassez des bons comme des mauvais au bout de 10 ans".
Figure emblématique du pôle antiterroriste du parquet de Paris, spécialiste des réseaux jihadistes, il aussi notamment été chargé d'instruire des affaires comme celle des moines de Tibéhirine tués en 1996 en Algérie, l'attentat de Karachi en 2002 ou celui de la rue des Rosiers en 1982, pour lequel il a lancé début mars des mandats d'arrêt internationaux contre trois suspects. Il était également chargé de l'enquête sur l'attentat contre l'avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, dont les pilotes étaient français, considéré comme le signal déclencheur du génocide de 1994.