Nous sommes à 30 kilomètres de Lille. En 1915, ici, la ligne de front est une sorte de dentelle sinueuse, complexe.
Depuis le printemps, le maréchal Joffre a demandé aux Britanniques de l’aider dans sa grande offensive de l’Artois. Mais la First Army du général Haig vient de vivre deux désastres successifs à Neuve-Chapelle et Aubers. Pourtant, Haig décide de lancer un nouvel assaut. Sans plus de succès.
Pour cette troisième attaque, les Britanniques décident de changer de stratégie. Haig estime que les échecs précédents sont dus à une trop courte préparation d’artillerie. Il va donc faire comme les Français : déverser des tonnes d’obus sur les lignes ennemies avant la bataille. Le 13 mai, c’est un déluge de feu qui s’abat sur les Allemands. Sur un front de 5 kilomètres, pendant 3 jours, plus de 400 canons tirent 100 000 obus.
Deux jours plus tard, deux divisions d’infanterie lancent l’offensive. En face, les Allemands reculent et fixent leurs positions, ici,à Festubert. Le 18 mai, sous une pluie torrentielle, un nouvel assaut se heurte à l’arrivée des renforts allemands. Cette fois, ce sont les unités canadiennes qui sont engagées, elles sont cueillies par la puissance du feu ennemie. Mais ici, à Festubert, les Allemands ont l’avantage du terrain, ils ont pu observer les préparatifs des Britanniques. Des Britanniques qui s’avancent sans réelle reconnaissance. Le bilan va être terrible….
En 12 jours, la First Army du général Haig a perdu près de 17 000 hommes et progressé d’à peine un kilomètre… A Londres, ce nouvel échec va faire grand bruit. French, le commandant en chef de l’armée britannique critique la qualité des obus et le manque de munitions. Conséquence : le gouvernement doit laisser la place à un cabinet de coalition dans lequel figure pour la première fois un ministre des Munitions.