Alors que la CARSAT Nord-Picardie n'arrive plus à verser les pensions de milliers de nouveaux retraités, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger demande au gouvernement "des mesures structurelles", car le problème, selon lui, pourrait s'aggraver en France.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a exigé vendredi 17 avril qu'"on verse enfin" leurs pensions aux milliers de nouveaux retraités victimes de retards de paiement, jugeant insuffisant le plan d'urgence du gouvernement.
"Ce que nous demandons aujourd'hui, c'est (...) surtout qu'on verse enfin les retraites aux gens", y compris les pensions de réversion, a déclaré Laurent Berger devant la Caisse nationale d'Assurance vieillesse (Cnav) à Paris (XIXe arrondissement).
Une quarantaine de personnes étaient présentes à l'appel de la CFDT pour contester les retards observés depuis plusieurs mois dans le Nord-Pas-de-Calais, en Picardie et dans le Languedoc-Roussillon.
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"Nous demandons que les personnes qui souffrent de cette situation aujourd'hui ne soient pas pénalisées, que les frais inhérents au non versement de cette retraite soient aussi pris en charge", a-t-il poursuivi, en référence notamment aux possibles emprunts contractés par les retraités en difficulté financière.
Les mesures d'urgence ne seraient pas suffisantes
La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, a lancé fin 2014 un plan d'urgence pour accélérer le traitement de ces dossiers, passés de 12.200 fin novembre à 3.600 fin mars (2.200 dans le Nord-Picardie et 1.400 dans le Languedoc-Roussillon).
Aide exceptionnelle de 800 euros, embauche de CDD supplémentaires dans les Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) concernées ou encore transferts de dossiers dans d'autres caisses font ainsi partie des mesures mises en oeuvre.
"Il faut tenir compte de l'évolution de la population et arrêter d'avoir une logique simplement budgétaire"
Mais pour M. Berger, ce plan, décidé uniquement pour les trois zones en tension, "n'est pas suffisant", toutes les autres régions pouvant "potentiellement être concernées" par ces retards liés à l'arrivée massive des papy-boomers à la retraite et à la complexité des dossiers, dues à des carrières de plus en plus morcelées.
"Il faut tenir compte de l'évolution de la population et arrêter d'avoir une logique simplement budgétaire", a-t-il déclaré, réclamant du personnel supplémentaire dans les Carsat.
Une "prise de conscience claire" du gouvernement
Une délégation CFDT a été reçue en fin d'après-midi par le ministère des Affaires sociales. A cette occasion, le syndicat a obtenu "la garantie" que les mesures d'urgences seraient prolongées "tant qu'il n'y aura pas de retour à la normale", a indiqué Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale.
La CFDT attend désormais des "annonces structurelles" en mai de la part de Mme Touraine, qui se verra alors remettre un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le sujet, a précisé Mme Cabanal, faisant état d'une "écoute
attentive" et d'une "prise de conscience claire" du gouvernement.
Auparavant, une autre délégation avait rencontré le directeur de la Cnav, Pierre Mayeur. Sans être "totalement rassurée", Mme Cabanal s'était réjouie d'avoir obtenu la "généralisation des liquidations provisoires" qui permettent, lors des pics d'activité, de verser une pension à un retraité sans calculer ses droits dans le détail pour un réajustement ultérieur.