La plateforme de signalement au jihad a recensé 3.670 cas de radicalisation islamiste, a annoncé mardi le préfet Pierre N'Gahane, secrétaire général du comité interministériel de prévention de la délinquance, près d'un an après la mise en place d'un numéro vert.
"Entre les signalements faits à la plateforme téléphonique et ceux faits en proximité, ce volume représente 3.670 signalements à la date d'aujourd'hui", a dit M. N'Gahane, avec environ un quart des signalements concernant des mineurs et un tiers des personnes de sexe féminin.
M. N'Gahane s'exprimait dans le cadre du colloque "Prévention de la radicalisation: les réponses de la République", organisé à Roubaix à l'École nationale de protection judiciaire de la jeunesse (ENPJJ) et ouvert à la presse.
De plus en plus de femmes
Autre tendance, le nombre de femmes françaises ou ressortissantes françaises en voie de radicalisation et possibles candidates au jihad sur le front irako-syrien, selon Bernard Castanet, commandant de l'unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat). "Il y a une implication importante des femmes et c'est un phénomène nouveau par son ampleur", a-t-il dit lors de sa conférence, sans détailler cette tendance.La lecture de ces chiffres de la prévention de la radicalisation montre également "un taux relativement important" de convertis "autour de 40%", "qui ne sont pas issus d'une famille de culture arabo-musulmane", selon M. N'Gahane.
434 Français en Irak et en Syrie
Près de 60% des signalements, qui peuvent être anonymes, viennent des membres de la famille, avec une forte proportion de parents du premier degré (père et mère). "Mais il y a aussi des coups de téléphone de gens de l'éducation nationale ou des avocats, pour signaler le cas de leur client", a souligné M. Castanet. "Les gens ont pris conscience du danger pour la communauté mais aussi pour l'individu de sombrer dans cette idéologie et ce comportement", a-t-il ajouté.Le commandant de l'Uclat a aussi précisé qu'il existait actuellement 434 Français ou ressortissants français présents sur le front irako-syrien "formellement identifiés". M. Castanet a souligné que les Français séduits par le jihad étaient souvent attirés par une propagande "extrêmement efficace sur internet", avec des vidéos dignes "de blockbuster américains", faites de prises de vue réalisées par des drones ou des "effets à la Matrix".
"Mais les cas de radicalisation se font aussi beaucoup par mimétisme. Le cas de Lunel, c'est du jihad entre copains, il n'y a pas forcément d'élément déclencheur par internet", a-t-il souligné, en référence à la petite ville de l'Hérault d'où sont partis plus d'une dizaine de jeunes gens pour la Syrie.
Lundi, Manuel Valls a révélé que sept Français ou résidents français, dont six convertis, sont morts en commettant des attentats suicide en Irak et en Syrie,
en défendant le texte du projet de loi sur le renseignement à l'Assemblée nationale.